Pourquoi pas ?
« Se fier à vous ? Plutôt vous pendre ! À chaque minute vous changez d’idée : vous trouvez noble celui que vous haïssiez tout à l’heure, infâme celui que vous couronniez. Qu’y a-t-il ? Pourquoi, dans les rues de la cité, criez-vous contre ce vil sénat ? »
Toujours des manifs sans lendemains, des grèves sans suites et des mouvements qui n’ont d’autres buts que de calmer tes désirs ardents d’un monde de liberté illimitée. Tu préfères la routine des révoltes qui n’en sont pas et des luttes perdues d’avance, le maintien de cet ordre qui t’opprime contre la joie de la rébellion.
Les partis, les syndicats, de gauche comme de droite te baladent allègrement au gré des réformes que les nécessités du capitalisme, poussent l’État à imposer. Chaque fois c’est la même mascarade, on sort le temps de dépoussiérer les drapeaux et puis chacun retourne aussi sec à la normalité produire ce monde qui te détruit à petit feu. À quoi bon défendre les quelques miettes que l’État et les patrons daignent te lâcher quand demain tu retourneras quémander la tête basse le droit de travailler pour eux.
La crise qui justifie la précarité et toutes les soumissions même les plus viles, pour le bien-être d’une économie qui te détruit et ne profite qu’à une minorité d’exploiteurs ; est le mode de gestion normal d’un ordre qui cherche à faire de ce monde un vaste supermarché. La restructuration du monde du travail de ces dernières décennies dont les politiques actuelles ne sont que la continuation, sont en train d’achever de faire de l’entreprise un espace organisé de manière à ce que toute révolte soit impossible. Que ce soit la mise en concurrence des salariés entre eux à l’intérieur d’une même entreprise, par le biais de la sous traitance ou à l’international, la présence accrue de petit-chefs pour tout surveiller, ou l’impression de liberté dans l’organisation du travail qui masque mal l’intériorisation de la contrainte. Ceux qui refusent de se soumettre à cela sont rejetés dans l’isolement, la précarité et enfermés quand ils décident d’explorer d’autres voies pour subvenir à leurs besoins.
Nous sommes de ceux qui ne supportent plus cet état de fait, de ceux qui gardent l’espoir de bâtir une société libre et horizontale, nous ne voulons plus attendre pour agir. Nous pensons qu’il est temps de déserter le jeu de la contestation organisée, et des défouloirs militants pour pouvoir enfin attaquer le pouvoir et ses structures. Ce ne sont pas les masses qui délèguent leur pouvoir à quelque intelligentsia politique ou syndicale chargées de les représenter qui peuvent espérer changer quelque-chose, mais des individus révoltés et agissant par eux-mêmes sans aucune médiation, avec pour contraintes les limites de leur imagination et la nécessité de ne pas agir selon des moyens incompatibles avec leur désir d’une liberté démesurée.
Nous proposons sur trois thèmes des points de vues qui nous semblent propices à alimenter le feu de la révolte, sans pour autant les porter comme un programme ou un ensemble de vérités univoques et indiscutable. Ils n’ont de valeur et d’intérêt qu’en tant que points de départ possibles pour l’action.
La précarité :
Nul ne le contestera, la restructuration continue du capitalisme a un effet direct sur les conditions de vie de chacun. La précarité se développe, les acquis sociaux, ces miettes arrachées au patronat en échange de la soumission te sont petit à petit retirées ; et les conditions de travail du fait de la mise en concurrence mondiale des salariés organisée par les capitalistes, sont de plus en plus rudes et incertaines. Face à cette situation qui dans un pays « développé » comme la fRance laisse entrevoir pour beaucoup les affres du déclassement deux issues sont possibles.
Ou se battre pour conserver ses privilèges (l’illusion d’abondance et d’une vie de loisir bâtie sur l’exploitation des ressources et de la force du travail du tiers monde), c’est-à-dire ceux de sa catégorie sociale, de sa profession ou de son entreprise. Le faire contre ceux qui n’en bénéficient pas et rentrer ainsi dans une logique d’exclusion qui contient en puissance toutes les dérives fascistes. On monte ainsi les salariés contre les chômeurs, les Français contre les étrangers… Il y a toujours un plus pauvre à écraser pour avoir une plus grosse part des miettes. Lutter contre le déclassement c’est rentrer dans une logique de cannibalisme social et faire le jeu de ceux nous exploitent.
Ou alors constater l’uniformisation de la condition des exclus du capitalisme, tant sur le plan économique que sur celui du contrôle. Le sans papier traqué et obligé de vivre clandestinement, les jeunes issus de l’immigration contrôlés en permanence au nom de la lutte contre le terrorisme, le chômeur en fin de droit expulsé de son logement car il ne peut plus en payer le loyer… En partant de cela on peut alors envisager la possibilité d’une révolte commune contre les hiérarchies et les séparations qui organisent la misère, et envisager d’en finir avec cette dernière.
L’environnement :
La colonisation marchande du monde par le capitalisme aspire, à faire de chaque parcelle de cette planète, de chaque chose, une marchandise. Tout ce qui n’a pas de prix n’existe pas.
Il apparaît pourtant de plus en plus évident que les conséquences de cette colonisation, se font sentir chaque jour un peu plus pour chacun, à travers la pollution, la marchandisation de l’espace, la dégradation de la qualité de l’alimentation et l’urbanisme sécuritaire. La ville laisse transparaître l’hypertrophie d’un système qui pour accroître ses profits va jusqu’à hiérarchiser et normaliser la nature pour en faire une machine sans vie où plus rien d’imprévu ne peut arriver. Pour nous c’est la certitude d’une vie sans aventure passée à produire ce qui nous empêche de vivre.
Cette mort à petit feu, à laquelle nous sommes condamnés par la dégradation et l’organisation marchande de notre environnement sont aussi produite par chacun d’entre nous, par tout ceux qui se lèvent tous les jours pour aller travailler, pour faire leurs courses ou payer leurs impôts. Il faudrait peut-être s’arrêter un instant, reconsidérer ce que chacun contribue par ses actes à produire tant comme marchandise, que comme contrainte. Cesser de défendre à tout prix son emploi quand il implique de produire des nuisances, des services débiles et aliénants, l’aménagement et le contrôle de nos espaces de vie ; et s’en aller faire autre chose de réellement enrichissant pour soi-même et non de nuisible pour tous.
Opposer la qualité de vie au chantage salarié de la survie, et agir avant que les écosystèmes aient atteint du fait de l’activité humaine un point de non-retour fatal à l’espèce tout entière et surtout à chacun d’entre nous.
La sécurité :
La sécurité se présente comme un problème majeur dans la bouche de ceux qui nous gouvernent. Pas un jour sans son lot de faits-divers sanglants qui rappellent à chacun combien la police, la justice et les prisons sont nécessaires pour assurer le bien être de tous. Et que car il a peur, l’État veille au grain et lutte contre l’insécurité. La sécurité serait le premier des droits de l’homme, elle vaudrait bien qu’on lui sacrifie toutes les libertés. Fichage, surveillance des communications, occupation policière et militaire des lieux publics, vidéosurveillance, contrôles dans les transports, dans la rue, au supermarché ou au volant ; les manifestations de l’ordre sécuritaire s’imposent quotidiennement dans la vie de chacun, et plus particulièrement aux plus pauvres à tous ceux qui du fait de leurs conditions de vies seraient tentés d’enfreindre la loi pour subvenir à leurs besoins ou pour lutter.
« Je n’ai rien à me reprocher, cela ne me concerne pas » dit le brave citoyen, oubliant que derrière ce contrôle qui ne s’applique qu’aux « Autres » aujourd’hui, c’est l’outil de la répression qu’il subira demain qui se construit. Il a oublié qu’un type moins con que lui disait en son temps, « ce n’est pas du bruit des bottes que nous devrions avoir peur mais du silence des pantoufles », souffrant de voir ses contemporains se soumettre sans broncher à ce contrôle « pour leur bien » quand lui, lucide voyait s’évaporer sa liberté et les possibilités de révolte.
L’industrie sécuritaire, en outre d’être un business fructueux qui se paye sur tes impôts ; est aussi une logique qui tend à l’infantilisation de chacun devant l’autorité de l’État. Au nom de la sécurité et pour un monde réglé comme une horloge où plus rien d’imprévu ne doit advenir, tu dois renoncer à toute forme d’autonomie, réprimer toi-même ton individualité et accepter l’ordre en place ou alors tu seras traqué, enfermé, soumis, rééduqué, exclu et annihilé.
« Misérable ! Qu’a besoin le peuple de ces chauves tribuns ? C’est dans une rébellion, où la nécessité, et non l’équité, fit loi, qu’ils ont été élus. À une heure plus propice, déclarons nécessaire ce qui est équitable, et renversons leur pouvoir dans la poussière. »
Parce que ce monde est devenu une prison à ciel ouvert, et si ta soif de liberté est démesurée. Il ne te reste qu’une option possible : la révolte. Face à une tâche d’une telle ampleur et d’une non moindre importance, se pose la question « que faire ? »
Il n’y a pas de réponse toute faite dictée par une doctrine qui s’impose. Il est possible pour chacun de trouver dans sa vie quotidienne, des besoins, des désirs qui valent le coup de se mettre en lutte. Et de penser les moyens, de cette révolte en fonction de sa situation particulière tout en gardant à l’esprit la nécessité d’avancer sans reproduire la domination et les structures hiérarchisées de ce monde.
Il ne suffit pas de de se grouper ou d’agir ponctuellement pour en finir avec l’ordre. Si on aspire à faire s’effondrer ce monde, encore faut-il se transformer soi-même et cesser d’être un rouage de ce monde.
Il convient à chacun d’imaginer ses propres moyens de lutte et de les réaliser individuellement ou collectivement. Du sabotage à la grève sauvage, du squat à la propagande écrite ou l’émeute… Ce que craignent ceux qui nous gouvernent c’est d’être débordés. Ce qui compte ce n’est pas tant l’unité des révoltés que la diffusion des actes de résistances, et l’autonomie de chacun qui nous rendront ingouvernables.
Relève la tête cesse d’être un esclave.
Dresse-toi contre l’autorité la rage aux bras, la joie au cœur.
Peut-être alors pourrons-nous enfin nous reposer parmi les ruines de ce monde.
Quelques ami-e-s de l’anarchie
Indymedia Nantes, 5 mars 2013
Extrait d’un texte de 2004 d’un membre du feu-Collectif Libertaire de Touraine.
« Un des buts du Collectif Libertaire de Touraine est de créer des situations afin d’aborder la réalité autrement. Cela implique de s’interroger sur le pouvoir. En aucun cas nous militons pour conquérir le pouvoir. Même en ayant les meilleures intentions [sic], la conquête du pouvoir conduit vers la volonté de la garder. De même, il est absurde [sic] de vouloir le détruire.«
http://liberturiges.org/documents/journal_CLR_01.pdf (page 3)
« Absurde de vouloir détruire le pouvoir »…
On se disait bien qu’à Tours l’autoritarisme avait encore marqué quelques esprits « libertaires ».
Oué c’est vrai ces zozos-totos, qui écrivent ce genre d’inepties, on aurait du leur mettre une bonne raclée pendant la manif hier si on était moins mou. Mais… on n’a pas eu l’ordre de le faire encore, alors on s’est contenu.
Et pis comme on est les seuls à « construire de l’organisation collective », nous les fiers syndicalistes, et que tous ces jeunes cons sont dans le « déni du fait organisationnel » (bé oui les autres, les sans carte, les totos, les zozos, ils construisent rien et surtout rien de collectif) la prochaine fois, et ben on les tondra sur la place Jean Jaurès.
Et ce zozo a même survécu dans son passage dans le cortège syndical. Comme quoi finalement ces salauds qui se font chier à construire de l’organisation collective sont vraiment trop mous.