[Décines] Lyon, ou Comment s’intensifie la gentrification ?

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Salut, c’est bientôt le printemps et le camp de Décines est toujours debout et ce jusqu’au 30 avril prochain (sentence après jugement au TGI de Lyon).

Pour celles et ceux qui souhaitent venir avant l’expulsion du lieu, c’est le moment.

Pour rappel, ce campement a été installé le 10 avril 2012, afin de s’opposer au projet de futur stade de foot de Lyon (avec ses 750 millions d’euros), à 15 bornes à l’est, sur la ville de Décines.

Avant l’hiver, une maison commune d’environ une centaine de mètres carré a été batie sur une butte en friche. D’autres cabanes sous terre, sur terre et au-dessus de la terre : dans les arbres ont été montées. Des jardins en permaculture, des récup’ d’aliments diverses, des outils pour travailler les sols et la construction…

Un bel endroit où passer quelques jours, une semaines ou plusieurs mois.

La vie n’a pas été facile, comme dans tous ce genre d’endroit où lorsqu’il faut partir de zéro, et ben ! ça prend du temps, de l’énergie et beaucoup de sueur. Mais qu’est-ce que c’est bon ! Cet hiver, sont restés les plus tenaces, celles et ceux qui passent et font vivre ce lieu d’affranchis que nous sommes aussi… Là haut, le chauffage se fait au bois. Bon ! il arrive qu’il soit un peu vert, mais il y a un poêle, donc la fumée, elle reste dedans.

Ensuite, l’an passé, nous avons acceuilli la fête des AMAPS du Rhône sur les terres du Grand Lyon, non loin du campement.

Ainsi, d’autres terres restent inutilisées, en friche, sauvage. Il y a des arbres en pagaille, des fermiers sympa, et des voisins qui jamais ne pourraient vivre cette expérience décrite comme trop « roots » mais qui supportent de leurs dons et de leurs cœurs l’installation de ce mini hameau.

Ce sont ces gens-là, qui étaient à la base de la contestation du projet et qui en 2007 ont su repousser le projet de stade de 4 années. Nous pouvons leur tirer notre chapeau, les remercier de nous avoir fait partager leur expérience et leur bon vivre. Ils sont retraités, mère de famille, travailleurs, jeunes des quartiers, sans emploi, membres d’associations en oppositions au projet des plus riches qui veulent toujours plus, ce sont aussi des parents, des humains conscients de leur place dans la société. Cette société que nous critiquons beaucoup mais que nous sommes comme des centaines de centaines de milliers. Ce qui fait la richesse des relations humaines de ce camp ce sont nos différences, car nous appartenons tous à un choix de vie différent mais qui peut s’accorder dans la confiance, la militance, la défiance de ceux qui ont le pouvoir sur nos vies, ce qui choisissent grâce aux billets et aux influences de leur grande famille.

Par ailleurs, nous aurons peut-être perdu une bataille, mais nous aurons aussi gagné en amitié, en expérience humaine et en choix de vie contestataire. Bien qu’il n’y ait pas que « la protestation » qui compte dans la vie, c’est aussi une manière de proposer autre chose, au monde dont nous faisons partie. C’est la continuité de ce que nous vivons jour après jour.

Voyez, comme la plupart d’entre nous vivent de rsa, d’assédic ou… de peu, de rien, de dons, de trouvailles… Mais au fond de chacun, il y a une richesse innestimable, infatiguable, innouïe, entre les dieux et les diables. Le sort de tous est le choix de chacun. Parfois, on s’trouve sa chacune, alors que le monde tourne et ne s’arrête jamais de tourner et de tourner, la vie continue et le rêve d’un changement est du plus en plus perceptible. Le changement ? Il n’arrive jamais, car il est toujours présent, il tourne et ne s’arrête jamais de tourner et de tourner, comme un oiseau qui s’élève, tournoyant dans les courants, chauds et ascendants du ciel.

Cependant, leur projet prend forme, s’émancipe, s’intensifie. Car malgré les procès intentés au Grand Lyon et à l’Olympique lyonnais, pourtant jugés coupables par la justice, ceux-là mêmes, continuent impunément leurs travaux de construction de « grand » stade.

C’est 80% d’argent public qui partiront ces prochaines années dans leurs poches.

Et puis, c’est un projet parmis tant d’autres qui réunis en tout et pour tout, plusieurs milliards d’euros sur 20 ans, car ce sont aussi : les Confluences (entre Rhône et Saône) ainsi que toute la presqu’île ; le quartier de la Part-Dieu ; le Carré de Soie ; les routes qui vont se multiplier ; le quartier de la « Guill' » (Guillotière) ; c’est en effet ce que l’on appelle la « GENTRIFICATION ».

Bien qu’au niveau juridique tout ait été produit, resterait-il une chance pour que d’autres campements, d’autres actions soient mises en place ? Stopper la décadence ? Devrions-nous croire en la possibilité d’un mouvement de masse ? D’actions de sabotage ? De clownerie, de singeries, de vilipendesques artistes prêts à se manifester ?

Nombre d’entre nous sommes persuadés que parfois rien ne sert de se battre avec des arcs et des flèches, lorsque l’ennemi, lui, use de moyens bien supérieurs aux nôtres !!!

Par conséquent, ils vous reste deux mois pour venir vous exprimer, profiter, vous marrer, faire des roulés-boulés sur l’herbe fraîche en cette fin d’hiver et ce début de printemps. Venir prendre l’air au bord d’une ville qui s’étale, et qui s’étale et qui s’arrête de s’étaler, car le caaaammmmmppppeeemmmeeenntt de Décines y est !!!! YEAH ! YEAH ! YEAH !

Et puis, même si le camp devait se retirer, nous serons toujours près de nos idées.

Plus d’infos sur : rebellyon.infodecinestaresistance.weebly.com • carton-rouge.com • lesgonespourgerland.com

Liste francophone de diffusion d’infos relatives aux squats, 4 mars 2013

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