[Ce qu’est la vie après une catastrophe nucléaire] « On a joué dans la neige comme des fous ! »

http://juralib.noblogs.org/files/2013/02/201.jpgJouer loin de Fukushima

Merci à Martine Carton pour ce témoignage et cette traduction qui montrent ce qu’est la vie après une catastrophe nucléaire. La ville de Fukushima (300’000 habitants) aurait dû être évacuée : début avril 2011, elle présentait 2,5 fois les seuils d’évacuation établis en Ukraine pour le Cs-137. Elle devrait toujours l’être aujourd’hui…

Ceci n’est pas un scoop, c’est un moment de la vie ordinaire au Japon.

Ce matin, avant de partir à l’école, ma fille lisait un article du Journal Asahi pour les écoliers. Elle me tend le journal et me dit : « Regarde, maman, c’est triste. »

J’ai traduit cet article, intitulé : « On a joué dans la neige comme des fous ! »

Fukushima, les enfants en excursion

« Je voudrais bien m’amuser dans la neige ! »

Dans les zones où la radioactivité est relativement élevée, nombreux sont les enfants privés de jeux extérieurs. Inquiètes du manque d’exercices physiques des enfants, des organisations se chargent de les emmener jouer dans des zones moins contaminées. C’est le cas d’une de ces organisations, la NPO Sortie éducative « Enfants en excursion » qui propose aussi des programmes qui vont de l’assistance d’urgence à des actions prolongées dans le temps. »

UNE JOURNÉE DE VISAGES RADIEUX

La neige qui arrive jusqu’à la taille est lisse. Dans le jardin enneigé, les enfants font des glissades ou s’étendent de tout leur long dans la neige. Ils se sont bien amusés, leurs visages sont tout recouverts de neige. Les garçons de trois ans courent à toutes jambes devant les élèves de primaires. Le visage radieux, ils ont oublié jusqu’au froid. « Les enfants en excursion » ont passé une journée à jouer comme des fous dans une zone où la radioactivité est faible. Seize enfants de 3 à 9 ans, habitant la ville de Fukushima ou les alentours, ont participé à cette journée, à Inawashiromachi, plus à l’ouest de chez eux.

Tomoki Watanabé (9 ans) et son petit frère sortent tous les week-ends en famille hors de la préfecture de Fukushima. « En général, on ne joue pas beaucoup dehors. Comme activités de club, les CE2 passent leur temps à jouer au yoyo. » ajoute Tomoki. Nombreuses sont encore les écoles primaires qui limitent à trois heures par jour les sorties extérieures. Après les cours, les élèves vont à la garderie, mais ils ne peuvent pas sortir non plus.

L’association offre aussi des classes de découverte de la nature : ce jour-là, les enfants ont fait du traîneau sur les pistes de ski.

« Jouer dehors, c’est vraiment super ! » s’exclame Tomoki, les yeux brillants de joie.

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Restera-t-il, dans quelques décennies, des « zones moins contaminées », vestiges d’un monde disparu, qu’on montrera à nos enfants qui les regarderont avec des yeux brillants – de larmes ?

L’association en question a une page FaceBook, vous pouvez l’aimer autant que vous voulez, merci.

Le Fukushima Collective Evacuation Trial mène une action en justice collective pour demander au gouvernement local de la ville de Koriyama, préfecture de Fukushima, d’évacuer les enfants des zones où la dose de radioactivité de fond est supérieure à 1 mSv/an.

Si le cas des enfants de Koriyama est approuvé par le tribunal, les autorités d’autres zones à forte radioactivité devront adopter cette norme et assurer un soutien inconditionnel à l’évacuation des enfants.

Pierre Fetet, le blog de Fukushima, 18 février 2013

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