Ces salariés prêts à faire sauter leur usine
REPORTAGE – Faute de repreneur, les salariés de la fonderie de Vaux ont installé des explosifs.
Alors que des milliers de salariés victimes de plans sociaux manifestent mardi, d’autres ont opté pour un mode de protestation plus virulent. Les employés de la fonderie DMI, en redressement judiciaire, empêchent depuis le 18 janvier toute expédition de pièces vers les clients de l’entreprise située à Vaux, dans l’Allier. Les salariés menacent surtout de faire sauter leur usine si aucun repreneur n’est trouvé.
Le journaliste d’Europe1, Martin Feneau, s’est rendu à la fonderie où le climat est explosif. Voici son reportage :
« Si on doit mourir, l’usine mourra avec nous ». Un fil rouge, un fil bleu, quelques grammes d’explosif, un détonateur et une télécommande. Une simple pression sur l’interrupteur et tout expose. C’est du moins ce qu’assure Gabriel, un salarié de l’entreprise que ses confrères surnomment l’artificier. « On va dire que je connais les explosifs. J’ai endossé le rôle du méchant. Je vais vous montrer. Il y a des bouteilles de gaz qui alimentent toute l’usine. Tout peut péter. Si ça ne pète pas, on passe de l’électrique au manuel », explique-t-il au micro d’Europe1.
Dans le hall central, Gabriel montre une grosse bombonne de propane et quatre pneus. « C’est une bombe, hein. Il y a du gaz, on allume les pneus, la bouteille de gaz, elle va bouger. Si on doit mourir, l’usine mourra avec nous », promet le salarié.
Surveillés par les RG. C’est en tout cas la menace des 170 salariés qui travaillent, pour certain, depuis près de 20 ans dans cette petite fonderie au milieu des champs. Ils sont surveillés depuis peu par les renseignements généraux et la gendarmerie.
« On les voit tous les jours. Ils ont demandé s’ils pouvaient jeter un coup d’œil. On leur a dit qu’ils pouvaient regarder. Le but c’est de se mélanger un peu aux salariés et de savoir quelles actions on peut mener. Évidemment, on ne va pas leur dire ce que l’on compte faire », assure Gabriel.
« Taper fort pour se faire entendre ». « Pour défendre notre emploi, on menace », explique Mireille, l’une des plus anciennes de la fonderie. « Jusqu’à présent, on a été bien gentil, on n’a pas fait de problème pour les clients. Mais là, on ne peut pas rester comme ça sans rien faire. Il faut taper fort pour se faire entendre. Vous regardez la télévision, toutes les usines ferment. À force, il n’y a pas cinquante solutions pour partir dignement », estime-t-elle interrogée par Europe 1.
Alors que les détonateurs sont branchés, les fours qui maintiennent en fusion des tonnes de métal restent en chauffe. Au cas où, disent les ouvriers, l’usine redémarre dans quelques jours.
Presse esclavagiste (info.SFR.fr avec Europe 1, 12 février 2013)
Comment on peut encore revendiquer quand aucune revendication ne peut être satisfaite
Même lorsque les modes d’action utilisés peuvent être qualifiés de radicaux, il n’y a rien de radical en soi dans leurs revendications. Et les sommes obtenues, qui ne paraissent importantes qu’en comparaison avec les maigres compensations stipulées par la loi, ne peuvent pas retarder indéfiniment le retour aux joies du marché du travail (mais qui voudra employer quelqu’un qui a notoirement séquestré son ancien patron ?).
Ce qui est intéressant dans ces luttes n’est donc pas le fait qu’elles constitueraient les germes d’un nouveau mouvement ouvrier, mais plutôt qu’elles montrent à quoi se confrontent les luttes actuelles dans le capitalisme restructuré. Lors de la fermeture de leur usine, les ouvriers n’ont pas cherché à la récupérer pour l’autogérer. Loin de désigner leurs lieux de travail comme quelque chose à se réapproprier, ils les ont pris pour cible. Leur appartenance de classe n’est plus la base d’une identité ouvrière sur laquelle on pourrait construire une nouvelle société. Les prolétaires ne peuvent échapper à leur appartenance de classe, mais dans leurs luttes, celle-ci est comme un mur qui se dresse en face d’eux. Dépasser cette limite nécessiterait de s’abolir en tant que classe en abolissant, dans le même temps, toutes les autres classes : la communisation.
Extrait de l’article paru dans la revue SIC
C’est Honteux !!! Encore une usine qui va laisser ces salariés en berne pour aller fabriquer ailleurs . Mais que font nos dirigeants . Ces gens ce sont le peuple français alors justice s’impose . Je leur souhaite bien du courage dans cette france qui délaisse ces ouvriers et qui laisse partir ces entreprises ,ces usines et son savoir faire .
Y a-t-il un comité de soutien où on peut envoyer des sous ,pour les fondeurs en lutte? merci d’avance
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