Centième immolation d’un Tibétain
Au Népal, un Tibétain était dans un état critique, mercredi 13 février, après avoir mis le feu à ses vêtements, a annoncé la police. C’est le centième cas d’immolation ou de tentative d’immolation rapporté depuis 2009, selon un bilan du gouvernement tibétain en exil.
L’homme s’est aspergé d’essence puis a mis le feu à ses habits dans un restaurant près du stupa de Bodnath, l’un des sites bouddhistes les plus vénérés dans le monde, dans la capitale népalaise, Katmandou, a annoncé un porte-parole de la police, Keshav Adhikari.
« À environ 8h20 locales (3h35 à Paris), un homme d’une petite vingtaine d’années est arrivé dans un restaurant dans l’enceinte du stupa de Bodnath. Il est allé directement aux toilettes et s’est versé de l’essence sur le corps et s’est immolé », a détaillé ce porte-parole.
Quelques touristes qui prenaient leur petit-déjeuner ont appelé à l’aide, et des policiers qui patrouillaient dans le secteur ont été alertés, a-t-il ajouté. « Les policiers ont éteint les flammes et l’ont emmené à l’hôpital. Il est dans un état critique, tout son corps a été la proie des flammes. Il a essayé de parler à l’hôpital, en vain », a indiqué M. Adhikari.
Il s’agit du centième cas d’immolation ou de tentative d’immolation depuis février 2009, selon les chiffres du gouvernement tibétain en exil à Dharamsala, dans le nord de l’Inde. Sur ce nombre, quatre-vingt-trois sont morts des suites de leurs brûlures.
De nombreux Tibétains ne supportent plus ce qu’ils considèrent comme une domination grandissante des Han, l’ethnie ultramajoritaire en Chine, dans la région du Tibet et la répression de leur religion et de leur culture. Pékin réfute ces allégations, estimant que les Tibétains bénéficient d’une liberté de culte. Le gouvernement met l’accent sur les importants investissements consacrés à la modernisation du Tibet, et à une meilleure qualité de vie pour ses habitants.
Presse combustible (Agence Faut Payer, 13 février 2013)
Les mesures anti-immolations de la Chine s’intensifient au Tibet
Les autorités chinoises ont arrêté 70 personnes dans le cadre de mesures de répression des immolations au Tibet, indique ce jeudi l’agence de presse nationale Chine nouvelle. Il s’agit du coup de filet le plus important depuis que le gouvernement chinois essaie de mettre un terme à ce genre de protestation.
Une centaine de Tibétains se sont déjà immolés par le feu depuis 2009, le plus souvent mortellement, dans de nombreuses parties de la province himalayenne. Ils entendent ainsi protester contre les autorités chinoises. Depuis quelques mois, le gouvernement chinois développe une nouvelle méthode pour décourager les opposants, retenant et emprisonnant des personnes accusés d’inciter aux immolations.
Condamné à la peine de mort
Fin janvier, pour la première fois en Chine, deux hommes avaient été condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir incité huit personnes à s’immoler par le feu dans la province du Sichuan. Un moine tibétain avait été condamné à la peine de mort avec un sursis de deux ans, une sentence généralement commuée en prison à perpétuité. Son neveu avait écopé de dix ans de prison.
L’arrestation la plus récente s’est déroulée dans la province du Qinghai, dans le nord-est du Tibet. Douze des 70 personnes ont été formellement inculpées et seront poursuivies en justice, a indiqué l’agence Xinhua. Le chef de la police de la province de Qinghai, Lu Benqian, a accusé le Dalaï Lama d’« inciter des innocents à commettre des immolations ».
Pékin considère le Dalaï Lama, le chef spirituel du Tibet qui a fui la Chine en 1959, comme un indépendantiste violent. Le lauréat du prix Nobel de la paix déclare quant à lui ne rien chercher d’autre qu’une plus grande autonomie pour la province himalayenne.
Presse combustible (20minutes.fr avec Reuters, 7 février 2013)
Condamnés pour « incitation à l’immolation »
Deux Tibétains ont été reconnus coupables par la Chine d’avoir poussé des gens à se bouter le feu.
La justice chinoise a lourdement condamné un moine tibétain et son neveu pour avoir « incité » huit personnes à s’immoler par le feu, un premier verdict sur ce chef d’accusation assimilé à un homicide volontaire, a rapporté jeudi la presse officielle.
Lorang Konchok, 40 ans, a été condamné à la peine de mort avec sursis (presque toujours convertie en réclusion criminelle à perpétuité) et son neveu Lorang Tsering, 31 ans, à une peine de dix ans de prison, selon l’agence Chine nouvelle.
Près de cent immolations
Les deux accusés ont été reconnus coupables d’avoir « incité » et « contraint » huit autres Tibétains à mettre le feu à leurs vêtements, parmi lesquels trois sont décédés, a précisé l’agence en citant le jugement du tribunal d’Aba, situé dans une région tibétaine du sud-ouest du pays.
Presque cent Tibétains ont tenté de se suicider par le feu depuis 2009 en Chine pour protester contre la tutelle de Pékin sur leur terre millénaire et la répression implacable de leur religion et de leur culture. La plupart sont morts de leurs brûlures.
Pékin accuse régulièrement le chef spirituel des Tibétains, le dalaï lama, d’encourager les immolations par le feu.
La Cour suprême et les plus hautes instances judiciaires et policières chinoises ont annoncé en décembre que toute personne qui serait convaincue d’avoir aidé ou incité un Tibétain à s’immoler par le feu serait poursuivie pour « homicide volontaire ».
Pression chinoise
Rendues furieuses par leur impuissance à prévenir ces immolations, les autorités punissent en outre les proches du brûlé, en les maintenant sous pression et en leur empêchant l’accès à l’hôpital. En cas de décès, le corps est rarement restitué à la famille, ou il est incinéré en son absence.
Le pouvoir fait aussi l’impossible pour empêcher la diffusion d’informations concernant une immolation, en particulier les photographies ou les vidéos.
Pour que l’immolation soit connue, il faut en effet que la nouvelle parvienne à des membres de la communauté tibétaine en exil, eux-mêmes souvent en contact avec les ONG occidentales de défense de la cause tibétaine.
À chaque immolation les autorités coupent donc les rares connexions téléphoniques et numériques existantes et passent au crible les enregistrements des très nombreuses caméras de surveillance installées autour des monastères, lieux souvent choisis par les candidats au suicide.
Un Tibétain risque une longue détention en transmettant simplement dans un email un cliché ou un message rapportant une immolation.
Presse combustible (Agence Faut Payer, 31 janvier 2013)
Chine : la police arrête l’incitateur d’une auto-immolation au Qinghai
La police de la province du Qinghai (nord-ouest) a annoncé jeudi l’arrestation d’un Tibétain qui a tenté fin novembre de convaincre un autre Tibétain de s’immoler.
La police du district de Tongren a reçu le 19 novembre 2012 un appel selon lequel un homme avait stocké de l’essence dans une chambre d’hôtel. Elle a ainsi découvert la tentative d’auto-immolation du moine Drolma Je, âgé de 25 ans.
L’enquête sur l’affaire Drolma Je a conduit à l’arrestation de Phagpa, un homme de 27 ans qui avait incité Drolma Je à l’auto-immolation, précise le rapport de la police.
Le rapport révèle que Phagpa avait des contacts étroits avec des membres clé du « Congrès de la Jeunesse tibétaine » de la clique du dalaï lama. Il a échangé des informations avec cette organisation et pris des instructions par le biais d’Internet.
Phagpa avait étudié en Inde en juin 2005, dans un établissement créé par la clique du dalaï lama pour entraîner des séparatistes.
Depuis son retour en Chine en septembre 2011, il diffusait l’idéologie pro-indépendance parmi les élèves locaux alors qu’il travaillait comme enseignant dans un orphelinat local et organisait des cours de techniques informatiques et d’anglais.
Drolma Je a confessé, selon le rapport, que Phagpa l’avait incité à plusieurs reprises à s’auto-immoler entre juin et juillet 2012, en lui assurant que les photos de ce « sacrifice » seraient rendues publiques internationalement par des organisations basées en Inde.
La police a arrêté Phagpa pour homicide volontaire et Drolma Je pour atteinte à la sécurité publique.
Ces derniers mois, de multiples auto-immolations de tibétains ont eu lieu dans l’ouest du pays (le Qinghai, le Gansu et le Sichuan). Le gouvernement chinois a accusé le groupe du dalaï lama d’avoir incité et soutenu de tels actes.
Presse combustible (Chine Nouvelle, 25 janvier 2013)