[Le travail c’est la santé] Histoire ordinaire d’un travailleur du nucléaire

EDF et le nucléaire : Proglio patron voyou ?

Le patron d’EDF menacé de poursuites pénales pour « travail dissimulé » dans les centrales nucléaires.

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Avec d’abord l’histoire ordinaire d’un travailleur du nucléaire…

On va l’appeler Éric. Son histoire est racontée par le Canard Enchaîné. Deux jours après avoir appris qu’il était atteint d’un lymphome, une forme de cancer, il est licencié par son employeur, un sous-traitant d’EDF, qui l’envoyait travailler dans les réacteurs nucléaires un peu partout en France, au gré des contrats.

Éric a un défaut : il est consciencieux. À force d’attirer l’attention sur des dysfonctionnements et des défauts de maintenance qui lui semblent inquiétants sur les sites nucléaires, au lieu d’être écouté, il est viré.

Il a un cancer, mais pas de chance, son ex-employeur a « perdu » — perdu entre-guillemets — son dosimètre, cet appareil qui mesure tout au long de sa carrière la somme des radiations subies par un ouvrier du nucléaire. C’est vraiment malheureux, et ce n’est pas si rare selon le Canard, malheureux, car faute de dosimètre, impossible d’évaluer exactement la prise de risque du salarié, et le lien éventuel avec son cancer.

Une histoire ordinaire, elle illustre une situation qui irait bien au-delà du cas de cet ouvrier du nucléaire…

« Proglio accusé d’être un patron voyou » titre le Canard Enchaîné. Explication : le 24 janvier, Henri Proglio, le PDG d’EDF, reçoit un courrier de l’ASN. Dans ce courrier, l’Autorité de sûreté nucléaire menace l’électricien en chef de poursuites pénales pour sa gestion du personnel dans les centrales nucléaires. Il est accusé dans cette lettre de « prêt de main d’œuvre à but lucratif » et de « travail dissimulé ». Comme n’importe quel margoulin du BTP souligne encore le Canard.

Officiellement, EDF parle de « sous-traitance ». Courrier de l’ASN à l’appui, le Canard traduit en langage courant : « combine ».  Une combine simple : des entreprises complaisantes mettent à disposition d’EDF leurs personnels, employés par EDF sans le statut maison. Adieu les bons salaires, l’ancienneté, les primes et les avantages variés.

Le Canard précise encore que dans ses bilans financiers, EDF classe ce personnel sous la rubrique « Fourniture », au même titre qu’une vulgaire prise électrique.

Des fournitures au bord de la crise de nerfs : face aux cadences et au stress du travail en milieu nucléaire, le risque d’épuisement psychologique guette dans les centrales toujours selon le Canard. D’ailleurs le comité d’hygiène et de sécurité a tiré le signal d’alarme tout récemment en déposant un « droit d’alerte pour danger grave et imminent ».

De son côté, l’Autorité de sûreté nucléaire demande à EDF de mettre de l’ordre dans ses centrales en « ré-internalisant » des missions confiées à de faux sous-traitants.

La justice aura de toute façon son mot à dire : l’ASN a transmis ses procès-verbaux aux procureurs de Cherbourg, Dieppe et Rouen. En théorie, pour manquements au droit du travail, EDF risque 250’000 euros d’amende et son PDG 3 ans de prison. En théorie…

Presse esclavagiste (Jean-Christophe Martin, FranceInfo.fr, 13 février 2013)

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