PSA Aulnay : à peine rouverte, l’usine de nouveau bloquée
La chaîne de production a été bloquée juste après que l’usine du constructeur auto a été rouverte. Les ateliers de l’usine PSA Peugeot Citroën étaient à l’arrêt depuis dix jours.
L’usine PSA Peugeot Citroën d’Aulnay-sous-Bois, à l’arrêt pendant dix jours, a rouvert lundi matin dans une ambiance tendue avec le renfort de plus de 200 cadres, mais sa chaîne de production a été immédiatement bloquée par les grévistes.
La direction a décompté 180 grévistes, contre 400 selon la CGT, sur les 2.800 salariés de cette usine qui doit fermer en 2014 dans le cadre d’un plan de restructuration prévoyant la suppression de 8.000 emplois auxquels s’ajouteront 1.500 départs naturels non remplacés.
Au moment de la reprise du travail, les grévistes — en habits de ville — se sont rassemblés dans l’atelier montage derrière une banderole clamant « Non à la fermeture de PSA Aulnay ! ». Un cordon de sécurité les séparait d’une vingtaine de cadres extérieurs déployés en « observateurs » par la direction. Ils ont ensuite voté d’un seul homme la grève. Sur les lignes, par petites grappes, des salariés, majoritairement intérimaires, attendaient que la ligne fabriquant la Citroën C3 se mette en marche, en vain.
« Il y énormément d’absentéisme. Dans le seul atelier du montage, il y a entre 110 et 130 absents contre 50 un jour habituel, ce qui explique pourquoi on a du mal à tourner », a fait valoir une porte-parole de la direction. « Il y a des salariés qui n’ont pas eu envie de venir. Ils ont choisi cette solution pour ne pas casser la grève », a pour sa part jugé Jean-Pierre Mercier, délégué CGT, qui avait appelé à la grève le 16 janvier, dénonçant « les pressions de la direction » qui a renforcé la présence de vigiles à l’entrée de l’usine et appelé « plus de 200 cadres » d’autres sites en renfort.
La direction avait promis, dans une lettre envoyée au salarié, de les « protéger » quand ils reprendraient le travail ce lundi matin après 10 jours d’arrêt. Auparavant, elle avait dénoncé des « dégradations » de la part des grévistes et des « intimidations » sur des non grévistes.
Tour d’atelier pour convaincre les non grévistes
Les cadres arrivés en renfort devaient « faire respecter le droit de grève et faire en sorte que la liberté du travail soit respectée » afin de « rassurer » les salariés et que « chacun puisse se comporter librement », a résumé le directeur du site, Laurent Vergely. « Parmi les grévistes il y a un noyau dur qui a tendance à jouer avec les limites du droit », a-t-il affirmé. « On veut nous faire passer pour des casseurs, des terroristes, vous trouvez ça normal ? », s’est ensuite indigné l’un d’eux auprès de l’AFP [« Mais qui sont ces « casseurs » ? Personne dans la presse ne nous le dit ouvertement. Il faut comprendre à demi mot, au détour d’une phrase. Ainsi Le Monde : « Il y a aussi des jeunes qui reproduisent un peu dans l’usine ce qui se passe dans les cités : des clans, des bandes… raconte Henrique, un ouvrier embauché en 1982. Le travail n’est pas leur priorité. » » (Robert Ménard, Nouvelles de France, 24 janvier 2013)].
Alors que ces équipes d’encadrement supplémentaires gagnaient leur atelier vers 06H00, ils se sont fait siffler, huer et interpeller par des grévistes qui distribuaient des tracts aux portillons d’entrée dans l’usine, gardés par de nombreux vigiles. « Vous êtes en train de casser la grève, vous n’avez pas honte de ce que vous faites ! », leur a crié un gréviste. « Mercenaires ! ».
Les grévistes ont fait le tour de l’atelier pour convaincre les non grévistes de rejoindre le mouvement, tandis que des clameurs et des battements de tambours résonnaient. « C’est nous qui fabriquons la voiture la plus vendue dans le groupe [la C3, NDLR] et après tu nous dis ‘elle coule ta boîte’, eh bien qu’elle coule ! », a argumenté un gréviste auprès d’un cadre venu en renfort de Poissy (Yvelines). « Viens camarade, tu es l’un des seuls embauchés à ne pas faire grève. Fais comme nous, on va au vestiaire enlever ton bleu de travail », a dit une gréviste à un salarié, qui croisait les bras, secouant la tête en signe de refus.
La grève avait déjà paralysé l’usine du 16 au 18 janvier. Elle a ensuite été fermée toute la semaine dernière, sur décision de la direction en raison d’une avarie électrique, mais surtout parce que les « conditions de sécurité » n’étaient « pas remplies ».
Presse esclavagiste (Agence Faut Payer via LesEchos.fr, 28 janvier 2013)