[Mulhouse] « Tout le monde lance des pétards le soir du Nouvel An »

MULHOUSE. DE QUATRE À DOUZE MOIS DE PRISON

Trois jeunes hommes âgés de 22 et 23 ans ont été jugés hier [mercredi 2 janvier] en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Mulhouse.

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Les gendarmes mobiles ont dû barrer la circulation avenue Aristide-Briand.

Le premier, un garçon récemment sorti d’hôpital psychiatrique, était poursuivi pour avoir lancé un mortier avenue Briand en direction des forces de l’ordre lors d’affrontements avec un groupe de gendarmes mobiles. Il nie les faits et affirme avoir jeté un simple pétard sans viser les forces de l’ordre. Il a été condamné à quatre mois de prison, sans mandat de dépôt, ce qui ouvre la possibilité d’un aménagement de peine.

Les deux autres prévenus sont originaires du quartier Drouot. Il leur est reproché d’avoir lancé des pavés et des mortiers sur les policiers qui intervenaient pour sécuriser la zone après qu’un feu de benne destiné à attirer les pompiers eut été allumé au milieu de la rue de la Navigation. L’un est étudiant en classe préparatoire à Lyon, l’autre intérimaire. Ils affirment ne pas avoir pris part aux violences mais s’être trouvés dans la rue en simples spectateurs. Leurs avocats ont dénoncé un dossier « flou », bricolé par la police, thèse qu’a écartée le parquet.

Dans les deux affaires, le ministère public, décidé à obtenir « une sanction ferme et immédiate », a dénoncé « un véritable guet-apens » et « une impression de scènes de guerre ». Ils ont été condamnés à la peine plancher d’un an ferme, se trouvant en récidive pour des faits antérieurs d’une toute autre nature. Ils sont par ailleurs interdits de séjour au Drouot pendant deux ans. Les juges n’ont pas décerné de mandat de dépôt en raison « des garanties d’insertion » qu’ils offrent.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (DNA.fr, 3 janvier 2013)

 

VIOLENCES URBAINES : CONDAMNÉS POUR L’EXEMPLE

Trois jeunes gens ont été jugés hier en comparution immédiate pour avoir participé aux échauffourées entre jeunes et policiers le soir du réveillon à Mulhouse.

Le premier prévenu jugé en comparution immédiate hier est âgé de 23 ans. Le soir du réveillon, il était dans la rue, avenue Aristide-Briand, non loin du domicile de ses parents. Ici comme dans d’autres quartiers de Mulhouse, les choses ont dégénéré entre forces de l’ordre et jeunes. Jets de pierres et de mortiers au milieu des traditionnels tirs de pétards. On est bien dans des affrontements urbains où tout peut très vite basculer en drame, pour les policiers comme pour les habitants. Le prévenu, poursuivi pour « participation avec arme à un attroupement » et « violences sur une personne dépositaire de l’autorité publique » est accusé d’avoir lancé un mortier en direction de policiers. « Je ne savais même pas ce qu’était un mortier, je l’ai appris pendant ma garde à vue », indique-t-il au tribunal, en expliquant qu’il n’avait lancé qu’un pétard donné par un ami. Ce dernier a témoigné au commissariat pour confirmer ces dires.

La parole des policiers

C’est la parole des policiers contre la sienne. Des membres de la brigade anticriminelle venue en renfort pour aider leurs collègues pris à partie ont désigné le prévenu comme auteur, indiquant qu’il avait fait « un geste ample » pour lancer un projectile en direction des forces de l’ordre. Ce que le prévenu nie toujours à l’audience. « Vous étiez là par hasard ? » lui demande Marion Brulez, présidente du tribunal. « Non, tout le monde lance des pétards le soir du Nouvel An. » Le jeune homme qui a de gros problèmes de santé venait de sortir d’hospitalisation. Il subit un traitement médical lourd et, le matin même des faits, avait eu une injection. Il a dû interrompre une formation professionnelle à cause de ses problèmes.

« Guet-apens »

Ariane Boulle, substitut du procureur, insiste sur l’ambiance de guerre, faisant référence aux photographies et vidéos versées au dossier, tout en reconnaissant que le prévenu n’apparaît pas sur ces images. « C’est un véritable guet-apens qui a été tendu aux forces de l’ordre. Il faut une réponse ferme et immédiate, pour montrer qu’on ne tolère pas ces actes », indique-t-elle, précisant qu’une relaxe de l’auteur serait « un acte de défiance à l’égard des policiers ». Elle requiert « une peine mixte compte tenu du peu d’antécédent du prévenu, huit mois dont quatre avec sursis et mandat de dépôt à l’audience ».

Son avocate, Me Karine Del-Rosso, tout en saluant le courage des forces de l’ordre qui doivent aller en première ligne et risquent leur vie pour protéger les citoyens, souligne la nécessité « de donner des messages forts quand on a affaire aux bonnes personnes », avant de passer en revue les faiblesses matérielles du dossier, l’abondance d’images impressionnantes ne faisant pas de son client un coupable. Aucune trace du prévenu sur les vidéos et nombreuses photos prises pour confondre les auteurs qui, généralement d’ailleurs, dissimulent leur visage sous une capuche alors que le prévenu n’avait rien sur la tête. « Ce mortier qui est tombé devant les policiers n’a pas été lancé par mon client. » Elle demande la relaxe au bénéfice du doute.

Le tribunal en a jugé autrement, condamnant le prévenu à quatre mois d’emprisonnement (sans mandat de dépôt). Une décision qualifiée par Me Del-Rosso de « très médiatique ».

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LAlsace.fr, 3 janvier 2013)

 

MÊMES CAUSES, MÊME COUPERET

L’autre affaire jugée hier en comparution immédiate concerne des faits dans le quartier Drouot, toujours lundi soir. Là encore, les deux prévenus reconnaissent avoir été sur les lieux mais nient catégoriquement toute participation.

A. est âgé de 22 ans, travaille régulièrement en intérim, vit avec sa concubine dans le quartier de la Porte-du-Miroir à Mulhouse et venait, ce soir-là, rendre visite à sa mère, rue de la Navigation. Son casier comporte trois condamnations dont une pour des faits de violence urbaine, la dernière remontant à 2010.

O. a 23 ans, un passé judiciaire lourd mais ancien (condamné pour des faits criminels en 2004). Depuis, il a fait du chemin, a passé un bac professionnel, puis un BTS. Il est actuellement en première année d’école préparatoire à Lyon pour devenir ingénieur, travaille pendant les vacances pour financer ses études. Sa famille est domiciliée au Drouot.

Les deux prévenus, accusés d’avoir lancé un mortier et des pavés en direction des forces de l’ordre, ont été mis en cause par trois policiers venus en renfort vers 22h15 dans le quartier pour défendre des collègues.

Les jeunes gens ont été interpellés près de l’entrée d’un immeuble de la rue de la Navigation. Ils expliquent qu’ils s’étaient réfugiés là pour se mettre à l’abri des tirs nourris de lanceurs de balles de défense.

Après leur interpellation, les deux jeunes gens ont été emmenés au commissariat, l’un indique avoir été victime de violence lorsqu’il s’est retrouvé seul dans un bureau avec le policier qui l’avait arrêté.

« Après m’avoir jeté au sol, le policier m’a enlevé les menottes et m’a dit de me défendre. J’ai refusé, je me suis mis en boule pour me protéger, il m’a donné des coups. » Le médecin légiste qui a examiné le prévenu après la garde à vue ne mentionne aucune trace de coup. En revanche, le policier mis en cause reconnaît « avoir démenotté le prévenu » et « lui avoir dit qu’il pouvait se défendre » tout en expliquant : « Je lui ai fait peur pour le calmer ».

Pour le ministère public, les mêmes causes doivent entraîner les mêmes sanctions exemplaires. « Il n’y a pas de doute, les auteurs ont été identifiés, la procédure est complète et détaillée », indique le substitut, avant de requérir un an de prison, assorti d’un sursis de quatre mois pour O. et six mois pour A.

Me Karine Del-Rosso et Me Marina Maridet, qui assuraient la défense des prévenus, ont tenté, là encore, de souligner les approximations et les contradictions dans les déclarations des policiers. « J’ai carrément un malaise dans ce dossier », déclare Me Del-Rosso. Le tribunal a été davantage convaincu par les éléments à charge, les deux prévenus ont écopé d’un an d’emprisonnement (sans mandat de dépôt, cette peine devant faire l’objet d’un aménagement après examen de la situation de chacun).

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LAlsace.fr, 3 janvier 2013)

 

NOUVEL AN UNE NUIT DE VIOLENCES URBAINES. LE TRISTE CLASSEMENT DE MULHOUSE

Quelques heures après la nuit du nouvel an, c’est un sentiment de colère mêlé à de la consternation qui règne du côté des pouvoirs publics et politiques. Mulhouse, au chapitre des violences urbaines, s’est classée dans le trio de tête national.

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Au centre d’information et de commandement (CIC) du commissariat, on pouvait suivre en direct les pics de violences dans les différents quartiers.

Bien sûr, le classement par ville n’est pas officiel mais les calculs sont simples. Sur l’ensemble du territoire, 1193 véhicules ont brûlé selon le ministre de l’Intérieur Par département arrivent en tête la Seine-Saint-Denis (83), suivie du Haut-Rhin (72), du Bas-Rhin (70). Rien qu’à Mulhouse 41 voitures ont brûlé principalement aux Coteaux, sur Bourtzwiller et au Drouot auxquelles s’ajoutent quatorze propagations. Si l’on compte l’agglomération, le bilan fait état d’une soixantaine de véhicules incendiés.

C’est aussi à Mulhouse que les affrontements entre jeunes et forces de l’ordre ont été les plus nombreux. Selon le ministère de l’Intérieur, il s’agirait même des seuls affrontements recensés (avec le Neuhof à Strasbourg) cette nuit-là dans l’Hexagone.

Une trentaine d’interpellations

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Cabine téléphonique détruite aux Coteaux.

Pourtant les moyens ont été mis en place comme l’a rappelé Alain Perret, le préfet du Haut-Rhin : « Nous avons disposé de moyens très importants accordés par le ministre de l’Intérieur, des escadrons de gendarmes mobiles ayant une grande pratique du rétablissement de l’ordre public ». Entre les fonctionnaires de la sécurité publique de Mulhouse et les mobiles, ils étaient plus de 250 hommes (400 hommes sur tout le secteur si l’on ajoute les gendarmes des différentes brigades territoriales).

Mais rien n’y a fait… les casseurs avaient préparé leur soirée connaissant parfaitement bien leur quartier et les endroits les plus opportuns pour monter des guets-apens. « Ils sont très organisés et c’est toujours le même modus operandi : on fait venir les pompiers, on bloque la rue avec des poubelles, des bennes ou un scooter auxquels on met le feu. Les forces de police interviennent et puis ces mêmes jeunes agressent les fonctionnaires. Face à ce phénomène nous avons mis en place des moyens de réplique. Nous sommes intervenus rapidement et massivement dès que nous avons constaté une montée en puissance des violences urbaines. Grâce à la réactivité des forces de l’ordre et notre maillage, nous avons pu endiguer cette montée de violence. Le point positif, c’est qu’il n’y a pas eu de lieu de cristallisation particulier. »

Le bilan reste pourtant lourd en terme de dégradations (deux véhicules des pompiers, trois stations tram vandalisées, des vitrines d’une des rues commerçantes détruites). Au cours de cette soirée les policiers ont procédé à une trentaine d’interpellations qui se sont soldées par vingt gardes à vue et trois comparutions immédiates.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Alain Cheval et Grégoire Gauchet, DNA.fr, 3 janvier 2013)

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