[Soudan] « Révolution jusqu’à la mort »

[Mardi 11 décembre] Sudan: Arrests, Injuries and Torture Reported At Gezira University

Wad Madani — The National Intelligence and Security Services (NISS) have continued arresting students from Darfur enrolled at the Gezira University on Tuesday, 11 December, local sources told Radio Dabanga.

Saber Haroun, secretary general of the Student Association of ‘Greater Darfur’ at Gezira University, stated that 30 Darfuri students have been arrested so far.

In addition, seven students were severely injured during the unrests and another one was found in critical condition after being reportedly tortured, he revealed.

Among the arrested students, Haroun cited the following names: Issa Barima Abdullah, Naji Awadallah, Suleiman Hamed Suleiman, Awadallah Abdullah, Issa al-Nour Ramadan, Suleiman al-Nour Adam, Sharif Abdel Aziz, Adam Adam Abdullah, al-Nour Issa al-Nour and al-Daif al-Zein Abdullah.

Speaking to Radio Dabanga from Wad Madani, in El-Jazeera, Haroun stressed the arrests of Darfuri students are still ongoing.

Haroun claimed that seven critically injured students are currently receiving treatment at a hospital in Wad Madani.

The patients are: Mannara Izzeldin, Safa Mohamed Issa, Sit al-Banaat Abdullah, Mawada Mohamedain, Adam Osman, Ibrahim Issa and Mohamed Mahmoud.

Torture

The secretary general also told Radio Dabanga that Yousef Ateem Adam Abdel Rahman, from El-Fasher and enrolled at the Holy Quran College from El-Fasher, was found on Tuesday morning around 9am.

Rahman was ‘thrown’ in front of the dormitories, where he was found, with his head and eyebrows shaved, his nails ripped off and his legs skinned, Haroun recounted.

He added the student was in critical condition, had difficulties breathing and his body showed clear signs of torture.

Four students still missing

On the other hand, Haroun said that four Darfuri students enrolled at the Gezira University are still missing.

According to him, the students are: Suleiman Adam Ali, Adam Osman Ibrahim, Ali Abdel Manan and Faisal Saleh.

The secretary general stressed that the security forces cordoned off four unmarked fresh graves near the Gezira University compound, adding they are preventing citizens and students from approaching the graves.

Arrests in Omdurman

On Monday, security forces arrested another five students from Darfur: Nour Mokhtar, head of the Darfur Student Union at Sudan University, Mohamed Idriss Jeddo, former head of the Darfur Student Union of the University of Khartoum, Taher Abdullah head of Darfur Student Union at the Islamic University, Mohamed Haroun, head of the Darfur Student Union at Al Zaeim Al Azhari University and Abd al Razeq from Al Zaeim Al Azhari University, from the area of Shigla in Omdurman, sources informed Radio Dabanga.

A source told Radio Dabanga that a total of seven students from Darfur, including himself, were waiting for public transport when they were assaulted by security officers.

He recounted the officers threw them into the back of their Toyota Box vehicles, fired in the air and beat the students with sticks and batons.

The student added that he and another victim managed to escape despite their injuries and claimed that the others were taken to an unknown location.

He said he is now suffering from his injuries and emphasized that the detained students were seriously injured.

Radio Dabanga – Independant news and relevant information from the heart of Darfur, 12 décembre 2012


[Lundi 10 décembre] Des centaines de Soudanais manifestent pour la « révolution »

Des centaines de Soudanais ont appelé à une « révolution » lundi [10 décembre], au deuxième jour de manifestations déclenchées par la mort de quatre étudiants darfouris, selon un journaliste de l’AFP.

http://juralib.noblogs.org/files/2012/12/0116.jpg(…) Au moins 700 personnes sont sorties de l’Université du Nil en scandant « révolution jusqu’à la mort » ou encore « tuer des étudiants, c’est tuer la nation » a constaté le journaliste de l’AFP.

La police a rétorqué à coups de gaz lacrymogène et des manifestants ont été battus à coups de matraque.

Certains se sont éparpillés dans la principale gare routière située non loin de là, où des camions de police anti-émeutes étaient déployés. (…)

Lundi, des manifestations ont également eu lieu devant l’université agricole de Khartoum Nord, selon un témoin, et les forces de sécurité ont dispersé environ 300 personnes à coups de gaz lacrymogène et de matraques.

Les quatre étudiants retrouvés morts vendredi sont décédés en « luttant pour leur droit à une éducation gratuite » selon l’Association des étudiants du Darfour, qui a pointé du doigt les autorités et un syndicat étudiant pro-régime qui avait dispersé la manifestation à laquelle les victimes participaient.

L’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch a indiqué, en citant des entretiens avec des témoins, que les « forces de sécurité du gouvernement ont poussé les manifestants vers le canal, entraînant la chute de plusieurs d’entre eux ».

HRW a indiqué que deux manifestants étaient toujours portés disparus, et que les autorités devaient permettre une enquête indépendante sur le décès des quatre étudiants retrouvés morts.

Selon les sources officielles à l’Université de Gezira, ces étudiants sont morts noyés.

Les étudiants originaires du Darfour, région de l’ouest du pays en proie à des violences, exigent l’application d’un accord de paix conclu en 2011 entre le gouvernement et une alliance de factions rebelles prévoyant une exemption des frais d’inscription pendant 5 ans dans les universités publiques pour les enfants des familles déplacées pendant le conflit.

Presse contre-révolutionnaire (Agence Faut Payer, 11 décembre 2012) via Solidarité ouvrière

 

[Dimanche 9 décembre] Soudan : Six blessés lors d’une manifestation d’étudiants à Khartoum

Six personnes ont été blessées dimanche [9 décembre] lors de heurts entre la police soudanaise et plusieurs centaines de manifestants rassemblés dans le centre de Khartoum en soutien à quatre étudiants darfouris tués vendredi, a constaté un journaliste de l’AFP.

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De nombreux manifestants ont également été arrêtés par les forces de l’ordre, et un bus appartenant à la ville a été incendié, a indiqué la même source.

La station officielle de radio Omdurman a rapporté en citant la police que 47 personnes avaient été placées en détention quand la police a dispersé une « tentative de perturbation ».

Au moins deux personnes ont été blessées à la tête et un à la jambe, tandis que deux femmes présentaient des troubles respiratoires, apparemment dus aux gaz lacrymogènes tirés par la police, selon l’AFP.

La mort vendredi [7 décembre] de quatre étudiants originaires du Darfour, après une manifestation réprimée contre une augmentation des frais de scolarité à laquelle ils avaient participé, a fait ressurgir des appels à la chute du gouvernement.

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« Le peuple veut la chute du régime », ont scandé des manifestants, reprenant le slogan du Printemps arabe déjà mis à l’honneur en juin et en juillet au Soudan, quand le pays avait été secoué par une série de manifestations contre l’inflation, lancées d’abord sur les campus, qui avaient souvent dégénéré en appels à faire tomber le régime de Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 23 ans.

La manifestation a été dispersée par la police et une centaine d’entre eux ont ensuite parcouru trois km de l’Université de Khartoum à l’Université du Nil où plusieurs centaines d’autres étudiants les ont rejoints.

« Tuer des étudiants, c’est tuer la nation », criaient les manifestants qui se sont ensuite dirigés vers un terminal de bus.

La police a alors tiré des gaz lacrymogènes mais les manifestants se sont à nouveau rassemblés et ont lancé des pierres en direction des forces de l’ordre.

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VOIR LA VIDÉO

Plus tôt dans la matinée, 500 personnes s’étaient rassemblées sur le campus de l’Université de Khartoum pour célébrer les funérailles virtuelles des quatre étudiants de l’Université de Gezira, au sud de la capitale, retrouvés noyés vendredi soir après avoir participé à une manifestation.

Le rassemblement de vendredi, qui dénonçait une hausse des frais d’inscription pour les étudiants darfouris, avait été dispersé par les membres d’un syndicat d’étudiants pro-gouvernemental, et 80 manifestants avaient été arrêtés.

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Port-Soudan, dimanche

Des manifestations de soutien aux étudiants ont également eu lieu à Port-Soudan, a indiqué un témoin.

Plusieurs manifestations de soutien avaient déjà eu lieu sur différents campus de la capitale et des alentours samedi, alors que les autorités ont temporairement fermé l’université de Gezira. (…)

Presse contre-révolutionnaire (Agence Faut Payer, 10 décembre 2012)


« Les choses se sont envenimées quand trois étudiants ayant participé à des manifestations ont été retrouvés morts »

Ahmed Ali (pseudonyme) est un activiste. Il a participé aux manifestations de dimanche dans la capitale.

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Tout a commencé à l’université de Gezira  au sud de la capitale, dimanche 2 décembre, quand des étudiants originaires du Darfour ont manifesté contre le paiement de leurs frais universitaires. Ils ont manifesté jusqu’à mercredi, jour où les autorités ont réprimé le plus violemment le mouvement. Vendredi, nous avons entendu que trois étudiants ayant participé aux manifestations avaient été retrouvés morts [un quatrième a été retrouvé le lendemain, ndlr] donc je me suis rendu sur place.

À mon arrivée, des centaines d’étudiants manifestaient pour demander des autopsies devant l’hôpital local où les corps avaient été emmenés. Mais les autorités locales ont rétorqué qu’aucun médecin n’était capable d’en faire. Les forces de l’ordre étaient tellement nombreuses que je n’ai pas osé sortir ma caméra. En revanche, j’ai réussi à interviewer, dans les toilettes, des étudiants qui connaissaient les défunts.

“Comment les étudiants ont-ils pu se noyer dans un étang d’un mètre de profondeur ? ”

D’après eux, les corps ont été retrouvés dans un étang artificiel situé sur le campus de l’université. Ils m’ont expliqué que des « rabata » – des hommes de main payés par les autorités – avaient battu les jeunes à coups de barres de fer. Beaucoup d’entre eux avaient fui vers ce plan d’eau. Les gens couraient dans tous le sens, et ils ont mis du temps à réaliser que certains avaient disparu. Ceux à qui j’ai parlé trouvaient ça très étrange qu’ils se soient noyés car l’étang est profond d’un mètre. Pour eux, les « rabata » les ont emmenés et torturés avant de jeter leurs corps sans vie dans l’étang [durant les manifestations de cet été, les services de renseignements avaient aussi été accusé d’exactions, ndlr ]. En tout cas, c’est ce que pensent la plupart des étudiants là-bas [les autorités ont affirmé qu’il n’y avait aucun signe de violence sur les cadavres et le ministère de la Justice a déclaré qu’une enquête serait toutefois ouverte sur les incidents, ndlr].

« Le gouvernement a bien retenu la leçon de cet été »

Dimanche, des étudiants de l’université de Khartoum ont organisé une cérémonie sur leur campus en l’honneur des quatre morts. J’y étais avec plusieurs milliers d’étudiants. Nous avons ensuite voulu sortir manifester mais le gouvernement a bien retenu la leçon de cet été et la quasi-totalité des sorties étaient bloquées. Un groupe de 500 personnes, dont je faisais partie, a réussi à se frayer un passage par une petite porte avant que la police ne jette des gaz lacrymogènes. Certains ont réussi à s’approcher d’un marché. Là, c’était très difficile pour la police de nous poursuivre. On passait d’une ruelle à l’autre en permanence. Au niveau de la station de bus centrale, d’autres civils nous ont rejoints. Là, la police a commencé à frapper fort. Les manifestants ont incendié deux bus. Des dizaines de personnes ont été arrêtées avant que l’on soit tous dispersés.

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“Le mouvement s’est essoufflé dès lundi »

C’était encourageant de réentendre des slogans comme « À bas le gouvernement », « Liberté », etc. Mais le mouvement s’est essoufflé dès lundi. J’attendais les informations sur les manifestations à venir mais, mis à part quelques regroupements isolés, personne n’a pris l’initiative d’annoncer un lieu et une heure. Comme l’été dernier, le mouvement manque de leadership [sic – NdJL].  La plupart de ceux qui se sont illustrés pendant les mois de juin et juillet ont dû fuir le pays après avoir été harcelés par la police. Et les manifestants sont fatigués de voir leurs amis battus, arrêtés puis disparaître tout ça pour que rien ne change.

Presse contre-révolutionnaire (observers.france24.com, 10 décembre 2012)

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