[Critique de la domination] La police travaille à Dubaï

Le masque de Guy Fawkes n’est pas le bienvenu à Dubaï

À l’approche de la fête nationale, les autorités de Dubaï ont décidé de bouter hors de ses rues le masque de Guy Fawkes, symbole de résistance politique.

http://juralib.noblogs.org/files/2012/11/136.jpgGuy Fawkes est persona non grata à Dubaï. La fête nationale du 2 décembre approchant, la police du pays est soucieuse d’interdire tout ce qu’elle considère comme une marque d’opposition au pouvoir, et en particulier ce masque popularisé par les Anonymous et le printemps arabe.

Les autorités semblent avoir peur d’un masque, ou du moins de ce qu’il représente. Selon Gulf News, elles ont annoncé que toute personne portant le masque interdit pendant la fête nationale sera arrêtée et interrogée par la police. Pour elles, porter ce masque « insulte le pays ». La police invite les citoyens à célébrer ce jour avec des moyens plus appropriés, tels que le drapeau national…

Un masque aux couleurs nationales

Les autorités de Dubaï ont réagi à l’apparition de versions de ce masque arborant les couleurs nationales, le blanc, le rouge, le vert et le noir.

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Guy Fawkes au Caire.

Le masque est un portrait stylisé de l’anarchiste anglais du XVIe siècle Guy Fawkes, qui a organisé une tentative ratée d’attentat à la bombe contre le parlement, la « Conspiration des poudres ».

Ce masque, utilisé par le protagoniste, symbolise la résistance dans le roman graphique V pour Vandetta, devenu un film en 2006. Le printemps arabe, les Indignés ou encore les Anonymous se sont emparés de ce masque, aujourd’hui symbole de lutte contre l’oppression et la tyrannie.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Olivier Laffargue, BFMTV.com, 20 novembre 2012)


5 novembre 1605. Arrestation de Guy Fawkes sur le point de faire sauter Westminster avec le roi

Appartenant à une conjuration catholique désireuse d’assassiner Jacques Ier, Guy Fawkes est arrêté juste avant de mettre le feu aux poudres.

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Au début du XVIIe siècle, les tentatives d’assassinat se multiplient contre les souverains européens. Pour Henri IV, ça n’arrête pas jusqu’à Ravaillac, qui décroche le jackpot. De l’autre côté de la Manche, ce sont les catholiques qui veulent la peau de Jacques Ier, le fils de « notre » Marie Stuart (voir éphéméride du 29 juillet). Mais ceux-ci ne savent pas y faire. Leur complot des poudres (le Gunpowder Plot, comme disent les Britanniques) échoue lamentablement. Chargé de faire sauter le parlement britannique dans un joyeux feu d’artifice, Guy Fawkes, un catholique des Midlands de 35 ans, se fait arrêter juste avant d’allumer la mèche ! C’est Carlos qui se moque de cette bande d’incapables.

Revenons sur les faits : le soir du 4 novembre, Fawkes se planque dans une pièce située sous la Chambre des lords du Parlement. Il y a caché plusieurs tonneaux de poudre sous un tas de bois pour faire sauter la baraque quand le roi sera arrivé. Il est revêtu d’un long manteau ample, porte un grand chapeau sur la tête. Aux pieds, il a enfilé des bottes équipées d’éperons afin de pouvoir s’enfuir au grand galop une fois son forfait accompli. Dans sa poche, il a mis une montre à gousset, des allumettes et de l’amadou. Il tient à la main une lanterne pour dissiper l’obscurité. Dans quelques heures, le roi et tous les lords du royaume seront au-dessus de sa tête. Alors, boum, tout ce beau monde partira en fumée. Soudain, du bruit. Des hommes d’armes déboulent dans la cave. Fawkes n’a pas le temps de s’enfuir. Le voilà maîtrisé. Les soldats fouillent le tas de fagots, trouvent la poudre. Il est arrêté, rudoyé, interrogé. Le Gunpowder Plot a fait long feu.

Trente-six barils de poudre

Mais Fawkes n’est qu’un exécutant, le patron du complot, c’est Robert Catesby, un fervent catholique lui aussi, révolté par la répression accrue contre les catholiques du royaume. Il mise sur l’attentat pour déclencher une révolte populaire afin de porter la fille du roi, Élisabeth, neuf ans, sur le trône à la place de son père Jacques Ier. Il en espère un meilleur traitement de l’Église romaine. À vrai dire, le complot des poudres n’est pas le premier à menacer la vie du souverain monté sur le trône en 1603. Quelques mois auparavant, deux prêtres avaient déjà essayé de le faire enlever. Catesby parvient à convaincre plusieurs catholiques de la petite noblesse de la nécessité d’assassiner Jacques Ier en faisant sauter la Chambre des lords à Westminster lors de l’ouverture du Parlement, le 5 novembre 1605.

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Tuer n’est pas assassiner

Dès février 1604, le projet est mis à l’étude. Guy Fawkes, soldat de formation, est recruté. En mai, une première réunion rassemble les conspirateurs à la Duck and Drake Inn, près du Strand, à Londres. Il faut commencer par trouver un moyen d’introduire la poudre dans le Parlement. Thomas Percy, qui appartient à la garde rapprochée du souverain britannique, loue une maison adossée au palais de Westminster, dont une des caves est située juste sous la Chambre des lords. Guy Fawkes se fait alors passer pour l’intendant de Thomas Percy afin de pouvoir circuler à son aise sans que sa présence attire l’attention des gardes du Parlement. À plusieurs reprises, les comploteurs tentent, en vain, d’obtenir la bénédiction d’Henry Garnet, le père supérieur des jésuites d’Angleterre qui vit dans la clandestinité. En juillet 1605, Fawkes transporte 36 barils de poudre dans la cave. Il est fin prêt, mais, en raison de la peste qui se propage à Londres, la réouverture du Parlement est plusieurs fois repoussée. Enfin, la date définitive est fixée au 5 novembre.

Deuxième fouille plus minutieuse

Fin août, Fawkes s’aperçoit que la poudre a moisi : il doit la remplacer. C’est alors que certains comploteurs s’inquiètent du sort des lords catholiques qui assisteront à la séance du Parlement. Ne faut-il pas les prévenir pour leur éviter la mort ? On décide que non, cela risquerait de faire découvrir le complot. Néanmoins, lord Monteagle reçoit fin octobre un message anonyme le mettant en garde : « Monseigneur, pour l’amour que je porte à certains de vos amis, votre préservation me tient à cœur. Par conséquent, je vous conseille, si vous tenez à la vie, de prétexter quelque excuse qui vous empêche d’être présent à ce Parlement ; car Dieu et l’homme se préparent à punir la perversité de ces temps. Ne prenez pas cet avertissement à la légère, mais rentrez dans votre pays où vous pourrez attendre l’événement en toute sécurité. Car bien qu’il ne paraisse y avoir aucun signe d’une quelconque agitation, je vous dis pourtant que ce Parlement va recevoir un coup terrible et qu’il ne verra pas qui l’a frappé. Ce conseil n’est pas à négliger, car il peut vous rendre un grand service sans vous causer le moindre tort ; car le danger sera passé sitôt que vous aurez brûlé cette lettre. Et j’espère que Dieu vous donnera la grâce de faire bon usage de ceci, et je vous recommande à sa sainte protection. »

L’imbécile que celui qui a envoyé cette lettre ! En effet, Monteagle s’empresse de la transmettre au Premier ministre, qui la montre au roi le 1er novembre. Trois jours plus tard, Westminster est fouillé de fond en comble par Monteagle et deux autres membres du Parlement. Ils découvrent le tas de bois, mais Guy Fawkes leur explique sans se démonter qu’il appartient à son maître, Thomas Percy. Ceux-ci le croient sur parole sans fouiller outre mesure. Mais le roi, persuadé que la poudre a été cachée quelque part, réclame une nouvelle fouille plus minutieuse. Le soir du 4 novembre, des gentilshommes y retournent. Ce sont eux qui arrêtent Fawkes après avoir découvert la poudre sous les fagots.

Torture par étapes

Lors de son premier interrogatoire devant le roi, Fawkes ne nie pas son projet de faire sauter la Chambre des lords, mais prétend avoir agi seul. Il conserve un calme qui surprend même Jacques Ier. Mais, peu à peu, l’enquête livre le nom de plusieurs conjurés. Fawkes est transféré à la tour de Londres à la demande du souverain pour y être torturé. Dans une lettre datée du 6 novembre, Jacques Ier note : « On utilisera avec lui d’abord des tortures douces, et sic per gradus ad ima tenditur [et ensuite par étapes on ira vers des méthodes plus dures, NDLR], et que Dieu bénisse votre travail. » Une petite extension des quatre membres sur le chevalet délie la langue de Fawkes. Dès le 7 novembre au soir, il avoue tout. La plupart de ses complices, qui ont pris la poudre d’escampette dès la veille, ont trouvé refuge dans un manoir du Worcestershire, où ils sont tués ou capturés. Les survivants avouent tout sans qu’il soit nécessaire de les torturer.

Lors du procès, le procureur général sir Henry Coke — l’homme idéal pour une affaire de poudre — demande à ce que chacun des sept condamnés subisse le fameux supplice du « hanged, drawn and quartered » réservé aux régicides. Le programme est alléchant : on commence par traîner le supplicié derrière un cheval, de dos et la tête au ras du sol. Puis la mise à mort est effectuée « à mi-chemin entre ciel et terre, étant indigne des deux ». Les organes génitaux sont sectionnés pour être brûlés sous ses yeux, puis on lui enlève les entrailles et le cœur en espérant qu’il soit encore vivant et conscient. C’est alors qu’il est décapité puis démembré pour servir de proie aux « oiseaux du ciel ».

Les 30 et 31 janvier, les huit condamnés subissent le supplice promis par Coke. Les jours suivants, d’autres participants au complot sont encore mis à mort, dont Henry Garnet, le supérieur des jésuites. Malgré son innocence, il est condamné, mais le roi lui fait la grâce de n’être que pendu. Depuis, tous les 5 novembre, les Anglais fêtent la Guy Fawkes Night en tirant un feu d’artifice.

Publié par des ennemis de l’Anarchie (Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos, LePoint.fr, 5 novembre 2012)

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