« Des parents ne peuvent pas nourrir leurs enfants »
C’est ce qu’écrivent deux présidentes d’associations du 93 dans une lettre adressée à Valérie Trierweiler. Un SOS lancé à l’occasion de la Journée internationale de l’enfant.
La lettre est partie lundi matin par recommandé. Elle a été adressée à la première dame, Valérie Trierweiler, qui s’est déjà engagée « sur l’égalité des chances des enfants ». Alors à l’occasion de la Journée de l’enfant, hier, la missive tombe à point nommé. Deux présidentes d’associations de la Seine-Saint-Denis, Sonia Imloul, pour Respect 93 et Marie Magrino, pour Pause Café, lancent un cri d’alarme concernant ces parents qui n’ont plus les moyens de nourrir leurs enfants. « Il n’est pas rare que certains enfants n’aient pour principal repas que celui de la cantine scolaire, dans le meilleur des cas, chaque père ou chaque mère devrait avoir accès à des solutions dignes pour faire disparaître cette aberration », écrivent les représentantes associatives, qui demandent audience à la compagne du président de la République.
« Il faut des solutions d’urgence et qu’on donne aux associations les moyens d’accompagner ces familles », plaide Marie Magrino, qui se trouve régulièrement confrontée à ces situations : 900 € pour cette maman qui élève deux enfants et vit avec sa mère; des parents qui se privent pour nourrir leurs enfants, une maman qui appelle au secours à 21 heures, parce qu’elle est sous un porche avec sa fille sans avoir mangé… « Ce qui est le plus choquant, c’est qu’on a l’impression que ça s’est banalisé, que c’est à nos portes, que ce sont nos voisins, même s’ils travaillent. Ça fait treize ans que je bosse dans le social et il y a des moments où je ne peux pas dormir la nuit. Il faut agir avant que des situations dérapent dans l’exclusion », martèle la présidente de Pause Café. À l’association, il n’est pas rare qu’un bénévole aille remplir un chariot à la supérette du coin pour que des enfants aient quelque chose dans le ventre, avant d’obtenir un rendez-vous auprès des services sociaux.
Le taux de pauvreté explose dans les banlieues sensibles
À Saint-Denis, les parents qui poussent la porte de l’association Respect 93 parlent sans tabou de cette situation. « De plus en plus de mamans nous demandent comment faire pour nourrir leurs enfants, et ce ne sont pas des SDF, mais des gens qui ont un toit », déplore Sonia Imloul, qui espère obtenir une audience auprès de la première dame dans les meilleurs délais.
Elles ne sont pas les seules à s’alarmer de la précarité croissante dans le département. Les associations caritatives, comme le Secours populaire, sont elles aussi confrontées à l’explosion des situations d’urgence. Tout récemment l’Observatoire national des zones urbaines sensibles (Onzus) pointait dans un rapport la situation inquiétante dans les banlieues sensibles : le taux de pauvreté y est passé de 30,5% à 36,1% entre 2006 et 2010, beaucoup plus vite que sur le reste du territoire.
Publié par des larbins des affameurs du peuple (Carole Sterlé avec Gwenaël Bourdon, LeParisien.fr, 21 novembre 2012)