[De l’argent, il y en a…] La « finance de l’ombre »

Le monde bancaire « parallèle » pèse 67.000 milliards de dollars

Le rapport du Conseil de Stabilité Financière publié ce dimanche évalue à 67.000 milliards de dollars la taille des actifs du monde bancaire « de l’ombre ». C’est aux États-Unis, dans la zone euro et au Royaume Uni qu’il se concentre.

Fin octobre, à Toronto, la directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI), Christine Lagarde, s’était emportée contre le développement du monde bancaire de l’ombre (« shadow banking »). Ce dimanche, le Conseil de Stabilité Financière (CSF), l’organe érigé par le forum du G20 en charge de la stabilité financière mondiale, a livré les chiffres 2011. Ils sont édifiants.

La taille du « shadow banking » échappant à toute régulation est de 67.000 milliards de dollars (52.500 milliards d’euros) selon son rapport consacré à 25 pays (90% des actifs financiers mondiaux). Ce sont 5.000 à 6.000 milliards de plus qu’en 2010. Ce secteur « parallèle » représente à lui seul la moitié de la taille des actifs totaux des banques. Rapportée au Produit Intérieur Brut du pays, la banque de l’ombre prospère à Hong-Kong (520%), aux Pays-Bas (490%), au Royaume-Uni (370%), à Singapour (260%) et en Suisse (210%). Mais, en terme absolu, les États-Unis restent en première position puisque la part de ce secteur parallèle représente 23.000 milliards d’actifs en 2011, suivi de la zone euro (22.000 milliards) et du Royaume-Uni (9.000 milliards).

Qui sont les acteurs de ce secteur ? Pour le Conseil, il s’agit « d’intermédiaires de crédit impliquant des entités et des activités en dehors du système bancaire régulier ». Cela recouvre notamment les fonds d’investissements, les fonds monétaires, les sociétés de financement et les entités spécialisées dans les titres qui fournissent des crédits ou des garanties de crédits, ou encore des entreprises d’assurance ou de réassurance qui émettent ou garantissent des produits de crédit.

La crise des « subprimes » de 2007, et la crise financière qui a immédiatement suivi, avaient pourtant déclenché l’ire des responsables politiques pour qui le forum du G20 devait s’efforcer de mettre fin aux activités illicites et mieux encadrer les activités bancaires. Restent que les banques se montrent réticentes à leurs initiatives et le retard s’accumule. En outre, à terme, les régulateurs financiers craignent que les nouvelles exigences légales qui seront appliquées aux banques poussent ces dernières vers un secteur qui échappe encore au contrôle des régulateurs. Ce dimanche, mandaté par le forum du G20, le CSF a mis sur la table pour consultation ses propositions visant à mieux encadrer ce monde bancaire parallèle. Ce n’est qu’en septembre 2013 qu’il publiera ses recommandations pour mieux surveiller et réguler les entités systémiques de ce secteur. D’ici là, le secteur a encore de beaux jours devant lui.

Presse capitaliste (Richard Hiault, LesEchos.fr, 18 novembre 2012)

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