[Chronique de Youv derrière les barreaux] « J’ai vu des daronnes faire la queue chez Coluche pour un kilo de spaghettis Barilla, pendant que son fils aîné zoukait au Fun Raï »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[26 mars 2012]
Partie : Les mots se bousculent dans ma tête

On s’était dit rendez-vous dans dix ans, loin d’imaginer qu’y être serait un combat, un exploit, je taille mon crayon avec un sabre pour mieux aiguiser mes verbes.

Je conjugue à l’arrière d’une voiture volée, dérobée sur le parking de la justice, j’ai pris en otage le Bescherelle que j’ai laissé fermé, pour qu’il n’influence pas mes textes, entre la cour de récréation et le fusil-mitrailleur, il y a que la sonnerie de fin de classe qui sépare.

Comment rester assis concentré en classe quand par la fenêtre tu vois des voitures qui brûlent ? Me renvoyer des cours pour moi était pas une sanction mais une congra­tulation, une remise de la Légion d’honneur, ils attestaient que je ne cautionnais pas la politique de ma conseillère de désorientation, qui m’a orienté dans les bras de la prison, mais c’est sans rancune, je me fais la courte échelle tout seul.

Mon caractère et mon argot te gênent, donc tu m’as convoqué devant les tribunaux, j’en rigole même si c’est pas drôle, j’écris comme je parle, pour inciter ceux qui avaient l’habitude d’éviter les livres et les cahiers à lire, plume de fils d’immigrés ne te fie pas à mes haillons.

Je te sers ma vérité avec qualité, poésie des pavés prends-moi pour la pierre, que tu as reçue en pleine tête et te réveille à ton insu, je fleuris le jardin de ta conscience, je dis tout haut ce que tu sais déjà mais penses tout bas, un lecteur déçu peut vite devenir ton tortionnaire, j’ai inversé ma pensée pour ceux qui voudront me contredire LOL.

Je pourrais écrire des textes haineux contre ce système et entraîner les plus jeunes à brûler Marianne, mais loin de moi cette violence gratuite. Je témoigne juste, j’écris ce que je suis, ce que je vois.

Si tu trouves mes textes violents je peux rien pour toi, je fais un zoom sur le quotidien, j’aurais préféré parler des palmiers et de sable doré mais malheureusement ma vie c’est ciment et barbelés, je vais pas falsifier mon horizon, la nuit, l’obscurité cache les fissures de la misère urbaine, mais à la lueur du jour même avec le Kärcher le plus puissant tu ne peux effacer la facture salée d’EDF, j’ai vu des daronnes faire la queue chez Coluche pour un kilo de spaghettis Barilla, pendant que son fils aîné zoukait au Fun Raï, le malheur des uns fait le bonheur des autres.

LES PRIORITÉS DES UNS, SONT MALHEUREUSEMENT PAS CELLES DES AUTRES.

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