Minorité violente ?
Comment peuvent-ils encore croire à l’efficacité de ce genre de discours propagandiste ? Depuis près de deux siècles, à chaque fois qu’il y a des « troubles sociaux », dénoncer l’agitateur étranger fait partie de la panoplie des gouvernants. Tous les dictateurs ont eu recours à cette formule quand leur trône vacillait mais les « démocrates » ne sont pas en reste quand leur « démocratie » est prise la main dans le sac à combines et à pognon. Ils croient que ça marche et que ça va encore bluffer les populations simplettes. C’est dire en quel mépris ils tiennent leurs « concitoyens » y compris ceux qui les ont élus.
Mais il y a longtemps que cet argument ne marche plus, sauf pour quelques naïfs. Ainsi, aujourd’hui, à Notre-Dame-des-Landes et sur la ZAD (Zone à défendre contre le projet d’aéroport) chacun peut voir que les « professionnels de la guérilla urbaine » [Jacques Auxiette, Président de la Région, Ouest-France, 7 novembre 2012] ne sont pas les squatteurs dont on a détruit les maisons et jardins, et qui n’ont trouvé alors sous leurs mains que quelques carottes à lancer sur les CRS, mais bien ces robocops entraînés pour ça et hyper-équipés (au point que même la colère résistante de ceux qu’ils agressent, si elle a trouvé depuis quelques pierres et branchages pour remplacer les carottes épuisées, ne fait pas le poids contre cette machine de guerre). Chacun peut voir aussi que la « minorité violente venue d’ailleurs » [Le préfet, Ouest-France, 8 novembre 2012] ce sont ces hommes en noir, cagoulés et casqués, bardés d’armes, recrutés dans tous les coins du pays pour venir taper sur la tronche des gens qui ne veulent pas se soumettre aux décisions des seigneurs, et qui ne sont pas, eux, une minorité, là où ils vivent, mais une majorité qui voudrait pouvoir vivre tranquille et sans qu’on lui inflige le saccage de son territoire.
Comment donc peuvent-ils, ces « élus » se prévalant de leur « mandat » (Le « verdict des urnes, ça compte un peu » [Jacques Auxiette, Président de la Région, Ouest-France, 7 novembre 2012]) alors qu’ils savent bien qu’ils n’ont été élus que comme pis-aller pour mettre à la porte les truands précédents ; comment peuvent-ils croire encore que leur baratin grossier va être avalé par le « public » ?
N’importe qui, regardant les vidéos de l’intervention policière, y compris celle d’une presse qui ne chérit pas beaucoup les opposants, peut se faire une idée claire sur ce qui se passe sur cette ZAD et alentour.
Le recours de nos potentats locaux et nationaux à ces arguments éventés montre au contraire leur panique face à ce mouvement d’opposition qu’ils avaient sous-estimé. Mais, ce n’est pas ainsi qu’ils feront prendre les vessies avec lesquelles ils pissent sur les citoyens pour les lanternes du progrès.
À leur « minorité violente, venue d’ailleurs et spécialiste de la guérilla urbaine », à leurs sinistres mercenaires agités dans le bocage nantais, les opposants au projet de bétonnage de la vie, de plus en plus nombreux, continuent à dire : Dégage !
Gédicus, 8 novembre 2012