[Chronique de Youv derrière les barreaux] « C’est à cette époque que l’on a vu une nouvelle race de filles… Les beurettes et les renoies. On les voyait pas jusque-là, on les considérait comme des sœurs, voire des amies avec leurs cheveux crépus mais le flow R&B ghetto classe les a sorties de l’ombre MDR »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[23 février 2012]
Partie sur notre technique de drague

MÊME CUPIDON A LÂCHÉ L’AFFAIRE

Je crois que Cupidon dans ma rue a enfilé une capuche et n’a pas d’arc et encore moins de flèches. Moi le peu de fois que je l’ai vu c’était armé d’un 11.43 (arme de poing) et il en avait rien à foutre de l’amour. Il a démissionné tellement sa tâche était rude dans la cité. Les gens quand ils recevaient une flèche de Cupidon au lieu de tomber amoureux, ils répondaient à coups de chevrotine. Cupidon n’avait jamais vu ça car depuis la nuit des temps ses flèches étaient efficaces.

Voilà la vraie raison pour laquelle les mecs du ghetto ne savaient pas draguer ça drague à base de « wesh bien ou quoi », « pssss pssss la miss très charmante tu es plus belle que la fleur de mon jardin » LOL du n’importe quoi, si la meuf ne répond pas aux avances ça sort « ouais tu t’es pris pour un mannequin ou quoi arrête de faire ta belle ». Convenez avec moi que cette technique de drague est trop bidon. Pas étonnant que l’on rentrait bredouilles. Et quand une miss succombait sous nos charmes, elle était accro au style du ghetto. Elle voyait bien que derrière nos « wesh wesh cousin » se cachaient des mecs attachants et pleins de vie. Mais c’était v’là la mission pour qu’une fille regarde au-delà de nos casquettes Lacoste et notre accent de zoulou. On devait répéter chacune de nos phrases tellement la meuf ne comprenait rien à notre lexique made in la rue. Mais Cupidon nous a lâchés beaucoup plus tôt, notre calvaire a débuté à l’école primaire avec de sérieux handicaps. Nous les renois fallait systématiquement sortir couverts de crème Nivea de la tête aux pieds pour ne pas ressembler à un bonhomme de neige. Les rebeus avaient des cheveux… Laisse tomber. Le pire c’était le swagg dans lequel nos mères nous sapaient pattes d’eph’, col roulé, tah les Bee Gees et une paire de baskets sans marque… C’était la catastrophe à l’état pur. J’ai brûlé toutes mes photos de l’époque trop compromettantes LOL. Mes enfants si j’en ai un jour risqueraient de s’évanouir à leur vue. Je me souviens nos parents allaient acheter nos sapes dans des hangars où les vêtements étaient vendus au poids. Des vêtements déjà portés par Pierre Paul ou Jacques souvent dans l’étiquette on trouvait le nom de l’ancien propriétaire. Malgré ça nos mères on les aime à en mourir. Mais bon faut avouer qu’au départ dans les starting-blocks on n’est pas tous partis à égalité LOL. Quand on tentait de draguer Julie ou Magalie plus tard un peu mieux sapés c’était impossible alors qu’on se cassait la tête à sortir le grand jeu mais rien à faire elles préféraient Nicolas et Julien jusqu’au jour où le hip-hop a inondé nos rues. Cette culture urbaine nous a sauvé la vie, un vent d’exotisme a soufflé sur le style. Soudain de clandos immigrés on est passés à renois et rebeus. La roue a tourné c’était inespéré pour [les] hyènes comme nous même Julie et Magalie plaçaient les wesh wesh dans leur vocabulaire. C’est à cette époque que l’on a vu une nouvelle race de filles… Les beurettes et les renoies. On les voyait pas jusque-là, on les considérait comme des sœurs, voire des amies avec leurs cheveux crépus mais le flow R&B ghetto classe les a sorties de l’ombre MDR. Merci les fers à lisser quand elles sortent brushinguées, les belles gosses faisaient des ravages pour elles aussi la roue a tourné aïe.

« Comme quoi mauvais départ ne veut pas dire mauvaise arrivée ».

P.-S. : Si l’un de vous connaît l’adresse de Cupidon envoyez-la moi en privé j’ai quelques mots à lui dire MDR.

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