[Chronique de Youv derrière les barreaux] « Même à l’air pur nous étions enfermés »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[11 février 2012]
Partie : Lettre à la rue

MA RUE,

Je te demande pas comment tu vas car je sais que tout va mal, que tu vois dans tes rues fleurir de plus en plus de drames, me reconnais-tu ? Oumar le petit renoi qui a longtemps cru en tes promesses et tout ton folklore et tes blablas j’étais l’un des jeunes les plus actifs de ma génération, je t’ai représentée toute ma vie en vain pour toi je me suis égaré de mes priorités mes principes mes valeurs j’ai misé sur toi et je t’ai juré fidélité le soir de mes 15 ans j’étais pour qu’ils te respectent.

Je suis depuis peu incarcéré et ici dans les cours de promenade ton nom est glorifié par certains jeunes il y a même des pulls et t-shirts avec ton blaze ta région etc. comme des zombies t’as réussi à nous laver le cerveau tu nous as fait croire pendant longtemps que tu étais notre seule issue que notre réussite ne pouvait passer que par toi tu nous as condamnés pendant des années aux tours HLM même à l’air pur nous étions enfermés on a hérité de ton accent selon l’endroit où tu te trouves on nous reconnaît à cent mètres, tous ceux qui sont tombés sous ton charme ont fini morts ou entre quatre murs, pour être le meilleur et t’épater beaucoup sont capables du pire, tu as été la cause de beaucoup de nos tourments on a grandi dans tes cages d’escalier pour protéger tes territoires on a multiplié les batailles rangées certains ont implanté des terrains et vendent la mort sous tes pieds. Beaucoup se proclament rois du bitume jusqu’au jour où l’un de tes enfants que tu a chauffé engrené vient le détrôner à coups de plombs et plonger le macadam une fois de plus dans un drame un deuil sans fin je ne regrette rien ma jeunesse tourmentée en ta compagnie mais wallah c’est garanti tu ne m’auras plus j’suis devenu trop conscient trop terre-à-terre pour dépendre de tes illusions mais je sais que tu n’auras aucun mal à me remplacer trop de jeunes font la queue dans ton couloir de la mort le pire c’est sans le savoir ils veulent que tu les fasses exister que tu leur fasses un nom gravé à jamais sur les briques de tes tours, moi hamdoulilah j’ai retrouvé tous mes esprits mes valeurs je mise à présent sur la famille les gens qui m’aiment sur la pointe des pieds sans bruit ceux qui m’aiment pour ce que je suis pas pour ce que j’ai fait mais je ne renie rien tu m’as apporté beaucoup, une mentale à toute épreuve un caractère de bonhomme ça m’a permis de surmonter et survivre dans des moments où j’aurais pu sombrer dans la folie, tout ça je te le dois je t’en suis reconnaissant. Ça fait un mois que je suis en taule pour avoir dansé sur le rythme que tu nous as composé je sais qu’on va manger des peines lourdes mais pas grave on assume je ne t’en veux pas tu nous as pas mis le couteau sous la gorge personne nous a obligés à répondre présents à ton appel, t’adresser cette lettre me tenait à cœur je me le devais à moi-même de te dire tes quatre vérités, mais bon sans rancune on se reverra sûrement dès ma sortie mais cette fois ce sera bonjour au revoir garde tes plans foireux pour un autre de tes enfants LOL.

LA RUE A FORMÉ DES SOLDATS QUI SONT MORTS AU COMBAT…

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