[Un flic = Une balle] « Présentés comme proches de la mouvance anarchiste, les suspects se servaient du métro pour menacer de mort les policiers »

Malfaiteurs ?
Un « gang de tagueurs anarchistes » arrêté : délirant selon leurs proches

Céleste, étudiante, n’a « pas dormi de la nuit ». Lors de notre rencontre, son frère est encore en garde à vue, avec cinq autres hommes de 25 à 28 ans arrêtés mardi à Paris et Pantin. Ils ont été mis en examen ce jeudi soir pour association de malfaiteurs.

Pourtant, la jeune femme parle d’une « bande d’amis » qu’elle connaît bien : certains d’entre eux vivent en colocation, d’autres sont frères.

La police les soupçonne d’avoir tagué des dizaines de rames de métro et de RER. « Au moins 700’000 euros de préjudice à la RATP », dans un but politique, analyse RTL :

« Présentés comme proches de la mouvance anarchiste, les suspects se servaient du métro pour menacer de mort les policiers : “Un flic, une balle” était l’une de leurs signatures. Un mode opérationnel violent, à des années-lumières des graffeurs-artistes d’autrefois. »

Un « gang de tagueurs anarchistes »

Le Parisien parle de « gang de tagueurs » dont les opérations étaient préparées de manière « quasi-militaire » et chiffre les dégradations à plus d’un million d’euros.

Les perquisitions auraient permis aux policiers de retrouver « des bombes de peinture ou d’acide », « des masques », « de l’outillage appartenant à la RATP » et des stupéfiants.

Pour le quotidien, les gardés à vue sont « rattachés à un groupe de tagueurs européens connu sous le nom de Fuck The World, également affilié à la mouvance anarchiste ».

« On a eu du mal à comprendre »

Joachim est le meilleur ami d’un des jeunes hommes arrêtés. Il a contacté Rue89 parce qu’il n’acceptait pas un tel portrait de ses proches.

Dans un resto de bagels de Châtelet, il vient avec Céleste et deux autres de leurs amis. Tous les quatre ont à peu près 25 ans et un look de post-adolescents branchés, ni coincés ni punks. Ils bossent dans le tertiaire. Ils ne connaissent pas bien la procédure judiciaire et s’inquiètent :

« L’employeur d’un de nos amis nous a prévenus que la police était venue sur son chantier pour l’emmener. La mère d’un autre a vu la police arriver chez elle à 6 heures du matin. Nous n’avons pas réussi à en savoir plus, puis nous avons lu la presse. »

Et ils n’ont pas reconnu leurs amis. « On a eu du mal à comprendre que c’était eux, c’est seulement parce que leur métier était mentionné. » Joachim s’interroge :

« Comment est-ce possible qu’on parle d’eux comme ça en garde à vue, alors qu’ils ne peuvent pas se défendre ? »

Chacun est choqué par une formule ou une autre : « gang », « organisation quasi-militaire » (« Ça fait mafia ou terroriste », selon Joachim), « bande d’anarchistes ».

Pour Vincent :

« Ils ne sont pas du tout rebelles, ni même politisés. Je ne vois pas le rapport avec les anarchistes. »

Antoine complète :

« S’ils avaient dit un truc violent comme “Un flic, une balle” devant nous, on les aurait engueulés. Je connais leurs parents ! [Il rigole] Plus sérieusement, on en aurait discuté. »

« Ils ne graffent plus depuis des années »

Surtout, tous disent la même chose : leurs copains ne descendent plus taguer dans le métro depuis des années, alors que l’enquête de la Brigade des réseaux ferrées porte sur des trains dégradés depuis le mois de mars.

Pour Joachim, « nos amis ne s’attendaient pas du tout à avoir des problèmes avec la justice » :

« Tous ont graffé quand ils étaient ados et se sont rangés depuis. Cela fait des années qu’ils n’ont pas peint ensemble. »

Céleste traite affectueusement son frère de « graffeur du dimanche » :

« Il récupère des plaques de bois dans la maison de campagne de notre père et tague dessus. Ou chez lui, sur des toiles avec un aérographe. Il m’arrive de dessiner avec lui. »

« En costard-cravate toute la journée »

Antoine parle de « fils de bonne famille », de « gens normaux » :

« Il y a des groupes qui revendiquent ce côté gang et la violence. Ce n’est pas du tout leur cas. Le nom de leur groupe, “NBK” a été présenté comme une preuve de leur violence, en référence à “Natural Born Killers” [le film “Tueurs-nés”, ndlr].

En réalité, c’est un truc qui remonte au collège. Ils ont copié un groupe suisse appelé “NBC” en changeant une lettre. À l’époque, trouver une signification était devenu un jeu.

Le lien avec le groupe de tagueurs anarchistes Fuck The World est inexplicable, je n’en avais jamais entendu parler avant. »

Les amis des suspects répètent qu’ils sont « passés à autre chose » : les gardés à vue sont chef de chantier, tatoueur, designer, barmen, gestionnaire immobilier « en costard-cravate toute la journée ».

Association de malfaiteurs

Une information judiciaire a été ouverte jeudi pour dégradation volontaire en réunion sur des biens d’utilité publique, outrage à des personnes dépositaires de l’autorité publique (dans les tags) et surtout association de malfaiteurs.

Cette qualification pénale, à elle seule, leur fait risquer cinq ans de prison. Elle n’est jamais utilisée contre des personnes soupçonnées de tags.

Au parquet, on explique cette décision par « des faits commis de façon particulièrement organisée, avec une répartition des rôles bien spécifique ». Sur cette « répartition des rôles », peu de détails : « Il y avait le leader, celui qui a le matériel, ce genre de choses. »

En ce qui concerne cette fameuse « affiliation à la mouvance anarchiste », elle aurait été déterminée « en fonction des tags, de l’étude de personnalité des suspects et de ce qu’ils indiquent ». Sans autre précisions.

Les six hommes ont été présentés à un juge d’instruction ce jeudi soir et mis en examen. Le juge des libertés et de la détention doit décider de les libérer ou de les placer en détention provisoire. Le procureur a demandé la prison.

Leur presse (Camille Polloni, Rue89, 25 octobre 2012)


Paris : interpellation de tagueurs soupçonnés « d’association de malfaiteurs »

Six jeunes hommes soupçonnés d’avoir tagué des wagons de métro et de train depuis mars 2012 à Paris pour un préjudice estimé à 710’000 euros ont été interpellés mardi en région parisienne, a-t-on appris de source proche de l’enquête. Accusés d’avoir commis 320 actes de vandalisme, les suspects devraient être déférés jeudi devant le parquet de Paris qui pour la première fois a retenu la qualification « d’association de malfaiteurs ».

« Ce groupe n’a pas une démarche artistique », indique-t-on de même source. « Il est affilié à un groupe de tagueurs européens baptisé FTW (Fuck the world) évoluant dans la mouvance anarchiste ». Une inscription « un flic=une balle » a notamment été trouvée taguée sur une rame du métro parisien.

L’enquête de la Brigade des réseaux ferrés de la sous-direction régionale de la police des transports (SRPT) a démarré le 12 mars 2012 après une plainte de la RATP qui avait découvert un wagon entièrement couvert de tags signés d’un mystérieux Clovis. La SNCF faisait de même après avoir constaté des dégradations similaires sur des wagons dans des gares parisiennes.

Le groupe « Tags » de la BRF cherchait alors à identifier sur internet et les réseaux sociaux les auteurs de ces tags qui changeaient souvent de signature. Des images de vidéosurveillance et la géolocalisation de téléphones permettaient aux enquêteurs de cibler un groupe très structuré et organisé de jeunes âgés d’une vingtaine d’années déjà connus pour des faits similaires. « Ce ne sont pas des personnes désocialisées mais au contraire des gens de milieux aisés qui ont pour la plupart des boulots », explique-t-on de même source.

Lors des perquisitions, des dizaines de bombes de peinture, des masques, de l’outillage RATP ont été découverts. Des bidons d’acide qui était mélangé à la peinture pour détruire les supports visés ont également été saisis. Des photos et des vidéos prises lors des actions commando ont également été saisies.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Sipa, 25 octobre 2012)

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