[Chronique de Youv derrière les barreaux] « La fin du match j’ai vendu mon ballon pour un canon scié »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[1er février 2012]
Partie : Je slalome entre les bombes

JE ME SUIS LAISSÉ GUIDER PAR MA PLUME, VOILÀ CE QUI EST SORTI DE MA TÊTE !

ON NE NAÎT PAS MAUVAIS ON LE DEVIENT…

On a tous été inconscients, insouciants comme ce jeune qui tape le ballon en bas de sa tour HLM. Alors qu’à quelques bâtiments de là un corps est criblé de balles. Le terrain de foot est miné, des mines antipersonnel ont amputé ce jeune de sa jeunesse. 15 ans fini le foot en cage à ciel ouvert, on doit assumer la famille, le désespoir d’une mère qui voit ses fils faire la queue pour remplir les prisons. Elle va fleurir la tombe de son fils aîné dans un cimetière ou ne poussent plus que des orties, les fleurs fanent à l’entrée du couloir de la mort. Si ceux qui sont enterrés là pouvaient nous parler, en garde ils nous mettraient ! Il y a du boulot pour raisonner des jeunes, qui sont nés dans un barillet.

Fille/mère, mère/fille on ne sait même plus, enceinte à 14 ans, ne joue plus à la Barbie, elle collectionne les bikinis. La maman derrière les fourneaux déjà quarante ans en France et ça garde l’accent du bled, comme Dalida.

Plongé dans mes songes je refais le monde à ma sauce ! Issu d’un taudis comme on dit, Mantes-la-Jolie, banlieue parisienne a formé des jeunes sans le savoir à l’abattoir. Le désespoir tue et assassine sans sommation. Il y a des jours où je renonce au combat situé au 6e sous-sol, que puis-je faire pour changer ça ? Même les rats sont plus libres que moi ? Pourquoi tu ne me crois pas quand je te dis que l’on n’est pas bons qu’à ça ? Chacun pour sa peau et Dieu pour tous, c’est ce qu’on s’était promis un jour sur un banc dépecé des HLM.

Essoufflé, à bout de souffle avec un point de côté j’ai rampé jusqu’à vous, ce que tu lis est un miracle car il ne m’est pas permis de m’asseoir à votre table… On m’a bloqué la porte mais je suis rentré par effraction ! Babylone m’a banni, moi le jeune insoumis né au Sahara, là où un verre de thé est symbole de piété.

Mon texte je l’écris avec du sang qui a séché sur la mine de mon stylo, c’est mon ADN que tu déchiffres. Merci à vous de me lire, mon pouls bat plus vite depuis que vous êtes là ! Bienvenue dans mon monde, je vous sers une part de ma tragédie en direct de Facebook reality ! Je n’ai rien à vous offrir à part ma vie de ouf, j’aimerais vous parler de coquelicot, de rose ou de lilas mais ça je ne connais pas.

Pourquoi nos vies sont sans suspens, ma blessure est interne, lis attentivement, tu ressentiras la souffrance d’un mec bien que ce système a maudit.

J’ai mis la cagoule pour nourrir mes rêves, il n’y a que dans les clips que je voyais des palmiers, par ma fenêtre c’est un parking qui flambait en guise de paysage.

Chez nous l’amour a pris tout son temps et quand il était là c’était de temps en temps, la fin du match j’ai vendu mon ballon pour un canon scié, ce qui brille dans la nuit c’est les gyrophares d’une ambulance, on a concentré les parts et les difficultés dans un même endroit et on s’étonne que ça explose !

ENFANT DE LA PATRIE RELÈVE LA TÊTE AVANT QU’ILS TE LA COUPENT !

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