Un lycéen affirme avoir été passé à tabac par la BAC : la police des polices est saisie
INFORMATION FRANCE INFO – L’IGS, la police des polices pour la région parisienne, a ouvert une enquête après une plainte pour « violences aggravées » déposée par un lycéen de 16 ans de Sucy-en-Brie dans le Val-de-Marne. Le jeune homme affirme avoir été lynché par un équipage de la brigade anti-criminalité (BAC).
C’est une information révélée par France Info. Le 6 octobre dernier, vers 00h45, alors qu’il rentre avec son grand frère d’un match de foot en salle dans son quartier de la Cité Verte, Chaïn M. est surpris par une voiture de la BAC départementale qui s’arrête brusquement à sa hauteur. L’adolescent commence alors à courir, « un réflexe car j’ai eu peur », explique-t-il. Un policier le rattrape et le plaque au sol. C’est là que le jeune aurait reçu, une première fois, des coups de pieds et de poings. Une version confirmée par les habitants de quatre appartements situés dans l’immeuble voisin — certains de ces témoins ont d’ailleurs été entendus par l’IGS.
« Ils me frappaient toujours plus fort »
Ensuite, selon ses dires, Chaïn, lycéen en 1ère ES, inconnu des services de police, aurait été emmené dans un bois et passé à tabac. « Ils m’insultaient. Je me donnais des coups dans le nez », raconte le jeune homme. « Ils m’ont ensuite emmené dans les bois. Le passager à ma droite m’a dit : “on va s’amuser un peu avec toi”. À ce moment-là, je pensais que c’était fini pour moi. J’étais fatigué de prendre des coups. Ils m’ont pris les parties génitales et ils me les ont serrées avec leurs mains. À chaque fois que j’ouvrais la bouche pour crier “aïe”, ils me frappaient encore plus fort. Je me sentais seul. »
Chaïn raconte que l’équipage de la BAC l’a ensuite emmené au commissariat de Boissy-Saint-Léger vers 1h30 du matin, soit trois quarts d’heure après son interpellation. Ce que confirme une source policière à France Info.
« Je retrouve mon fils plein de sang »
Au commissariat, Chaïn est menotté à un banc. Il a le visage ensanglanté, les policiers sont contraints d’appeler les pompiers. Nous avons consulté leur rapport d’intervention où il est mentionné que le jeune homme saignait du nez. Selon Chaïn, les policiers de la BAC l’auraient alors forcé, devant les pompiers, à dire qu’il était tombé tout seul dans l’escalier. N’ayant rien à lui reprocher, le jeune homme est laissé libre. Sa mère, Faïza, est appelée pour venir le récupérer. « Je retrouve mon fils plein de sang jusqu’à la cheville, raconte-t-elle, il avait pleins de coups dans le visage, le nez fracturé. Il n’est pas tombé, il a reçu des coups ! On s’est acharné sur lui ! »
Multiples hématomes
En pleine nuit, Faïza se rend aux urgences avec son fils. Le médecin qui examine le jeune homme écrit dans son certificat que « le patient présente un trauma crânio nasal avec épistaxis » (c’est-à-dire hémorragie, saignements), un « traumatisme et une plaie au coude droit », de « multiples hématomes au niveau du visage », des « érosions scrotales » et un « traumatisme du rachis dorsal ». Bilan selon le médecin : 5 jours d’incapacité totale de travail pour le patient.
Chaïn et sa mère ont saisi la justice car ils estiment que ces comportements policiers sont intolérables. Ils comptent aussi écrire au ministre de l’Intérieur. Leur avocat, Jérôme Karsenti, a l’intention de déposer une seconde plainte, pour « enlèvement, séquestration, actes de torture et de barbarie ».
Si plusieurs témoins ont été entendus par l’IGS au sujet de l’interpellation « musclée », personne ne peut confirmer à ce stade la suite du récit du jeune homme. « C’est une histoire dingue, je ne vois pas des collègues de la BAC agir ainsi, de manière totalement gratuite », commente un haut responsable policier du département. Une enquête étant diligentée par l’IGS, la préfecture de police de Paris ne souhaite pas réagir pour le moment.
Publié par des larbins de la maison Poulaga (Élodie Guéguen, FranceInfo.fr, 19 octobre 2012)
… »je ne vois pas des collègues de la BAC agir ainsi, de manière totalement gratuite », commente un haut responsable policier du département.
C’est vrai quoi, regardez Marseille, BAC quartier Nord : des manières d’agir pas du tout gratuites.