À paraître incessamment aux Éditions Antisociales :
« Prison ! De la folie, du tragique, de la tension… Et aussi des comiques et de la dérision… Des hauts et des bas, et des tas de trafics… Des trucs et des trocs, du vice et de la bêtise… Des cracks et des tocards… Des clandos, des primaires… et les vieux de la vieille, les chevronnés ! Une cour des miracles, un bouillon de culture, un chaudron magique… Prison ! Où parfois l’on trouvait des familles… Des fratries, et en l’occurrence la sienne, qui à une certaine époque fréquenta ces lieux de si sinistre mémoire… Ainsi les trois frères y séjournèrent, y tournèrent en rond tels des cons qui s’étaient fait prendre… Furent emprisonnés, fourrés au trou, comme n’importe quel voleur de cité… Naturellement y étaient entrés chacun pour ses affaires, ses conneries… Et lui par deux fois s’était tapé de la cellule avec son aîné et ce fut les deux seules fois où le grand tomba – une correctionnelle et une assiette. Marqué, il avait compris. Aussi il se rangea, et depuis on n’entend plus parler de lui… A rejoint la masse besogneuse, la silencieuse, celle qui paye des impôts… Quant au petit frère… il eut à son actif pas moins d’une bonne douzaine d’incarcérations, et il en avait partagé une avec lui à Fleury en 1995. Quelques mois purgés ensemble pour un simple vol à la tire, visant des Ricains aisés, un larcin pas bien méchant… C’était pas du Lupin… Quelquefois il leur était arrivé de se croiser par hasard dans la même taule – Bois-d’Ar – mais ce fut chacun sa peine comme de bien entendu… Un fait marquant que jamais il n’oubliera : Pour le Noël de l’an 1984… sa mère la pauvre ! Leur ramena les colis autorisés, soit cinq kilos de délicieuses victuailles par tête de pipe, ce qui fit cinq kilos fois trois, égale quinze kilos – n’est-ce pas ? Et ce dans trois placards, à savoir : Poissy, Rouen, Fresnes… Du lourd ! Mais pas de quoi en faire toute une histoire – n’est-ce pas ? » (p. 30-31)