Le licenciement, l’arme des patrons
Pour augmenter leurs profits, les capitalistes licencient. À PSA, Sanofi Rhodia, mais aussi dans bien d’autres boites moins connues, donneurs d’ordre ou sous traitante. En France comme dans le reste du monde.
L’objectif de ces licenciements : tirer les salaires vers le bas en augmentant la peur du chômage, et nous faire payer les pots cassés de la crise. Ils mettent la pression sur ceux qui travaillent pour gagner plus en faisant produire plus, à moins de travailleurs et travailleuses (les « gains de productivité ») pour débourser moins de salaires.
Avec pour résultats des plans de licenciements appelé hypocritement Plan de Sauvegarde de l’Emploi et la misère programmée pour des millions de personnes. La crise actuelle a pour conséquence prévisible des dizaines de milliers de licenciements. Face à cet enjeu crucial, il nous faut réfléchir aux stratégies les plus à même de permettre aux travailleurs et travailleuses de se défendre collectivement, tout en ouvrant des perspectives de transformation de la société qui permettent d’en finir avec ce système générateur de misère.
Quelle stratégie ?
Brandir comme revendication « l’interdiction des licenciements » ? Cette revendication est de nature démagogique parce qu’elle tente de faire croire aux salariés que l’État peut les protéger contre les coups tordus des patrons et des actionnaires.
Mais l’État est le bras armé des patrons : il envoie les CRS contre les grévistes, liquide toutes les manifestations de solidarité sociale, criminalise l’entraide, prend aux pauvres pour donner aux riches. Les 300 milliards d’euros donnés aux banques à la faveur de la crise et les exonérations de cotisations patronales démontrent une nouvelle fois, s’il est besoin, qu’il ne faut rien attendre d’autre de l’État, que son soutien aux patrons. Une telle revendication condamne à l’attentisme, en brandissant l’illusion du « bras protecteur de l’État » qui serait un barrage à la politique patronale. Bien au contraire, nous pensons que les travailleuses et les travailleurs ont tout intérêt à agir directement pour lutter contre les licenciements.
Qu’entendons-nous par « agir directement » ?
Les entreprises fonctionnent grâce aux travailleuses et aux travailleurs. C’est pour cela que nous affirmons que l’outil de travail leur appartient, quel que soit les titres de propriétés brandis, et cautionnés par l’État.
Dans le cadre d’un plan de licenciement, l’enjeu pour les personnes licenciées, c’est d’échapper à la misère. Pour cela, nous pensons que le premier élément est la construction d’un rapport de force. Occuper l’usine, attaquer les intérêts économiques de la boite donneuse d’ordre ou ceux des entreprises clientes (par exemple par le boycott, l’occupation de filiales, le blocage de l’acheminement des produits de la boite en question…), pour se réapproprier l’outil de travail et disposer d’un moyen de pression. C’est cette utilisation de l’action directe offensive contre le capital qu’il faut promouvoir.
La solution historique du mouvement ouvrier, c’est l’expropriation des patrons et le redémarrage de la production dans le cadre de l’autogestion, c’est à dire par les travailleuses et les travailleurs eux-mêmes, pour eux mêmes. C’est cette solution que nous devons remettre au goût du jour.
Une telle solution a par exemple été mise en œuvre dans des centaines d’entreprises en Argentine lors de la crise de 2001. Les patrons s’étant enfuis avec la caisse, les ouvriers n’ont pas attendu un hypothétique et illusoire secours de l’État. Ils se sont organisés collectivement, sans hiérarchie, pour redémarrer l’activité sous forme coopérative, en reprenant leur outil de travail. On trouve d’autres initiatives autogestionnaires du même genre aujourd’hui ou au cours de l’histoire, comme par exemple récemment les « Strike bike » en Allemagne. En France, l’exemple de LIP nous donne également quelques pistes. Si l’expropriation n’est pas possible, dans le cas d’un plan social partiel, faute de rapport de force, il est intéressant de proposer la mise en commun des indemnités de licenciement pour lancer une coopérative ouvrière, sur la base du principe « à travail égal/salaire égal », et de l’égalité totale entre coopérateurs (en terme de décisions, de gestion de la structure).
Difficultés et pistes de réponses
Dans ce type de luttes, plusieurs difficultés émergent. D’abord une telle perspective ne va pas sans l’instauration d’un rapport de force. L’État ne tardera pas à jouer l’auxiliaire et le garant des intérêts du patronat en envoyant la « force publique » pour tenter d’évacuer les salariés en lutte de l’entreprise.
Tous les prétextes seront invoqués : entrave à la « liberté du travail » (sic), dégradations, effraction, non respect de la propriété privée, « trouble à l’ordre public », etc… Le patronat peut aussi faire intervenir des milices, sous formes de boîtes de sécurité privées, voir d’hommes de main. Il est alors indispensable d’organiser la solidarité à l’extérieur de la boîte : en allant voir les autres entreprises aux alentours, en sollicitant les organisations interprofessionnelles des syndicats (UL…), et, si elles font défaut, en allant rencontrer directement la population, les autres travailleuses et travailleurs, sur les quartiers…
Ensuite, si la forme « coopérative » existe légalement (la loi du 19 juillet 1978, articles 48 à 52, permet la reprise en coopérative d’une entreprise qui dépose le bilan), la loi sur les SCOOP a permis un détournement de l’esprit originel des coopératives. Il faut donc être attentif à la forme choisie, afin d’éviter au maximum de permettre un retour à des logiques capitalistes au sein de la structure coopérative.
Les coopératives peuvent fonctionner de manière très proche des entreprises capitalistes : certaines de celles qui existent reproduisent les inégalités de salaire, le maintien d’une distinction dirigeants/dirigés, d’un encadrement, la dépendance envers un actionnaire (jusqu’à 50% du capital). Il est important d’affirmer la revendication de l’égalité des salaires, mais aussi celle d’une gestion collective de la coopérative, ainsi que le contrôle de la totalité du « capital » par les salariés.
Le second problème, c’est la pression capitaliste du marché, la logique de la concurrence qui a tendance soit à mettre en difficulté la survie du projet, soit de faire évoluer celui-ci vers les normes capitalistes de rentabilité. C’est en cela que nous ne pouvons considérer la constitution de SCOOP comme autre chose qu’une solution temporaire, un outil de résistance, et que nous devons réaffirmer la nécessité d’un changement révolutionnaire, seul à même de permettre de surmonter cette pression. La forme coopérative telle qu’elle existe légalement est un outil de résistance, mais à terme il n’y a pas de perspective réelle de lutte contre les licenciements sans perspective de transformation révolutionnaire de la société. Il est dès lors impératif que les coopératives ainsi créées soit des appuis aux luttes sociales, puissent faire jouer l’entraide comme contre-société ouvrière.
On peut insister sur la mise en réseau nécessaire des coopératives, sur l’entraide, afin de rompre l’isolement, mais cela ne suffit pas. L’exemple de l’Argentine nous le montre, où la pression capitaliste du marché a contraint de nombreuses coopératives à la fermeture, où l’État n’a eu de cesse, une fois la vague de révolte affaiblie, de vouloir récupérer les outils de production coopératifs, où les milices patronales ont pu intervenir pour briser la résistance ouvrière, où, plus grave, certaines coopératives ont remis en vigueur les normes de production et d’organisation du travail (inégalités de salaires, distinction dirigeants/dirigés) pour « s’adapter » à la pression capitaliste du marché.
Le seul moyen de rompre avec cette capacité qu’ont le capitalisme et l’État à intégrer les structures qui lui sont antagonistes, c’est le développement incessant des luttes, c’est la fédération des structures de résistances coopératives, avec la pratique de la mutualisation directe de la production chaque fois que c’est possible.
Des syndicalistes libertaires lyonnais
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Ce tract sera diffusé lors de la grève interpro du 9 octobre, manifestation 11 heures Jean Macé
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bonjour tous,en contribution au débat de ce jour………je viens vous dire que je partage partie de l’analyse(état au service du pouvoir)mais pas les remèdes tendant à mettre en exergue l’égalitarisme (qui équivaut à nier que des QI différents font partis de la vie…)
Bref, je souhaiterais que vous vous penchiez sur la possibilité de gagner sa vie SANS TRAVAIL, via le revenu de base financé par fiscalité sur machines qui nous remplacent un peu partout. A production égale, il faut 5 X moins d’ouvriers qu’il y a 30ans,en banque on sert 10X+de clients avec le même employé…) àvotre réflexion, cordialement
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