[25 décembre 2011]
Partie non répertoriée LOLLLLL
« Les visages disparaissent, mais les noms restent »
Combien de générations s’y sont succédé s’y sont fracassées, hier on était considérés comme des petits et aujourd’hui comme des anciens pourtant on n’a pas changé c’est juste le sablier du temps qui s’est vidé, le temps a passé chaque rue chaque mur de la tess abrite une histoire un souvenir digne des meilleurs films d’action de Spike Lee, sous chaque pierre tu peux trouver l’ADN de ceux qui nous ont précédés sur le bitume, des noms plus ou moins célèbres sont restés certains sont devenus des légendes vivantes ou mortes à cause de leur vie à cent à l’heure beaucoup y ont laissé des plumes sur l’autoroute du respect des pages se tournent les générations changent mais c’est toujours le même refrain les pages se ressemblent comme deux gouttes d’eau, pas besoin d’être médium ou voyant pour prédire avec succès le parcours de ces futurs ados ils succéderont à leurs aînés et rempliront les cours de promenade certains par chance passeront à travers les gouttes de ce rouage je les appellerais les miraculés les épargnés de la rue c’est triste mais c’est la pure réalité.
J’ai même pas assez de doigts pour compter les corps ensevelis dans la tess beaucoup sont morts pour des broutilles à la quête d’une respectabilité, la rue a tout vu tout entendu mais elle ne dit rien, ils ont beau enchaîner les couches de peinture deux-trois arbustes changer les noms des rues éternellement ça ne changera en aucun cas la vie de ses habitants, t’as beau partir quinze ans de la cité à ton retour tu retrouveras les mêmes bruits de bécane les mêmes odeurs de canon scié les mêmes histoires de guerre fratricide sans fin c’est juste les personnages qui auront changé, les mêmes daronnes qui pleurent en décrochant le téléphone à l’annonce d’un drame qui plongera une de nos mères dans un chagrin infini et ça fait plus de trente ans que ça dure les murs s’épaississent la marge de manœuvre de ses habitants devient étroite les gouvernements se succéderont et se succèdent et nous réservent la même soupe ils resserrent et ferment le robinet de cette France d’en bas, on a bon dos, la précarité le chômage et l’insécurité à les entendre nous en sommes la cause si je devais écrire un hymne au nom des banlieusards des prolétaires des oubliés ça commencerait par ça :
« À NOS ENFANTS DES TAUDIS NOTRE JOUR DE GLOIRE NOUS A ÉTÉ VOLÉ, STOPPONS NOTRE INERTIE POUR ENFIN SORTIR DE LA ZERMI ».
La prison, la mort, la violence, l’injustice ce sont là des mots crus durs je les ai choisis volontairement c’est c’qui à l’heure d’aujourd’hui à mes yeux décrit l’endroit où j’ai grandi j’aurais pu choisir joie, partage, mélange et espoir ça représente aussi là où j’ai grandi mais volontairement j’appuie là où ça fait mal on change pas les choses avec des bouquets de roses.
L’ENFER EST PAVÉ DE BONNES INTENTIONS LOL.
POURQUOI MA PLUME EST SI SÉVÈRE ?
POURQUOI MA PLUME EST SOUVENT PESSIMISTE ?
Je fais un simple constat du monde qui m’entoure 80 % des jeunes de cité sont au chômage et tapent des allers-retours en prison la même trajectoire pour la plupart. Comment stopper cette hémorragie ? Nos murs saignent et les pansements ne suffisent plus la plaie est trop ouverte trop restée longtemps sans soins, faut amputer pour éviter la gangrène générationnelle.
Je ne suis pas historien ni sociologue mais des pieds jusqu’au cou je vis cette tragédie en direct donc je dénonce :
LA RUE A ÉTÉ TÉMOIN ET A VU PASSER SE SUCCÉDER PLUSIEURS GÉNÉRATIONS DES FAMILLES ENDETTÉES SURVIVENT EN SILENCE SANS SE PLAINDRE ET ÇA NOS DIRIGEANTS S’EN FOUTENT ILS PRÉFÈRENT INVESTIR SUR DES FLASHBALLS ET SUPPRIMER DES ENSEIGNANTS, À L’ALLURE À LAQUELLE LA SITUATION SE DÉGRADE ON N’A PAS FINI D’EN VOIR DES FLASHBALLS, LA HESS EST UNE MALADIE CONTAGIEUSE BIZARREMENT RÉPANDUE CHEZ LES PAUVRES LOL.