La vie sous les drones

Jura – Criminalité
Des drones survolent les frontières

Pour lutter contre la criminalité en recrudescence dans le Jura [suisse], des drones des douanes ont été engagés en début de semaine.

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Les drones sont des avions sans pilote.

Dans la nuit de lundi à mardi, des drones des douanes ont survolé les communes de Delémont, Develier et Courtételle, selon le Quotidien jurassien. Le porte-parole de l’Administration fédérale des douanes, Attila Lardori, se refuse à préciser les raisons stratégiques de la présence de ces engins, mais confirme leur engagement.

D’après une source qui s’est confiée au journal jurassien, ces appareils ont survolé l’Ajoie et les frontières à la recherche de véhicules suspects, ainsi que pour lutter contre une recrudescence de la criminalité dans la région. Ces avions sans pilote permettent en effet d’envoyer des images en temps réel.

Certains habitants, réveillés par le passage des drones, se sont toutefois étonnés de leur manque de discrétion, notamment sur Facebook.

De nouveaux vols étaient prévus dans la nuit de mardi à mercredi, entre minuit et 5 heures.

Leur presse (20min.ch, 26 septembre 2012)


Un drone au-dessus de Delémont

Un drone qui survole Delémont en pleine nuit. L’appareil n’est pas passé inaperçu dans la nuit de lundi à mardi. Plusieurs noctambules delémontains nous ont signalé avoir entendu ou vu un drone dans le ciel. Que faisait-il là-haut ? Attila Lardori, responsable de la communication à l’administration fédérale des douanes, nous a écrit : « J’espère que vous comprendrez que pour des raisons tactiques, nous ne pouvons vous informer sur la durée et le lieu de passage du drone. » Nos informateurs éveillés évoquent de minuit à 2h du matin, au-dessus de Delémont.

Attila Lardori nous a toutefois fourni des documents qui expliquent l’utilisation des drones. Muni d’une caméra infrarouge, ils permettent de surveiller l’espace frontalier. Un moyen jugé précieux pour lutter contre la criminalité transfrontalière et la contrebande professionnelle. Ces aéronefs sont utilisés plusieurs fois par année, depuis l’aéroport militaire de Payerne pour les missions en Romandie. Quant à savoir précisément ce que celui aperçu la nuit dernière faisait au-dessus de Delémont, nous ne le saurons pas … c’est tactique.

Leur presse (RFJ.ch, 25 septembre 2012)


Vivre dans la peur des drones

 

Selon un groupe d’experts américains, les incessants bombardements de drones américains sur le nord-ouest du Pakistan, bastion des talibans et d’Al-Qaida, terrorisent la population et sont contre-productifs car ils attisent le sentiment antiaméricain dans le pays.

 

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Un drone Predator décolle de la base américaine de Kandahar, en Afghanistan, le 31 janvier 2010.

Ce rapport publié mardi par deux universités américaines, la Stanford Law School et la New York University School of Law, juge erronée la vision américaine d’une campagne de drone « efficace et de précision chirurgicale et qui renforce la sécurité des États-Unis », et appelle Washington à reconsidérer cette stratégie.

Le texte intitulé La Vie sous les drones note, à l’instar de Washington, que la grande majorité des milliers de personnes tuées par ces attaques lancées en juin 2004 dans les zones tribales pakistanaises sont des combattants islamistes. Mais il souligne surtout les graves conséquences sociales et psychologiques de ces bombardements, quotidiens à certaines périodes, sur les populations.

« Les drones survolent les populations du nord-ouest vingt-quatre heures sur vingt-quatre, frappent des véhicules, des maisons et des espaces publics sans sommation. Leur présence terrorise les hommes, femmes et enfants, créant un traumatisme psychologique. Les habitants doivent vivre dans la crainte permanente de pouvoir être frappés à tout moment par un bombardement meurtrier, sachant qu’ils n’ont aucun moyen de s’en protéger », ajoute-t-il.

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Par peur des bombardements successifs, les communautés locales ne se rassemblent plus guère, évitent d’envoyer leurs enfants à l’école et hésitent à porter secours aux blessés d’un premier tir, ajoute ce rapport initié par l’ONG Reprieve, basée au Royaume-Uni et qui fait campagne contre les drones.

CONTRE-PRODUCTIFS

Washington a fait ces dernières années des tirs de drones l’un des principaux instruments de sa stratégie militaire mondiale. Sa campagne au Pakistan, lancée sans l’accord officiel des autorités locales et très impopulaire dans le pays, nourrit les tensions entre Washington et Islamabad, aux relations déjà très compliquées.

Le rapport est notamment fondé sur des entretiens menés avec des habitants du Waziristan du Nord, principal repaire des talibans pakistanais et d’Al-Qaida dans la région et de loin la zone tribale la plus visée par les drones. « Avant les tirs de drones, nous ne savions rien des Américains (…) Aujourd’hui, tout le monde ou presque les hait », explique l’un d’eux. Un autre prévient : « Nous n’oublierons pas le sang versé. Que ce soit dans 200 ans, 2000 ans ou 5000 ans, nous nous vengerons des attaques de drones. »

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Des Pakistanais brûlent une maquette de drone lors d’un rassemblement anti-americain le 28 octobre 2011 à Islamabad.

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Pakistani NGOs workers shout slogans against US drone attacks and religious fundamentalism during a protest in Lahore on October 21, 2010.

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Pakistani Senator Mohammad Saleh Shah from Waziristan stands with civil rights activists during a protest in front of the parliament in Islamabad in April 2009.

In fine, ces tirs illégaux sont contre-productifs car la colère qu’ils suscitent facilite le recrutement de combattants islamistes antioccidentaux dans la région, selon le rapport, qui invite Washington à repenser sa stratégie. Le texte cite au passage un rapport de CNN estimant que seuls 2 % des personnes tuées par les drones sont des cibles islamistes « de haut niveau ».

Entre juin 2004 et septembre 2012, les drones américains ont tué dans cette région entre 2562 et 3325 personnes, dont 474 à 881 civils, estime ce rapport, des données établies à partir d’informations de presse rassemblées par le Bureau of Investigative Journalism, un centre d’études et enquêtes basé à Londres. Les données fiables sont toutefois rares à propos de ces régions interdites aux journalistes étrangers et travailleurs humanitaires.

Leur presse (LeMonde.fr avec l’Agence Faut Payer, 26 septembre 2012)


Le marché des drones civils et militaires promis à une forte expansion

Le marché militaire et civil des drones est promis à une forte expansion se chiffrant à des dizaines de milliards d’euros, selon les industriels présents sur le salon UAV Show Europe consacré à ces avions sans pilote, ouvert mercredi pour deux jours à Bordeaux.

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Un employé d’Aerovision porte le drone Fulmar, le 25 septembre 2012 à Mérignac.

« Le drone ouvre une nouvelle ère industrielle de l’aéronautique », prédit François Baffou, directeur de Bordeaux Technowest, organisateur de ce second salon unique en Europe, dédié principalement aux drones et micro-drones ayant des applications civiles.

De nombreuses PME mais également les grands groupes de l’industrie aéronautique française ayant pris le virage vers ce nouveau marché, tels Dassault, EADS, Thalès, sont présents durant ces journées où sont présentées démonstrations en vol et conférences.

« Le drone ne remplacera ni l’hélico, ni l’avion, mais il les remplacera sur des missions qui coûtent très cher avec les solutions actuelles telles que la surveillance de voies ferrées, de pipeline, de pales d’éoliennes, l’inspection de lignes électriques ou l’observation marine », estime M. Baffou.

« Un hélicoptère, c’est 1.000 euros de l’heure. Avec un drone on divise la facture par douze », avance-t-il, désireux de « démystifier le drone Big brother qui avec des caméras va tout surveiller ».

« Non, il faut voir cela en terme de marché », assure-t-il. « Des drones qui vont surveiller des équipements industriels, pour cela les entreprises vont payer ».

L’industrie militaire, qui a développé le marché des drones, va continuer à le soutenir, selon Jean-Noël Stock, vice-président drones et renseignement au sein de Thalès systèmes aéroportés : « Sur la période 2005-2015, le marché militaire mondial des drones, dominé à 50% par les États-Unis et 25% par Israël, est estimé à 100 milliards d’euros ».

Pour la France, Dassault aviation a été maître d’œuvre du plus important projet européen de drone de combat, en coopération avec la Grèce, l’Italie, l’Espagne, la Suède et la Suisse, celui de l’avion furtif nEUROn, pour un coût de 10 milliards d’euros.

« Il va voler dans quelques semaines », a annoncé à l’AFP le directeur général de Dassault aviation, Éric Trappier.

Si selon lui, « il est difficile de parler d’un seul marché des drones », il est essentiel pour « la France qui est en retard » de « développer les filières des petits et grands drones » tant civils que militaires.

Mais si Dassault n’a pas encore lancé d’application civile de drones, M. Trappier est certain que « de nouveaux besoins vont éclore ».

Pour Thalès, qui a développé avec sa branche britannique le Watchkeeper, drone de surveillance « unique au monde » selon M. Stock, premier volant à 5.000 mètres à avoir été certifié par le ministère de la Défense britannique, « les drones civils vont avoir un développement exponentiel » à l’image de ce qui s’est produit dans le domaine militaire.

« Il est encore difficile de définir exactement quand, car il y aura un temps de retard en fonction de l’évolution des normes de sécurité des vols. Mais il est facile de dresser des scénarios qui se chiffrent aussi en milliards d’euros », a-t-il dit.

Aujourd’hui, la France est le seul pays européen a avoir certifié un drone volant à moins de 150 mètres d’altitude, utilisé par les pompiers des Landes pour surveiller les feux de forêt.

Pour ceux se mélangeant à l’espace aérien, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) demande « une analyse des risques encourus et les moyens mis en œuvre » par les demandeurs avant de délivrer des autorisations de vol, explique Maxime Coffin, chef de mission de l’aviation générale à la DGAC.

« Il n’y a pas de solution technique encore satisfaisante, les systèmes d’anti-collision embarqués sont encore compliqués », a-t-il ajouté.

« On donne des autorisations sur des zones sécurisées ou sur des espaces sans population et on met en place un retour d’expérience pour travailler d’ici 18 mois à une évolution réglementaire », dit-il.

Leur presse (Agence faut Payer via 20Minutes.fr, 26 septembre 2012)


À Bordeaux, le drone montre l’étendue de sa palette

AÉRONAUTIQUE – Deux salons dans la banlieue de Bordeaux présentent jusqu’au 27 septembre les nouvelles applications, civiles et militaires, pour les projets de drones…

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Le drone Scan-Copter intéresse l’armée, la sécurité civile, et les industriels.

C’est l’une des grandes attractions des journées aéronautiques en Aquitaine, qui se tiennent jusqu’à jeudi sur l’Aérocampus de Latresne, et à l’Aéroparc de Mérignac. Le drone y est présenté sous toutes ses coutures, notamment par la société Fly-n-Sense, hébergée par Bordeaux Technowest, à Mérignac. De nombreuses applications pour les expérimentations menée par cette entreprise sont en train de voir le jour dans la région. Ainsi, le partenariat conclu avec le Sdis des Landes il y a dix-huit mois, s’est conclu cet été par la certification de certains pompiers pour pouvoir piloter des drones qu’ils envoient en repérage lors de départs d’incendies. « Ce sont des précurseurs dans la région », souligne Christophe Mazel, président de Fly-n-Sense.

Du tir sur drone à Biscarosse

L’armée de son côté utilise des drones de plus grande taille pouvant voler à 180 km/h, pour des exercices de tirs au CEL (Centre d’essai des Landes) de Biscarosse. « Les troupes sont chargées de toucher le drone en plein vol, ou de s’en rapprocher le plus possible. Grâce à l’électronique embarqué celui-ci mesure la trajectoire des tirs et restitue au militaire les corrections à apporter » détaille Christophe Mazel. Toutes les unités parties en Afghanistan sont ainsi passées par Biscarosse, s’essayer au tir sur drone. Et il arrive que les tireurs fassent mouche. « Nous perdons une vingtaine d’appareils par an. Nous essayons systématiquement de récupérer l’électronique, l’élément le plus coûteux, environ 6000 €. »

Dans le civil, les projets avancent à grands pas également. La filière vitivinicole s’est notamment saisie du potentiel que représentent les drones, pour lancer un projet intitulé Vitidrones. Initié par le cluster Inno’Vin, il a pour objectif d’apporter un service de télédétection à l’échelle d’une exploitation viticole. « Nous sommes missionnés pour leur apporter des solutions d’ici à 2013, notamment en matière de repérage des maladies sur les pieds de vigne. La filière est très intéressée, car ce serait beaucoup moins coûteux que de réaliser ce travail manuellement », explique Christophe Mazel.

Des concrétisations qui permettent à Fly-n-Sense de poursuivre ses expérimentations. L’entreprise présente ainsi aux Journées aéronautiques un nouveau modèle de drone, avec un carénage étanche, plus résistant, et démontable pour pouvoir le transporter dans un sac à dos.

Leur presse (Mickaël Bosredon, 20Minutes.fr, 25 septembre 2012)


Des drones dans le ciel européen en 2016 ?

Les drones ne servent pas seulement à flinguer les terroristes ; la preuve ? La Commission Européenne veut en faire des usages civils…

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Pendant qu’elle occupait l’attention des médias – forcément moins attentifs en période de trêve estivale – avec les solutions aberrantes qu’elle persiste à préconiser contre la crise financière qui perdure, la Commission Européenne s’employait beaucoup plus discrètement cela va sans dire, à faire avancer les réflexions sur un sujet nettement moins consensuel : les systèmes de pilotage d’avions à distance (ou RPAS pour Remotely Piloted Air Systems) autrement dit, les drones.

Le sujet fait déjà débat aux USA où le Président Obama, en difficulté dans les sondages, a exigé lors du vote du budget de la FAA (Federal Aviation Agency) que l’espace aérien américain soit ouvert aux drones dès 2015.

Killing List Noire

La polémique prend de l’ampleur outre-Atlantique dans la mesure où les drones militaires de l’Oncle Sam sont déjà utilisés à l’étranger pour éliminer sans procès inutile les ennemis présumés des USA, même s’ils sont citoyens américains, dès lors que leurs noms figurent sur la « Killing List » présidentielle.

Un monstre du Loch Ness administratif ouvertement évoqué par William Daley Chef de Cabinet d’Obama en 2011 et Dennis Blair Directeur du Renseignement Intérieur, et auquel Obama, récemment interrogé par un journaliste de Fox News dans le cadre de l’émission « Reality Check » et manifestement très mal à l’aise, a fait allusion de manière assez sibylline (« … D’abord, cela repose sur des rapports émis par les médias que je n’ai jamais personnellement confirmés et je n’ai pas pour habitude de traiter des questions de sécurité nationale de cette façon ») avant de faire volte face et d’en confirmer virtuellement l’existence en indiquant que « plus largement, notre objectif est de nous concentrer sur Al Qaida… » …

On ne savait l’Union Européenne tourmentée à ce point par l’ennemi intérieur yankee pour partager ses vieux démons, ayant revêtu de beaux costumes civils dans le cas européen. Les Indignés qui manifestent un peu partout sur le vieux continent contre les mesures d’austérité prônées par la bureaucratie bruxelloise dont la légitimité démocratique n’a jamais été la qualité dominante, seraient donc bien avisés de se pencher sur le document « de travail »  publié ce 4 septembre par la Commission, sobrement intitulé « vers une stratégie européenne pour le développement d’applications civiles des Systèmes de Pilotage d’Avions à Distance (RPAS) ».

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Bien entendu, les auteurs présentent leur bébé sous son meilleur jour (page 3) :

« L’émergence d’applications civiles de RPAS, source de croissance et d’emploi.

En ces temps de recul économique, L’Europe a plus que jamais besoin d’identifier et d’encourager dans le cadre de la stratégie Europe 2020, des opportunités d’amélioration de la compétitivité industrielle, de l’entreprenariat, et de création de nouvelles entreprises pour générer croissance et emploi.

La technologie émergente des Systèmes de Pilotage d’Avions à Distance (RAPS) pour des applications aériennes civiles (commerciales, industrielles et publiques) peut contribuer à ces objectifs. Cependant pour exploiter tout le potentiel de cette technologie, il est nécessaire de concevoir et de mettre en œuvre des concepts opérationnels et des outils techniques associés, ainsi que des règles spécifiques pour des opérations de RPAS dans un espace aérien ouvert.

Le développement des RPAS a pris naissance dans les années 50. Les RPAS ont été employés par les forces armées pendant des décennies. Des conflits récents et des opérations de maintien de la paix ( !) ont fait la preuve de leurs capacités opérationnelles et ont conduit à un accroissement quasi exponentiel des applications militaires. Les RPAS ont également un énorme potentiel pour des applications civiles. Elles commencent à se développer sous l’impulsion d’intérêts étatiques et privés. Si on libère tout leur potentiel, on peut en attendre d’importants bénéfices pour les citoyens européens et pour l’économie européenne dans son ensemble… ».

Alléluia ! vive les drones civils…

Comité de Pilotage

Le document résume donc les travaux d’un peu plus d’un an menés par le panel sur les RPAS qui a commencé à plancher sur le sujet en juillet 2011.

Bien sûr, l’un des priorités de la fine équipe a consisté à préconiser la création d’un comité « de pilotage » c’est le cas de le dire, du projet dont l’objectif principal, aux dires d’un certain Peter Van Blyenburgh, néerlandais vivant à Paris et amoureux des avions sans pilote depuis 1987 (Blyenburgh & Co) qui préside UVS INTERNATIONAL, le premier lobby européen des drones auquel sont associés une trentaine d’opérateurs français,  est de consolider le développement des RPAS civils en planifiant et en coordonnant l’ensemble des activités permettant de balancer des drones – civils, c’est juré – dans l’espace aérien européen en 2016.

Comme c’est généralement le cas dans la bureaucratie européenne, le Comité de Pilotage a déjà été constitué. Il s’est d’ailleurs déjà réuni avant même que son existence ne soit rendue publique.

Il est co-présidé par les directions générales « Entreprise & Industrie » et « Mobilité & Transport » de la Commission. Ses autres membres sont des représentants des autres Directions Générales auxquels sont associés des « participants »  très discrets par nature, exception faite d’UVS International qui n’en fait nul mystère. Le Comité de Pilotage a constitué trois groupes de travail et doit rendre son ordre de marche dès le mois de décembre.

Pas de temps à perdre en effet pour être capable d’aligner à l’atterrissage  sur les pistes 08R/26 L ou 09L/27 R de Roissy dès 2016, une kyrielle de drones bourrés jusqu’à la gueule, d’informations strictement « civiles » recueillies par exemple, au dessus des quartiers chauds d’Ile de France ou de Marseille…

On recommande même à leurs fabricants d’aller effectuer les premiers essais de mesure de bruit de leurs coucous télécommandés au dessus de la station de contrôle de Villiers-le-Bel dont Bakchich leur fournit aimablement les coordonnées (49 00 53 N – 002 24 30 E). À en juger par la redoutable efficacité des modèles militaires dans l’élimination des malfaisants, on peut juste s’interroger sur le laps de temps qui s’écoulera avant que les versions européennes ne leur emboîtent le pas, pardon l’aileron…

Leur presse (Woodward et Newton, Bakchich, 12 septembre 2012)


Les paradoxes du drone

Le drone introduit dans chaque phase de la vie sociale, économique ou militaire, une dimension réservée jusqu’ici aux seuls satellites, mais avec une souplesse et une endurance incomparables. En termes d’intimité, mais aussi d’action à distance, il annonce une rupture dont il est impossible d’envisager toutes les conséquences. Le droit tente tant bien que mal d’encadrer cette extension sans fin des limites du possible.

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United States Air Force operator wears a 432d Wing Shield on his arm as he operates a Predator unmanned aircraft system over Kandahar, Afghanistan, from Creech Air Force Base in Indian Springs, Nevada.

En 2011, Rodney Brossart, un éleveur de Lakota (Dakota du Nord), était arrêté par la police du comté. Il refusait, les armes à la main, de rendre six vaches égarées sur son ranch. Depuis, pourtant, c’est lui qui fait un procès à la police. Pour violation de son « droit à la vie privée ». En effet, pour mener à bien l’opération, elle avait utilisé un « Predator » fourni par le département de la Sécurité Intérieure. Le drone avait joué un rôle crucial pour localiser le forcené à l’intérieur de sa propre maison et faciliter l’assaut. Le procès a peu de chance d’aboutir. Les policiers avaient un mandat et peuvent prouver qu’ils ont employé le drone à des fins de pure surveillance tactique et non pour constituer ex post un motif de poursuite. C’était la première rencontre officielle entre la technologie du « véhicule aérien non piloté » et la justice américaine. Ce n’est sûrement pas la dernière.

L’envol d’une technologie

Les « faux-bourdons » font désormais partie du quotidien des polices, du FBI ou de la Drug Enforcement Agency : des drones qui localisent et suivent des suspects dans les enquêtes criminelles. Compte tenu de leur capacité à occuper pendant longtemps, et sans être vus, des positions d’observation privilégiées, les avions sans pilote (unmanned aerial vehicle, UAV) sont des auxiliaires particulièrement prisés. Certaines agences américaines rêvent même d’utiliser cet appareil infiniment endurant, précis et docile, dans une version anti-émeute pour tirer des balles en caoutchouc.

Les observateurs estiment qu’en 2020, environ 30’000 drones équipés de caméras seront en service à basse altitude au-dessus du territoire des États-Unis. De toutes tailles, équipés de capteurs optiques et électroniques dernier cri, les UAV seront bientôt aussi omniprésents et omniscients qu’ils sont invisibles. Ils peuvent changer radicalement la vie sociale et économique d’un pays. À partir du 30 septembre 2015 au plus tard, l’espace aérien américain sera ouvert aux drones volant à moins de 130 mètres (comme les jouets télécommandés), ce qui libérera la voie pour une infinité d’applications dans des domaines aussi divers que l’agriculture, la pêche, la météorologie ou la lutte contre les incendies de forêt (en 2012, ils étaient en service chez les pompiers du département français des Landes), quatre activités friandes d’imagerie multi-spectrale. Les secteurs des transports et de la sécurité seront également de gros consommateurs.

Les usages potentiels sont sans limite et reflètent une demande sociale exponentielle pour les informations en continu sous format vidéo. D’aucuns suggèrent même de recourir aux drones pour vérifier si les administrés séparent bien les déchets recyclables, comme l’exige la loi. Certaines agences immobilières louent du temps de drone pour filmer des propriétés. Lors des tournages de films d’action, la plupart des vues aériennes sont réalisées par des drones. La généralisation massive de cet objet longtemps cantonné aux films d’anticipation approche à grands pas. Deux développements en cours seront décisifs : d’une part l’émergence des VTOL UAV (vertical takeoff and landing), les drones à décollage vertical : plus besoin de pistes ! D’autre part la généralisation du système « UAV sense and avoid », qui assurera la sécurité de la « circulation ».

À ce jour, toutefois, les drones fonctionnent dans un vide juridique qui provoque, aux États-Unis, un débat de plus en plus vif à propos de l’enjeu sacro-saint des droits constitutionnels des citoyens. Car tout en poursuivant les suspects, le drone se glisse dans leur intimité sans aucune restriction… et il voit aussi tout le reste. Or le quatrième amendement de la Constitution américaine protège les citoyens, leur habitation, leurs biens et leurs documents contre toute perquisition ou saisie arbitraire ou « déraisonnable » et exige que tout mandat de recherche s’appuie sur un « motif plausible ». Sans oublier des enjeux plus prosaïques. Quand un drone, programmé mais doté d’une large autonomie d’action, est impliqué dans un accident, qui est responsable ? Les questions sont innombrables mais, après tout, qui aurait imaginé qu‘un métro roulerait un jour automatiquement, ou qu’un ascenseur fonctionnerait sans groom ?

C’est évidemment dans le domaine militaire que le drone enregistre ses succès les plus éclatants. Il y encourt également les reproches les plus acerbes.

Les usages militaires en débat

Pour les états-majors, la capacité du drone d’observation à rester plusieurs dizaines d’heures au-dessus d’un même lieu et à détecter immédiatement tout changement, même mineur, dans le paysage, tout en transmettant en temps réel des images vidéo de grande qualité, représente un progrès capital. Il permet de ne pas mettre en danger la vie de pilotes tout en garantissant une qualité et une durée de concentration dont aucun être humain ne sera jamais capable. Le drone, équipé de capteurs infrarouges ou radar, est un vecteur de renseignement irremplaçable, plus utile encore que le satellite, car il peut rester en permanence au-dessus du même point. Il pourrait enfin devenir une ambulance automatisée effectuant des évacuations d’urgence de blessés graves en situation de combat. En Afghanistan, certains avant-postes américains voient leur ravitaillement acheminé de nuit par des drones.

Le drone devient aussi progressivement une arme de guerre qui complète la mission des avions de chasse, par exemple en neutralisant les défenses anti-aériennes ennemies. Israël, dont toute la doctrine militaire consiste à compenser son manque de profondeur stratégique, a compris le premier l’importance des drones de surveillance et conserve en la matière une longueur d’avance sur tous les autres acteurs. Partout où il est trop risqué, physiquement ou politiquement, d’envoyer un pilote, le drone est l’arme de choix pour « traiter » les cibles. Au Sud Liban ou à Gaza, en Somalie, au Yémen, au Pakistan, la liste est longue des militants islamistes éliminés par voie de drone. En 2013, l’US Air Force devrait compter plus de pilotes de drones que de pilotes de F-16.

Le droit international est malmené puisque car dans ces trois deniers pays, ni les États-Unis, ni l’OTAN ne sont officiellement en guerre, même si d’aucuns expliquent que la « guerre contre le terrorisme », mondiale par nature, transforme de facto le monde entier en champ de bataille. Les États-Unis ont souvent justifié leurs missions en s’appuyant sur le principe d’utilisation de la force contre des ennemis en terrain étranger, si le pays « consent à, est incapable ou refuse » d’agir. Mais ce « permis de tuer », selon l’expression d’un rapporteur des Nations unies, n’est pas fondé en droit. Même aux États-Unis, où la législation a formalisé la distinction entre les meurtres commandités par l’État – illégaux depuis 1976 – et les éliminations ciblées pratiquées dans la « guerre contre le terrorisme », cette « légitime défense » par les drones reste juridiquement bien vague.

Le drone a tous les traits de l’arme absolue : fiable, insensible, délivrant ses informations en temps réel. Il vient coiffer un système C4i (Command, Control, Communications, Computers & Intelligence) et même aujourd’hui C5i, en rajoutant la « confusion ». Chaque drone en opération adresse un flux continu d’images vidéo en haute définition à sa station au sol. Cette profusion est aussi un défi car ces informations, d’origine à la fois optiques, optroniques et radar, menacent de saturer la bande passante. Mais si l’information circule vite, c’est l’analyse de contexte, effectuée par des cerveaux humains, qui représente la vraie valeur ajoutée. Certes, elle prend du temps. Des experts proposent donc d’installer dans le drone des logiciels d’intelligence artificielle capables de réaliser la fusion des données et de ne transmettre au sol que le résultat des analyses. La bande passante s’en trouverait certes allégée mais il s’agirait là d’une importante délégation de responsabilité.

La question délicate de la responsabilité

Posséder des drones modifie clairement le comportement des décideurs militaires tout au long de la chaîne de commandement. En premier lieu, le commandant d’unité, une fois qu’il a goûté au drone, ne peut plus se passer des informations inestimables que l’appareil fournit au service de l’efficacité et de la sécurité des troupes (il peut par exemple voir à l’avance si la terre au bord d’une route a été retournée, révélant un système explosif improvisé, IED, particulièrement dangereux pour les fantassins). Si aucun drone n’est disponible, s’il ne peut pas tout savoir tout de suite, l’officier hésitera désormais à mener une opération.

Autre facteur crucial : faute de règles d’utilisation précises, les informations transmises par le drone peuvent être vues en même temps par tous les échelons hiérarchiques, du sous-officier jusqu’au chef de l’État, ce dernier pouvant juger indispensable, politiquement, de prendre la main. Cette possibilité peut semer le trouble quant à la responsabilité décisionnelle exacte de chaque échelon, avec comme corollaires, une démobilisation des officiers intermédiaires et un flou autour de la question centrale : quel est l’échelon qui ordonne de frapper une cible ? Comment appliquer le principe de subsidiarité ? Ce flou est susceptible de provoquer des retards. Avec à la clé, ce curieux paradoxe : une remarquable performance technologique qui deviendrait un facteur de ralentissement ! Au moment même où le fameux « fog of war » (littéralement, le brouillard du combat) s’estompe, la prise de décision n’en est pas forcément facilitée car la boucle entre décideur et échelon tactique se complexifie. Pour reprendre une formule des sociologues, il y a tension aux deux extrémités du spectre.

Avec les futurs drones d’attaque, les UCAV, les décalages de responsabilité seront encore plus flagrants. Les drones de surveillance (UAV) sont lents, persistants, et ne font pas d’effort particulier de discrétion. Il est possible de « converser » avec eux assez librement. En revanche, les UCAV seront très rapides et viseront la furtivité maximum, ce qui implique de réduire au minimum les échanges avec la station au sol. Au moment ultime, la décision de tirer sera donc largement celle de la machine. D’ailleurs, même quand il est télécommandé par un « être humain », le tir d’un drone n’est pas sans conséquences … humaines. Il est de notoriété publique que les télé-pilotes de drones installés sur la base aérienne de Beale, dans le nord de la Californie, ne sortent pas psychologiquement indemnes de l‘action qui consiste, à partir du fauteuil de son bureau, à appuyer sur le bouton de mise à feu d’un missile Hellfire tiré sur un camion rempli de Talibans. L’exercice de cette responsabilité, qui combine routine, distance et létalité, semble de nature à provoquer des troubles profonds de la personnalité. Aux GI’s de retour d’Afghanistan, le Pentagone offre – voire impose – un sas de décompression de trois jours en Allemagne. Le télé-pilote de drone, une fois le camion de talibans « neutralisé » à 20’000 kilomètres de distance, rentre chez lui et dîne en famille…

Le drone introduit dans chaque phase de la vie sociale, économique ou militaire, une troisième dimension réservée jusque-là aux seuls satellites, mais avec une souplesse et une endurance incomparablement plus grandes. Il annonce une rupture dont il est impossible, à ce stade, d’envisager toutes les conséquences. On peut espérer que celles-ci seront maîtrisées au fur et à mesure de la généralisation des drones. Les technologies sont souvent disponibles bien avant que la société sache quoi faire d’elles et comment le faire. Le droit tente tant bien que mal d’encadrer cette extension sans fin des limites du possible. Internet, avec le peu de cas qu’il fait des frontières, des lois et des lieux, illustre bien les limites du juridique. Le droit du drone ne sera pas moins controversé.

Leur presse (ParisTech Review, 10 septembre 2012)

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