[Chronique de Youv derrière les barreaux] « L’inconscience ou la conscience de notre situation sociale nous a poussés à faire des trucs malades de fous malades sortis de l’asile »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[6 décembre 2011]
Partie inclassable puisque pas prévue 🙂

Je fête mon trois millième jour de prison la musique à fond plongé dans mes pensées les plus profondes, je prends ma plume pour vous coucher mes émotions, que je ne souhaite à personne pendant que je noircissais ma feuille une larme de sang s’est échappée de mes yeux pour se loger en plein milieu de ma feuille, pourtant je n’étais pas triste je ne savais pas d’où me venait cette larme, au fait c’était le contraste entre mon mental et mon physique, mentalement j’étais un mur qui laissait rien paraître, mais des fois mon corps et mon esprit n’étaient pas synchro, il leur arrivait de rentrer en conflit mais c’est toujours mon mental qui prenait le dessus.

J’étais sous le paillasson de la misère je ne devais pas en sortir mais le vent de l’ambition m’a emporté loin du paillasson j’ai roulé jusqu’au seuil de la porte de ceux qui étaient mieux logés que moi, à ma vue ils se sont précipités pour me raccompagner à la case départ, j’ai compris que juste le fait de me voir tenter d’échapper à la misère leur faisait du mal, pourtant je voulais prendre le pain de la bouche à personne juste améliorer mon quotidien fuir le paillasson de la misère par tous les moyens donc il me fallait trouver un moyen pour m’enfuir, j’ai joué à quitte ou double la prison ou le paillasson sans hésitation j’ai tenté cagoule sur le visage d’aller chercher mon indépen­dance dans les milliers d’euros, ma gourmandise a causé ma perte ma chute, casque intégral à la masse ça tape un change sur les Champs-Élysées à deux sur un T-Max accompagné de mon poteau du 93 le seum dans nos sacs à dos l’inconscience ou la conscience de notre situation sociale nous a poussés à faire des trucs malades de fous malades sortis de l’asile. J’compte plus les fois où en marchant sur le macadam je voyais passer le camion de la Brink’s avec des yeux d’enfant illuminés par une tirelire sur roues mais j’avais du mal à trouver des soldats qui étaient prêts à me suivre on me prenait pour un fou un illuminé pour les gens j’étais un suicidaire.

LE SUICIDE C’EST L’ESPOIR DE CEUX QUI N’EN ONT PAS.

Pour rien au monde j’aurais pu rester les bras croisés en bas des tours à attendre ma prochaine garde-à-vue pour rébellion j’étais seul sur mon radeau une vague m’a ramené à la rive avec dix ans de retard mais au moins j’avais le mérite d’avoir tenté d’échapper, ce qui m’a [le] plus étonné dans mon parcours dans mon expérience c’est que la plupart des gens que j’avais laissés au départ n’ont pas évolué pire y en a qui avaient régressé je ne comprenais pas comment on pouvait se noyer en silence.

Ma vie m’a pas épargné faut dire que je ne ne lui ai pas rendu la tâche facile, jeune hyperactif toujours dans les mauvais coups j’assume ma vie de A à Z je ne me plains pas je suis pas un exemple mais le résultat d’une rage canalisée dans la violence des vols à main armée et j’en paye le prix aujourd’hui donc si y a des p’tits Oumar qui me lisent résistez à l’appel du fusil à pompe si pour toi la liberté a un prix.

ON NE VIT QU’UNE FOIS ALORS TÂCHE D’EN FAIRE QUELQUE CHOSE.

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