Mexique : 60% des prisons « autogérées »
Près de 60% des prisons mexicaines sont sous le contrôle du crime organisé, a estimé hier la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), organisme public autonome, à l’occasion de la présentation d’un rapport sur la situation dans une centaine de prisons.
Le président de la Commission, Raul Plascencia a souligné lors d’une conférence de presse que dans 100 prisons visitées cette année, la CNDH avait constaté « dans 60% d’entre elles l’existence d’une autogestion » : des détenus possèdent les clés des cellules, imposent des châtiments, offrent leur protection et vendent différents produits comme des téléphones cellulaires ou de la nourriture.
Selon Plascencia, le système pénitentiaire mexicain traverse une crise : « La détérioration des dernières années est incontestable comme le démontrent les évasions, les affrontements, les auto-directions ainsi que les agressions contre le personnel des centres pénitentiaires ».
Durant l’élaboration de ce rapport, la Commission a constaté l’absence de conditions de sécurité et, dans certains cas, les membres de la Commission n’ont pas pu pénétrer dans les lieux. Cela a été le cas notamment à la prison de Piedras Negras, près de la frontière avec les États-Unis, où la semaine dernière 131 prisonniers se sont enfuis en passant par la grande porte.
352 meurtres en 2 ans
Au cours des deux dernières années, 521 prisonniers ont réussi à s’échapper lors de 14 évasions. Pendant la même période on y a enregistré 352 homicides. Selon le rapport, les prisons mexicaines ne sont pas en mesure de faire face aux incidents violents, comme les mutineries, les affrontements entre prisonniers ou les suicides.
La Commission a pu vérifier dans les prisons visitées la présence d’objets ou de substances interdites, comme les armes ou les drogues, de la prostitution, la présence de groupes qui exercent la violence ou le contrôle sur le reste de la population pénale.
Selon le ministère mexicain de la Sécurité publique, il y a actuellement 419 prisons au Mexique. Treize d’entre elles seulement sont des prisons fédérales, les autres sont sous la responsabilité de gouvernements d’État, des municipalités ou de la ville de Mexico. La surpopulation carcérale est en moyenne de 26% avec 237.580 prisonniers alors que les prisons mexicaines actuellent sont configurées pour en recevoir 188.000.
Presse carcérale (Agence Faut Payer, 25 septembre 2012)