[Abat-faim] Bouffons les riches (pas les OGM) ! (2)

OGM, Monsanto, Roundup & Co : comment notre société produit des malades

LE PLUS. « Oui, les OGM sont des poisons ! ». C’est le titre choc du dossier du magazine Le Nouvel Observateur de cette semaine, réalisé sur la base d’une étude tout juste rendue publique : « Long Term Toxicity of a Roundup Herbicide an a Roundup Tolerant Genetically Modified Maize » (in Food and Chemical Toxicology). Joël Spiroux, co-auteur de cette étude, explique que nos sociétés n’assurent pas la sécurité alimentaire de leurs populations.

Depuis près de 15 ans je travaille, en plus de mes consultations avec Gilles-Éric Séralini avec qui je partage les mêmes préoccupations, sur les liens entre les pesticides, les OGM et la santé. Notre étude est emblématique car elle montre une fois de plus comment nos sociétés dites évoluées sont incapables d’assurer la sécurité alimentaire de leurs populations.

« L’aliment est ton premier médicament »

La mise en garde est pourtant bien ancienne car Hippocrate, 450 ans avant J.C., précisait : « L’aliment est ton premier médicament ». Comment penser qu’une plante à pesticide soit saine ? Comment penser qu’un OGM et son pesticide associé, tous deux mal évalués, puissent finir dans nos assiettes sans faire prendre de risque à la population ? Cette problématique mise en évidence par notre étude correspond exactement à ce qui se passe au sujet de tous les autres xénobiotiques déversés sur la planète depuis plus d’un siècle…

Je suis médecin libéral et consulte depuis près de 30 ans. Je n’ai jamais accepté de voir arriver dans mon cabinet des patients en souffrance, qui ne devraient pas être malades si les conditions environnementales étaient favorables à leur épanouissement. En effet, avec l’arrivée de l’hygiène bactérienne grâce à Pasteur, des antibiotiques et du développement extraordinaire des techniques médicales et chirurgicales nous avions largement diminué les causes de mort des siècles passés. Plutôt qu’une amélioration de notre état de santé, que constatons-nous ?

Une augmentation importante des cancers, des maladies neuro dégénératives, métaboliques, immunitaires, des stérilités, des malformations néonatales, une baisse de 50% des spermatozoïdes en 50 ans et en parallèle une diminution importante de la biodiversité ! Nous pouvons ajouter à cela les 8.000 maladies orphelines pour la plupart métaboliques et pour lesquelles nous constatons les troubles mais que nous sommes incapables de soigner.

Notre société produit des malades

Ce qui arrive aux humains arrive de façon concomitante à la faune et à la flore. La cause principale en est la quantité de xénobiotiques répandus sur la planète depuis le développement de la chimie organique et minérale de synthèse. 3 millions de tonnes en 1930, 420 millions en 2010 de ces produits chimiques qui sont persistants et se bio-accumulent dans l’environnement, finissent par aboutir dans notre assiette par concentration dans la chaîne alimentaire, sans compter l’air de nous respirons.

« Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés ». La Fontaine, Les animaux malades de la peste.

Nous sommes dans une société schizophrène qui d’une part « produit du malade » et qui, d’autre part, s’étonne de devoir dépenser de l’argent pour la soigner.

Les origines de cet aveuglement

Quelles sont les causes de ce désastre sanitaire qui coûte très cher à la population en termes de souffrance et aussi financièrement à la société ? Plusieurs réponses :

Nous n’avons pas pris encore la mesure du lien entre santé et environnement, l’impact des environnements biologiques, physiques, chimiques, sensoriels, socio anthropologiques sont bien peu pris en compte malgré les deux plan Santé Environnement et peu de mesures efficaces sont mises en place.

• Nous sommes dans une société du soin et non de santé, en effet nous médecins, sommes très bien formatés pour le soin et pas du tout pour la santé et la prévention. L’intérêt des médecins pour les pathologies environnementales est bien faible, j’en ai fait l’expérience avec les deux congrès que j’ai réalisé au sein de l’URML de Haute Normandie en 2005 (1er congrès national sur les pathologies environnementales) et en 2009 (1er congrès européen sur le même thème : ECEP 2009). « Quelques difficultés qu’il y ait à découvrir des vérités nouvelles, en étudiant la nature, il s’en trouve de plus grandes encore à le faire reconnaître » disait Lamarck dans Philosophie zoologique ! Par ailleurs nous pouvons préciser que les dépenses de santé font partie du PIB ! est-il pertinent de croire que les dépenses de santé peuvent améliorer le PIB ?

• La toxicologie actuelle est inadaptée à cette masse de xénobiotiques présente dans l’environnement. Ce n’est plus la dose qui fait le poison comme nous le croyions depuis Paracelse, en effet des doses infimes de l’ordre du nano gramme ou du picogramme peuvent avoir des effets délétères sur la santé comme nous le prouvent les perturbateurs endocriniens dont les pesticides. Notre étude le montre. La toxicologie actuelle ne tient pas compte des phénomènes de bioaccumulation, les effets combinés, les effets à long terme, transgénérationnels ainsi que des effets des faibles doses.

• L’épidémiologie qui a été mise au point pour suivre des liens causaux directs et binaires entre un agent causal et une pathologie bien définie ne fonctionne pas pour des pathologies environnementales qui comportent plusieurs agents causaux mélangés et plusieurs manifestations cliniques possibles. Imaginez : si je recherche dans votre sang les 100 xénobiotiques toxiques les plus courants (dioxines, PCB, DDT…) je suis sûr d’en trouver au moins 60 à 70 ! comment ces produits réagissent-ils entre eux, comment votre corps réagit-il, que penser des enfants perfusés in utéro par ces produits ? Cela n’a jamais été évalué !

• Dernier point : le laxisme, voire l’incompétence des organismes réglementaires qui acceptent la mise sur le marché de produits mal évalués comme ceux que nous avons mis en évidence dans notre étude. Ce sont ces mêmes instances qui définissent des normes de toxicité qui bien souvent ne sont pas à même de nous protéger du fait de failles de la toxicologie et de l’épidémiologie précisées plus haut. L’état de la santé mondiale est là pour en attester.

Œuvrer pour le soin ET la santé

Une fois ce tableau dramatique brossé, que faudrait-il faire ?

1. Mettre en œuvre les outils d’une HYGIÈNE CHIMIQUE comme nous avons développé une HYGIÈNE BACTÉRIENNE depuis Pasteur. Ces outils sont l’adaptation aux pathologies environnementales de la toxicologie, de l’épidémiologie et des normes de toxicité. Les tests réglementaires doivent devenir publics, indépendants des producteurs et soumis à une expertise contradictoire.

2. Créer un enseignement en santé environnementale pour les médecine et le corps médical dans son ensemble.

3. Chercher des traitements détoxifiants à base de plantes comme nous commençons à le faire dans le laboratoire.

Pour conclure, une citation d’Hannah Arendt : « Le progrès et la catastrophe sont l’avers et le revers d’une même médaille. »

En effet, la pensée technoscientifique ignore bien souvent les êtres, les gens et les cultures… La réalité humaine, c’est le réalisme trivial mais aussi l’imaginaire, le mythologique, l’affectif, mais l’économie est une science trop belle, car elle mathématise la réalité et donc avec des chiffres, on fait disparaitre la chair, le sang, les passions, les souffrances, les bonheurs, les cultures…

Bref tout ce qui fait que l’homme à la fois « naturel » et « sur-naturel », qu’il s’enracine dans la nature vivante, physique et qu’il en émerge et s’en distingue par la culture, la pensée et la conscience.

Par Joël Spiroux de Vendômois, Docteur en médecine
Presse contaminée (leplus.nouvelobs.com, 20 septembre 2012)


Consommation
Peut-on encore manger sans OGM ?

Interdits de culture en France, les OGM se retrouvent pourtant dans les assiettes des consommateurs via l’alimentation animale, friande de soja transgénique importé. Malgré les pressions du lobby agro-alimentaire, une petite victoire de transparence vient d’être obtenue. La mention « sans OGM » pourra désormais être accolée sur les produits qui en contiennent moins de 0,1%.

Interdits de culture en France depuis 2008, les OGM sont présents dans nos assiettes via l’alimentation des animaux que nous mangeons : 80% des 4,5 millions de tonnes de soja importé chaque année du Brésil pour nourrir les porcs et volailles (non bios) est transgénique ! Ce « détail » est rarement connu des consommateurs. Pour s’assurer de ne pas manger d’OGM, dont les risques sanitaires sont pointés du doigt par une toute récente étude, les consommateurs peuvent acheter bio. Des guides régionaux (en Bretagne, Normandie, Pays-de-la-Loire et région Centre) recensent par exemple les points de vente et producteurs commercialisant de la viande, et autres produits issus d’animaux nourris sans OGM. Greenpeace propose également un guide des produits avec ou sans OGM.

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Depuis le début de l’été, tous les consommateurs français peuvent bénéficier de cette transparence. Un décret, rédigé en janvier par le précédent gouvernement et publié le 1er juillet dernier, autorise la mention « sans OGM » sur les produits qui n’en contiennent pas. L’Allemagne, l’Autriche et l’Italie pratiquent déjà cet étiquetage spécifique. Des millions de macarons verts « nourri sans OGM » pour les viandes ou « issu d’animaux nourris sans OGM » pour le lait, les œufs, et les produits transformés ornent d’ores et déjà les rayons des magasins de l’hexagone. Une mention « sans OGM dans un rayon de 3 km » est prévue pour les ingrédient issus de l’apiculture.

Pourquoi un seuil de 0,1% d’OGM

Le seuil de détection retenu, pour obtenir cette mention est de 0,1% d’OGM, un seuil préconisé par le Comité économique éthique et social du Haut Conseil des Biotechnologies (HCB). C’est une petite victoire contre le lobby pro-OGM, qui s’est battu pour que le seuil de détection soit plutôt de 0,01%. Ce qui aurait rendu l’étiquetage inopérant. Les OGM étant présents de fait en Europe, une contamination est toujours possible. Peu d’enseignes ou de producteurs auraient alors pris le risque d’un déclassement de leurs produits suite à un contrôle qui aurait repéré des traces d’OGM au-delà de 0,01%.

Il n’y a pas qu’en Europe où l’information des consommateurs effraie les vendeurs d’OGM. Aux États-Unis, les rayons californiens pourraient voir débarquer très prochainement des étiquettes avec la mention « contient des OGM ». Soumise à l’avis des électeurs de Californie en novembre prochain, la décision pourrait faire tâche d’huile. Au sein des multinationales de l’agroalimentaire, c’est la panique ! Mais pourquoi, au fait, puisque les OGM sont tellement inoffensifs ?

Nolwenn Weiler, Basta !, 20 septembre 2012


OGM : comment les éviter dans notre assiette ?

La France est relativement protégée vis-à-vis des organismes transgéniques. Mais ils sont tout de même présents dans notre alimentation à l’état de trace.

Bonne nouvelle : « En France et dans les autres pays sous moratoire, nous sommes relativement protégés », rassure le Dr Joël Spiroux, co-auteur de l’étude sur la toxicité d’un maïs transgénique sur les rats. Reste que nous ne vivons pas non plus dans une bulle. Le point sur les expositions possibles.

En Europe, une partie seulement des produits contenant des OGM sont étiquetés

La réglementation mise en place en 2004 au niveau européen rend obligatoire un étiquetage signalant la présence d’OGM sur les aliments qui en contiennent plus de 0,9%. Elle admet entre autres la présence d’additifs alimentaires et d’arômes produits par des OGM, lorsque ceux-ci ne sont pas disponibles sur le marché sous une autre forme. Au-delà de 0,9%, les fabricants ont l’obligation de mentionner sur l’étiquette — en général en tout petits caractères — « issu de maïs génétiquement modifié ».

Les organismes transgéniques sont donc présents, soit à l’état de traces et non signalés, soit en plus grande quantité et signalés, dans certains produits transformés comme les huiles de soja, les corn-flakes, ou encore les sauces notamment importées des Etats-Unis. « C’est la partie émergée de l’iceberg », commente Aurèle Clémencin, en charge du développement de l’application d’information aux consommateurs Notéo. « La partie immergée, qui représente l’essentiel de la problématique, c’est la consommation indirecte, qui passe par l’alimentation animale ».

En France, on consomme des OGM indirectement

« Le soja et le maïs représentent une très grande proportion des cultures d’OGM et finissent en tourteaux et farines, quasiment impossibles à tracer », poursuit Aurèle Clémencin. Les cultures transgéniques sont interdites en France, mais 80% des animaux d’élevage consomment des céréales contenant des OGM, importés depuis le continent américain. Notamment du maïs NK 603, utilisé dans l’étude de Gilles-Éric Séralini.

Or les viandes et autres produits issus du règne animal (œufs, produits laitiers, biscuits…) ne sont soumis à aucune obligation d’étiquetage quand aux éventuelles traces d’OGM. Depuis le 1er juillet, certains commerçants indiquent toutefois sur les emballages « nourri sans OGM ». Pour les produits frais, on peut aussi demander des détails au distributeur.

Il existe des produits garantis « sans OGM »

La mention « sans OGM » signifie en réalité que la présence d’un éventuel organisme transgénique n’a pas pu être décelée via les techniques actuelles d’identification, qui permettent de les détecter à partir de 0,01% de présence. Les aliments « sans OGM » sont : les produits qui ne contiennent pas d’ingrédients susceptibles d’être génétiquement modifiés, évidemment, (un paquet de thé ne peut être étiqueté comme tel car il n’y a pas de thé génétiquement modifié sur le marché), les produits issus d’animaux étiquetés comme biologiques (label AB), certaines appellations d’origine de produits animaux, dont les cahiers des charges excluent l’utilisation de fourrage OGM pour la production laitière.

Quelques exemple de fromages qui n’en contiennent pas : Abondance, Comté, St Nectaire, Gruyère, Vacherin, Mont d’Or, Neufchâtel, Bleu de Gex, Tomme des Bauges, Tomme de Savoie, Beaufort, Rocamadour, Laguiole, Epoisse, et Reblochon. Des exemples de viandes : mouton Barèges-Gavarni et boeuf Maine-Anjou. « Label rouge s’est également engagé à nourrir les animaux sans OGM », précise Aurèle Clémencin. « Et dans la grande distribution, de nombreuses enseignes se sont engagées à bannir les OGM de l’alimentation animale, dans une sorte de front généralisé, par peur d’un nouveau scandale sanitaire ».

Et en voyage ?

En Europe, deux cultures OGM sont autorisées : le maïs MON 810 et la pomme de terre Amflora. Mais en vertu de la clause de sauvegarde activée au niveau européen en 2008, aucun OGM ne peut être cultivé sur le sol français. Six autres pays ont adopté la clause : l’Allemagne, l’Autriche, la Bulgarie, la Grèce, la Hongrie et le Luxembourg pour le MON 810, l’Autriche, la Hongrie et le Luxembourg pour l’Amflora, qui n’est quasiment plus cultivée.

Dans le reste du monde, c’est une autre affaire. 98 % de la superficie mondiale cultivée en OGM (160 millions d’hectares) se retrouve dans dix pays : les États-Unis, 43,1 % de la superficie ; le Brésil, 18,9 % de la superficie ; l’Argentine, 14,8 % de la superficie ; l’Inde, 6,6 % de la superficie ; le Canada, 6,5 % de la superficie ; la Chine, 2,4 %. D’ici 2015, on estime que la superficie totale des cultures génétiquement modifiées dans le monde sera de 200 millions d’hectares, avec en sus l’arrivée de nouveaux organismes comme le maïs tolérant à la sécheresse (en 2012) ou le riz Bt. Aux États-Unis, 80% de la nourriture américaine non bio contient des OGM.

Pour s’y retrouver

La liste Greenpeace, qui classe tous les produits de la grande distribution susceptibles de contenir des OGM (viande, crèmerie, plats préparés, aliments pour bébés…) selon qu’ils contiennent (en rouge) ou non (en vert) des traces d’OGM.

L’application Notéo, qui sortira fin novembre, notera l’ensemble des produits de la grande distribution selon des critères sociaux, environnementaux, sanitaire et budgétaires. La présence d’OGM sous forme de trace ou en plus grande quantité y sera précisée.

Presse contaminée (Morgane Bertrand, tempsreel.nouvelobs.com, 20 septembre 2012)


Des OGM cachés à tous les rayons

L’étude scientifique révélée mercredi rouvre le débat sur les organismes génétiquement modifiés. En Charente comme ailleurs, ils sont à peu près partout. Sans qu’on sache les quantifier.

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Patrick Rivolet et Joacquim Karras, membres du comité anti-OGM de Charente, montrent quelques produits susceptibles d’en contenir.

Il pourrait y en avoir à peu près partout: à la louche, dans huit produits de consommation courante sur dix. Trois ans d’une étude scientifique sans précédent viennent de rallumer la poudrière des organismes génétiquement modifiés (OGM). Révélées mercredi, les analyses menées par l’équipe du professeur Gilles-Éric Séralini sur des rats de laboratoire nourris pendant des mois avec des OGM  sont sans appel : « Ces organismes sont comme une bombe à retardement qui va nous exploser en pleine figure dans quinze ans », partage Patrick Rivolet, l’un des membres du collectif anti-OGM de Charente.

« On est bien incapable de quantifier »

Alors que toutes les analyses — quand elles existent — ne sont habituellement menées que sur trois mois et ne laissent rien apparaître de nocif, la démarche de l’équipe Séralini — déjà critiquée hier — démontre que c’est sur le plus long terme que les dégâts, sérieux, peuvent se faire sentir. « Les tumeurs constatées sur les rats sont effrayantes », s’inquiète Joacquim Karras, un autre membre du comité charentais. « Mais cette étude, en fait, ne nous apprend rien que nous ne sachions déjà, observe Patrick Rivolet. En revanche, elle donne du crédit scientifique à ce pourquoi nous nous sommes toujours battus. Elle montre que nous avions raison. »

Ce qui n’a rien de très rassurant. Parce que si on approfondit, on s’aperçoit que les OGM se cachent à peu près partout dans les rayons. Pour s’en convaincre, il suffit de faire un tour dans un hypermarché d’Angoulême, n’importe lequel, avec une liste établie par Greenpeace et téléchargeable sur son site à l’adresse guide-ogm.greenpeace.fr. L’organisme a recensé de nombreux produits de consommation courante — du pot de rillettes au paquet de gâteaux secs, en passant par les céréales, jambons, fromages, etc. — et classé chacun en fonction de leur élaboration avec une partie d’OGM ou non.

La colonne rouge est bien plus fournie que la verte. Mais il faut nuancer. « Cette liste est établie à partir d’un questionnaire adressé aux marques. On leur demande la transparence sur l’origine de leurs produits. Quand elles ne répondent pas, on considère qu’elles ont quelque chose à cacher », précise Patrick Rivolet.

Si on peut soupçonner la présence d’OGM, on est « bien incapable de la quantifier ». En principe, ça ne dépasse pas 0,9% du produit total. Car ce n’est qu’au-dessus de cette proportion qu’il est obligatoire pour les fabricants de faire acte de transparence. Il n’est donc peut-être pas utile de balancer l’intégralité du contenu de son placard et de son frigo après la lecture de cet article. Même si les puristes le martèlent : « Pour nous, le sans OGM, c’est 0% ; seule l’alimentation bio en apporte la garantie. »

L’étude du professeur Gilles-Éric Séralini a en tout cas l’avantage de rouvrir le débat. « Ça va certainement bouger après ça, pronostiquent les anti-OGM de Charente. Au moins au niveau de l’étiquetage. On devrait avoir plus de transparence. » Ce qui serait déjà un sacré pas en avant.

Presse contaminée (Benoît Caurette, CharenteLibre.fr, 21 septembre 2012)


Désobéissance
Ces paysans condamnés pour avoir fauché l’OGM NK 603

Il avait participé au fauchage d’une parcelle de maïs transgénique NK 603 dans la Vienne. Ce même maïs OGM pointé du doigt aujourd’hui pour ses effets toxiques par l’étude de Gilles-Éric Séralini et du Criigen. Une lettre sous scellé est parvenue le 14 septembre au domicile de François Dufour, producteur de lait dans la Manche, militant de la Confédération paysanne et élu régional.

L’agriculteur vient de recevoir l’ordre par huissier de verser 41’000 euros à Idémaïs, une petite société qui menait les essais pour le compte de la multinationale Monsanto. « Cette parcelle-là avait été déclarée illégale par le Conseil d’État quelques semaines après le fauchage », souligne François Dufour.

Lorsque la Cour d’appel de Poitiers rejuge les faits en février 2012, la Cour européenne de justice de Luxembourg et le Conseil d’État viennent d’invalider le moratoire sur les cultures OGM. François Dufour, vice-président Vert du conseil régional de Basse-Normandie, est alors condamné à une amende, en compagnie de son collègue José Bové, eurodéputé (EELV). Avec les sept autres faucheurs volontaires, « nous devons plus de 170’000 euros à Monsanto », confirme t-il. Malgré le pourvoi en cassation, les dommages-intérêts ne sont pas suspensifs.

La publication de l’étude scientifique indépendante menée par Gilles-Éric Séralini conforte les faucheurs volontaires. « Il est clair que nous avions raison depuis le début de mener ce combat-là contre ces plantes à poison, confie t-il à Basta !. Heureusement qu’il y a des scientifiques résistants et honnêtes, au service de la société ». À ses yeux, la simple application du principe constitutionnel de précaution impose une interdiction immédiate des produits incriminés, jusqu’au résultat d’études exhaustives sur le sujet. « En tant que paysan, mon rôle est de nourrir, pas d’empoisonner ! »

Sophie Chapelle, Basta !, 20 septembre 2012


Carcassonne. OGM : les Audois de la « Conf » avaient raison

Suite aux révélations de l’étude menée en France sur les dangers des OGM, la Confédération Paysanne dans l’Aude, mobilisée en janvier dernier contre la société Monsanto, ne veut pas en rester là.

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Inconnu du grand public jusqu’à hier, le professeur de biologie moléculaire à l’université de Caen, Gilles-Éric Séralini ne l’est pas dans l’Aude où les agriculteurs de la Confédération paysanne suivent ses travaux de longue date. Lorsque l’étude choc de ce chercheur montrant le risque accru de cancers chez les rats alimentés aux OGM a été rendue publique après sa publication dans la revue américaine Food and Chemical Toxicology, les responsables de la « Conf » dans le département, qui se battent depuis des années contre la culture des organismes génétiquement modifiés, ont été à demi surpris.

« Cette information est capitale, dit Robert Curbières. Elle remet en cause des pratiques industrielles que nous condamnons de longue date, malgré le soutien du syndicat FDSEA au productivisme ».

Moins d’un an après, c’était en janvier dernier (lire ci-contre), après l’occupation par les faucheurs volontaires des locaux du géant américain Monsanto à Trèbes, les adhérents de la Confédération paysanne vont-ils saisir la balle au bond, dans la foulée du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, qui a mandaté l’agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) ? « Nous sommes en pleines vendanges mais nous allons réagir. Ne rien faire à la suite des actions que nous avons mené dans le passé, maintenant que nous avons la preuve que l’agriculture industrielle est mortifère, serait dommageable ». Selon Robert Curbières, les adhérents de la Confédération paysanne dans l’Aude vont se consulter rapidement. Ils pourraient décider en début de semaine prochaine d’une action qui donnera un peu plus de résonnance aux conclusions terribles de cette étude sur le maïs génétiquement modifié.

Le premier Audois à avoir réagi est le député européen Éric Andrieu. Membre de la commission de l’agriculture et du développement au Parlement de Strasbourg, il a demandé une révision de la législation de l’Union sur l’évaluation des risques des OGM sur la santé publique, animale et de l’environnement. À la chambre d’agriculture de l’Aude, Guy Giva, son président, a déclaré : « Nous sommes sensibilisés aux problèmes de sécurité alimentaire. Si cette étude démontre par a + b qu’il y a danger, la sagesse impose de tout stopper ». La chambre consulaire confirme qu’il n’y a pas dans le département un seul are d’OGM en culture ou en semi. Il n’est pas interdit, cependant, d’acheter des OGM fabriquées ailleurs qu’en France pour l’alimentation des animaux. C’est tout le problème.

Carcassonne. les faucheurs volontaires chez Monsanto

Le 23 janvier dernier quelques 80 militants, faucheurs volontaires, apiculteurs, membres de la Confédération paysanne, avaient investi le site Monsanto à Trèbes. Au cours de cette opération minutieusement préparée, les anti-OGM avaient découvert plusieurs kilos de semence de maïs Mon 810, prêts à être commercialisés. Stockés sur le site depuis le début du mois de janvier, une partie des 1600 kg avait été en partie dispersée et mélangées à des semences traditionnelles.

Au cours de leur « perquisition citoyenne », les faucheurs volontaires avaient également découvert des semences génétiquement modifiées, apparentées elles aussi au Mon 810, qui avaient été traitées avec du Poncho, un insecticides systémique dont l’utilisation est prohibée en France. Son principe actif — la clothianidine — est le même que celui du Gaucho, interdit également dans l’Hexagone. Cette découverte avait alimenté un peu plus la polémique entre la « Conf » et les dirigeants de Monsanto.

Carcassonne. Le chiffre : 0
are>De maïs transgénique. La chambre d’agriculture confirme qu’il n’existe aucun semis et aucune culture d’OGM sur le territoire audois. Il n’existe non plus aucune déclaration d’essai de ce type obligatoire en mairie.

Presse contaminée (Christian Aniort, LaDepeche.fr, 21 septembre 2012)


OGM : crise aiguë à Bruxelles

Le dialogue a tourné court entre la directrice de l’Efsa, l’autorité de sécurité alimentaire européenne et Gilles-Éric Seralini, l’auteur de l’étude sur le maïs OGM NK603.

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À Bruxelles, le bras de fer sur les OGM ne fait que commencer.

Auditionnée par une poignée de parlementaires européens à Bruxelles en présence de Gilles-Éric Séralini, auteur de l’étude choc sur le maïs NK 603, la directrice de l’Efsa (Autorité de sécurité alimentaire européenne) Catherine Geslain-Lanéelle a certes confirmé que son agence procéderait bien à l’expertise de l’étude. Mais en gardant les mêmes experts qui avaient par le passé donné leur feu vert à ce même maïs NK 603.

Gilles-Éric Séralini a réagi vivement : « Pas question que ceux qui ont autorisé le NK 603 réalisent la contre-expertise de nos données. Il y aurait un conflit d’intérêt avec leur autorité et leur carrière ». D’autant, ajoute le Dr Joël Spiroux, co-auteur de l’étude, que les conflits d’intérêt étaient alors nombreux au sein de l’Efsa et à l’intérieur du « Panel OGM ».

Résumé : Gilles-Éric Séralini est d’accord pour une expertise de l’Efsa à condition que les experts soient renouvelés de telle manière que ceux-ci ne soient conduits à devoir se contredire. La directrice de l’Efsa ne l’entend pas de cette oreille. Elle refuse le renouvellement de ses experts. Sa positon, c’est « Je maintiens. Tout ».

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Vidéo – Les commentaires de la directrice de l’Efsa à la sortie de son audition

Blocage total à Bruxelles

Corinne Lepage, député européenne et en charge de la Commission de l’environnement au Parlement de Strasbourg, est très remontée. D’autant plus qu’elle s’est vue opposer un autre refus clair et net sur sa proposition de voir mener par l’Efsa des études comparables à celle de Séralini : c’est-à-dire sur des rats pendant toute leur vie.

« Catherine Geslain-Lanéelle m’a répondu, confie Corinne Lepage, que les études sur trois mois ou au cas par cas étaient suffisantes. C’est inadmissible ! On recommence à tourner en rond ! »

Le blocage est donc total car pour mener à bien son expertise, l’Efsa a besoin que Gilles-Éric Séralini lui communique les données brutes de son étude. À tout prendre, il dit préférer une « expertise internationale » pour lever toutes les suspicions.

L’Anses en arbitre

L’intransigeance de la Directrice de l’Efsa illustre la position extrêmement délicate de Bruxelles. Entre le principe de précaution qui régit le droit européen, les règles du commerce international et les pressions des États-Unis, le chemin est étroit. D’autant plus étroit que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a lui-même durci le ton en déclarant que « si le danger de l’OGM NK 603 était vérifié, la France défendrait au niveau européen son interdiction ». En se fondant sur l’avis de l’Anses (Agence de sécurité alimentaire française). Sous-entendu, en zappant celui de l’Efsa…

Quand le Nouvel Observateur annonçait que suite à la publication de l’étude Séralini, la crise serait politique, scientifique et sanitaire, nous étions assez proche de la vérité. C’est désormais une crise franco-européenne qui se profile. Ce soir a lieu la première projection privée du film de Jean-Paul Jaud Tous Cobayes ?, adaptée du livre de Gilles-Éric Séralini. Il ne faut pas être grand clerc pour prévoir que la tension va encore monter d’un cran.

Presse contaminée (Guillaume Malaurie, tempsreel.nouvelobs.com, 20 septembre 2012)


OGM : l’auteur de l’étude refuse une contre-expertise de l’agence européenne des aliments

Selon le professeur Séralini, l’EFSA se mettrait en conflit d’intérêt, puisque c’est elle-même qui a autorisé la mise en vente du maïs transgénique incriminé.

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Gilles-Éric Séralini à Bruxelles le 20 septembre 2012.

Le chercheur français Gilles-Éric Séralini, auteur d’une étude alarmante tendant à démontrer la toxicité des OGM, a dénié jeudi toute autorité à l’EFSA, l’agence européenne chargée de la sécurité des aliments, pour mener une contre-expertise sur ses recherches. « Il n’est pas question que ceux qui ont autorisé le (maïs transgénique de Monsanto) NK 603 réalisent la contre-expertise de nos données, car il y aurait un conflit d’interêt avec leur autorité et leur carrière », a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse au Parlement européen à Bruxelles avec l’eurodéputé française Corinne Lepage.

L’EFSA est l’agence compétente au niveau européen en matière de sécurité des aliments et ses avis conditionnent les autorisations de commercialisation et de mise en culture des organismes génétiquement modifiés. Elle a été saisie mercredi par la Commission européenne et « si des faits scientifiques nouveaux sont démontrés, nous en tirerons les conséquences », a assuré Frédéric Vincent, porte-parole du commissaire européen à la Santé, John Dalli, chargé du dossier des autorisations de mise en culture et de commercialisation des OGM.

« Nous avons demandé à l’EFSA de rendre son avis aussi rapidement que possible et nous espérons l’avoir pour la fin de l’année », a-t-il indiqué. Mais pour que l’EFSA puisse rendre un avis rapidement, elle doit obtenir de Gilles-Éric Séralini « la communication des données brutes de son étude », a-t-on souligné de source européenne.

Corinne Lepage a modéré la prise de position du chercheur français. « Nous ne voulons pas sortir de l’EFSA, mais nous ne voulons pas que ceux qui ont autorisé les OGM réalisent cette contre-expertise », a-t-elle déclaré. Corrine Lepage fait référence aux scientifiques membres du panel OGM au sein de l’EFSA.

L’eurodéputée et le chercheur, tous deux membres du CRII-GEN, le comité d’information indépendante sur le génie génétique, ont dénoncé les conflits d’interêts au sein de l’agence. Plusieurs membres du conseil d’administration de l’EFSA et plusieurs scientifiques ont en effet des liens étroits avec l’industrie agroalimentaire. L’EFSA peut faire appel à des experts toxicologues qui ne sont pas membres du panel OGM pour crédibiliser cette contre-expertise.

L’étude réalisée par l’équipe de Gilles-Éric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l’Université de Caen (France), a été menée sur deux ans et démontre que des rats nourris avec du maïs génétiquement modifié ont été frappés au bout de treize mois par des pathologies lourdes, notamment des tumeurs.

Le professeur Séralini et Corine Lepage ont réclamé « l’interdiction immédiate du NK 603 à l’importation et le réexamen de toutes les autorisations d’OGM et de pesticides ».

Ils ont également demandé « la généralisation des études sur deux ans » pour les demandes d’autorisations et jugé que la durée de 90 jours proposée par la Commission « ne sert à rien ».

Une première réponse de l’UE dans l’attente des résultats de la contre-expertise pourrait être la suspension de l’autorisation de mise sur le marché accordée au NK-6O3 en 2004. Mais « aucun État n’a demandé cette mesure », a indiqué la Commission.

Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a annoncé jeudi que si le danger des OGM était vérifié, la France « défendrait au niveau européen » leur interdiction.

Presse contaminée (Liberation.fr, 20 septembre 2012)

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