[Chronique de Youv derrière les barreaux] Partie 66 – « Il y avait peu de différence entre un jeune qui galère en bas de sa tour et un lascar qui tourne en rond en promenade »

Partie 66

La vie n’était pas un long fleuve tranquille, surtout pour ceux qui prenaient des risques, pour fuir la France des sous-sols c’était pile ou face ça passe ou ça casse. J’ai de la chance d’avoir une nouvelle passion qui est l’écriture, ma plume va m’éviter de monter sur un fourgon blindé, armé d’un lance-roquettes en pleine autoroute. Pour certains, ces paroles peuvent être de la fiction mais ça n’a rien d’un film Facebook [c’est la] réalité, mets-toi juste à la fenêtre de ta cité, mate en bas, tu verras cinquante Oumar en puissance, la cité est peuplée de jeunes déterminés prêts à faire exploser les compteurs d’un RS4 à 300 km/h lors d’une course-poursuite sur une nationale les feux éteints. Ça fait belle lurette que la prison ne faisait plus peur parce que de toute façon on était comme enfermés dehors, contrôles d’identité à répétition, perquises, tirs de flash-ball exactement comme en taule. Il y avait peu de différence entre un jeune qui galère en bas de sa tour et un lascar qui tourne en rond en promenade.

Un jour qu’on allait se mettre en place à 6 heures du mat devant un casse, une voiture de la BAC, se met à notre hauteur et nous demande de nous mettre sur le côté, gyrophare allumé dès qu’on les a vus on a tous enfilé nos cagoules, on a mis le gyrophare et c’était parti pour le Paris-Dakar. Une course-poursuite de dingue s’est engagée dans les petites ruelles de campagne, avec notre RS4 ils ne faisaient pas le poids, avec leur Ford Mondeo au moteur gonflé mais bientôt ils furent rejoints par deux autres voitures « Subaru ». La poursuite a continué jusqu’à sur l’autoroute A13, ils étaient coriaces ils voulaient pas nous lâcher, quand soudain j’ai dit à Minipouce qui était au volant de sortir à la prochaine station-service, je savais que quelques kilomètres plus loin nous attendait un péage et ils y avaient sûrement placé un barrage donc une fois sortis à la station-service je lui dis de re-rentrer dans l’autoroute mais en sens inverse, les feux éteints en pleine nuit sur la bande d’arrêt d’urgence, on prenait d’énormes risques mais je voulais pas retourner à Bois-d’Arcy. La police a stoppé immédiatement la poursuite pour éviter un carnage sur l’autoroute, une fois qu’on les avait semés on a caché la voiture dans une grange abandonnée, en pleine nuit sac de sport à la main on a marché le long de la voie ferrée pour éviter de nombreux barrages qu’ils avaient mis en place, on a choisi une direction au hasard par chance c’était la bonne, trois heures de marche et on arrive à Mantes au lever du soleil, on avait échappé une fois de plus à la taule.

On vivait à cent à l’heure, on se répétait souvent « DÈS QU’ON A LE MILLION CHACUN, ON SE RANGE ». Mais pour le million fallait taper un Brink’s ou jouer au loto comme je ne croyais pas au hasard, j’avais misé sur la tirelire à quatre roues, je savais que c’était à notre portée de main, j’avais tout mis en place mais il a fallu qu’un fils de lâche entre dans cette cabine publique et compose le numéro des condés.

Pas de justice pas de paix donc ma flamme n’était pas prête de s’éteindre de sitôt, puisque leur injustice persistait bientôt neuf piges que je suis enfermé dans cette cage pour des faits que j’assume à 100 % même si je ne le referais pas le combat continue, je continuerai à dénoncer leurs exactions jusqu’à mon dernier souffle à l’encre de ma plume, ce système totalitaire est injuste. LES GENS PARTENT MAIS LES ÉCRITS RESTENT.

Beaucoup fantasment sur la vie de youv, veulent sortir et mettre sur leur tableau de chasse un vrai de vrai, un bonhomme parmi les bonhommes mais quand la lumière s’éteindra et quand le film sera fini, peu assumeront le revers de la médaille, les parloirs à répétition pendant des années alors que quelques mois plus tôt c’est à son bras que tu t’exhibais fièrement, les talons faits main de chez Louboutin à 2000 euros, tu as manqué de rien en sa compagnie, tu savais tout de lui, il ne t’a rien caché, tu t’engageais dans cette relation en connaissance de cause mais le temps t’a eue, tu as refait ta vie dans les bras d’une imitation qui t’abandonnera tous les soirs pour voler au secours d’une femelle à qui il dit je t’aime, tu l’apprendras et le quitteras si tu en as le courage, le temps a passé tu retourneras à la case départ pendant ce temps le youv fait des pompes, s’endurcit et fait le tri de qui est qui, et une fois dehors il contemplera l’étendue des dégâts, son ex est devenue l’ombre d’elle-même.

LES ÉPREUVES FORGENT UN HOMME, ON VIT QU’UNE FOIS DONC FAIS LE BON CHOIX, LE TEMPS LUI NE PARDONNE PAS.

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