Partie 64
Les braquages c’est tout ce que je savais faire, des gros sous dans l’illégalité c’était mon taf, j’ai jamais travaillé de ma vie, mon nom n’a jamais figuré en haut d’une fiche de paye, j’étais mon propre patron, je prenais aux riches pour ma propre pomme, on n’était jamais mieux servi que par soi-même. Quand j’allais sur Paris dans certain quartier huppé que l’on surnommait le Triangle d’or, la richesse des uns éblouissait mes yeux de banlieusard, je me disais pourquoi pas moi, qu’est-ce qu’ils avaient de plus que nous ? Certains sont nés avec une cuillère en or dans la bouche et d’autres sur un parking de Lidl LOL, l’écart entre les deux était trop grand, j’étais pas d’accord avec tout ça, je voulais bousculer le destin et arracher la cuillère en or avec les dents. J’en avais marre des kebabs, panini du centre commercial, j’avais faim, faim de réussite par tous les moyens.
L’oseille on était prêts à tout pour l’avoir, c’était mon seul vice, le pouvoir de l’argent sévissait partout et même jusqu’en prison, il te suffisait de voir les cellules de certains pour savoir combien ils pesaient, les mecs qui n’avaient rien t’avais vite fait le tour de leur cellule, des posters de filles nues sur le mur, paquet de Gauloises et boîte de Ricoré sur la table, c’était tout ce qu’ils possédaient, le moral perdu depuis des années à errer dans les couloirs de l’administration, des zombies qui parlaient tout seuls, la raison ils avaient perdu ils se réfugiaient dans la folie pour fuir leur propre peine. J’ai même croisé un mec qui se prenait pour Napoléon Bonaparte, qui faisait des discours tout seul dans sa cellule, pire encore un renoi pour désenvoûter la cellule a inondé le couloir en criant des invocations inventées par sa dinguerie, le manque d’argent peut amener à la folie, j’en étais témoin chaque jour, L’ARGENT NE FAIT PAS LE BONHEUR MAIS IL Y CONTRIBUE.
J’avais 19 ans, ils venaient de me virer du quartier jeunes car j’étais trop agité à leur goût pour me punir genre ils m’avaient amené au grand quartier, j’étais au F3 à Bois-d’Arcy et au-dessus de moi c’était les isolés total, mais à l’époque je ne le savais pas encore, c’était la première fois que je mettais les pieds chez les anciens. Le soir de mon arrivée y a mon voisin du dessus qui m’a appelé en tapant avec le pied sur le sol, j’ai sorti mon miroir pour voir son visage et il me dit : « Allô t’es un arrivant ? » je lui réponds que non j’étais un revenant LOL, on a entamé une discussion à laquelle j’ai vite mis un terme car il fallait que je range ma cellule et c’est là qu’il m’a dit : « Excuse-moi cousin ce soir est-ce que tu peux m’envoyer la gamelle ? » moi ça me posait aucun problème si je faisais pour un je pouvais faire pour deux. Deux heures plus tard je l’appelle puis il me descend sa veste qu’il tenait par la manche et je lui ai mis dans la poche, dans une brique de lait vide qui me servait de Tupperware, des pâtes à la bolognaise. Je mange à mon tour puis m’allonge devant la télé pensant que la soirée était finie, mais le mec du dessus me rappelle en furie et furieux et me dit en hurlant : « Tu voulais m’empoisonner ou quoi ? Je vais porter plainte et je vais faire analyser tes pâtes par un juge, c’est les matons qui t’avaient placé en dessous de moi pour m’assassiner » wallah des barres de rire. Le lendemain j’ai appris que toutes les personnes qui étaient au-dessus de moi étaient niquées du cerveau et que ce mec-là en particulier avait stocké une cinquantaine de gamelles dans sa cellule comme pièces à conviction pensant qu’il y avait un complot des matons et de la DST « service secret » pour le liquider LOL.
QUI ÉTAIT FOU ET QUI NE L’ÉTAIT PAS ? JE PENSE QU’ON L’ÉTAIT TOUS MAIS À DES DEGRÉS DIFFÉRENTS 😉