Égypte : Autodafé maquillé en « lutte contre les étals anarchiques » à Alexandrie
La deuxième ville d’Égypte, s’est réveillée Vendredi dernier (jour de congé hebdomadaire en Égypte) sur un spectacle des plus désolants, celui de dizaines de milliers de livres (dont des livres anciens, de valeur) jetés pêle-mêle à travers la chaussée avenue Nabi Daniel.
Renseignements pris, il s’agissait du fruit d’une descente de la police locale commanditée par le nouveau préfet de la ville pour officiellement, éradiquer les étals anarchiques qui a tout cassé sur son passage sans aucun commentaire de ou explication de sa part.
Cette thèse a été confortée par le chef local de la Police, le général Khaled GHARABA dans une interview au journal Shourouk news égyptien parue ce jour, où il précise que les étals détruits étaient anarchiques et gênaient l’activité des commerçants légitimes.
Cette thèse est contestée par de nombreuses composantes de la société civile égyptienne qui y voit un début de campagne menée par les islamistes au pouvoir pour bannir les supports de la culture occidentale trop laïque à leurs yeux.
Le parti « Addoustour » a fait savoir via un communiqué repris par la presse locale son refus de telles manœuvres les assimilant à des attaques barbares sur la culture alexandrine et les qualifiant de « séisme culturel ».
Le communiqué du parti ajoute que les kiosques détruits n’ont rien d’anarchiques vu qu’ils avaient été construits par l’État et qu’ils avaient été revendus aux commerçants à raison de 5000 livres à l’époque.
Cet avis semble partagé par la jeunesse de la ville qui y voit des ressemblances troublantes avec les incidents d’autodafé des œuvres d’Ihsan Abdelkoddous et les agressions des grands de la culture égyptiennes par les islamistes. Les jeunes sont d’ailleurs descendus dans la rue de la ville hier samedi pour manifester leur colère en compagnie de groupes d’étudiants et des commerçants sinistrés.
Ils exigent la restauration des kiosques et l’indemnisation des commerçants en jetant leur colère sur le préfet de la ville qui est souvent absent de sa juridiction, selon eux, comme ce fut le cas vendredi et samedi derniers.
Cette anecdote a, pour nous Tunisiens, un parfum de déjà vu ; un préfet fraichement débarqué voué corps et âme au parti au pouvoir, une police qui lui obéit au doigt et à l’œil, La société civile et la population locale qui crie son désarroi sans pouvoir faire quelque chose de plus, et à la solde, une culture si chèrement acquise qui risque d’être jetée aux oubliettes !
Publié par des ennemis de la révolution (Tunisie Numérique, 9 septembre 2012)