Policiers agressés à la barre de fer : du ferme pour les parents
Intervenant mardi dans un quartier sensible pour un vol de scooter, trois agents agressés à coups de barre de fer.
Les mots d’excuse lancés du bout des lèvres en fin d’audience, hier soir, n’ont pas infléchi la position du tribunal. Les parents de l’ado de 14 ans [L’adolescent de 14 ans a été mis en examen hier et remis à un éducateur. Son complice du vol, 18 ans, a écopé hier de six mois avec sursis pour la tentative de violence.] à l’origine du début de lynchage de trois policiers par une foule hostile, mardi à Montpellier dans le quartier sensible des Cévennes, ont payé la note de cette agression. Moussa A…, 37 ans, a écopé de deux ans de prison, dont un ferme, et sa femme Oumtamour, 34 ans, a été condamnée à six mois ferme. Mais contrairement à son mari, elle n’a pas été incarcérée.
“Au lieu de laisser la police faire son travail pour une interpellation basique, ils vont frapper les agents et ils ont failli créer une émeute ! Beau travail éducatif !”, a déploré le vice-procureur Philippe Vermeil.
Cette affaire illustre la difficulté pour les policiers d’intervenir dans certaines cités. Mardi, ces flics en civil de la Bac (brigade anticriminalité) ont voulu stopper deux jeunes qui s’apprêtaient à cacher un scooter volé. L’un a été menotté, l’autre, 14 ans, s’est rebellé et a appelé à l’aide ses parents alors qu’une trentaine d’autres jeunes présents à l’épicerie voisine ont rappliqué.
Le récit des victimes est précis. La mère, puis le père ont tout fait pour libérer leur fils : l’homme a déséquilibré un agent, l’a frappé au visage, a donné des coups de poing et de pied, tentant même de le mordre et de s’emparer de son arme de service… L’ado a fini par s’enfuir pour mieux revenir avec une barre de fer. Il a frappé à l’aide de celle-ci deux policiers, tout comme un autre individu, lui aussi armé d’une barre de fer, mais qui n’a pas été interpellé.
“En dix ans de Bac, ce policier n’a jamais connu une telle violence”
Le père a également cassé le doigt d’un troisième agent de la Bac volant au secours de ses collègues d’une “reprise de volée” dans la main. La curée sur les policiers, à trois contre trente, a duré un interminable quart d’heure avant que les renforts n’interviennent. Les blessures ont été sérieuses mais limitées (hématomes, oreille suturée, doigt cassé…).
“Le père, c’était une boule de nerfs”, explique une victime dont l’avocate rappelle “qu’en dix ans de Bac à Montpellier, ce policier n’a jamais connu un tel déferlement de haine et de violence”.
Le profil du prévenu détonne pourtant. Moussa A…, Soudanais, réfugié politique installé en France depuis trois ans avec sa femme et ses cinq enfants, n’avait jamais fait parler de lui. Dans le box, sa ligne de défense – la même que sa compagne – est maladroite. Aidés par un interprète, ils affirment ne pas avoir compris qu’il s’agissait de policiers. Alors que ces derniers, certes en civil, avaient arme et menottes à la ceinture, les brassards fluos orange “police” aux bras et qu’ils ont décliné leur identité à plusieurs reprises.
“J’ai voulu défendre mon fils”
“J’ai voulu défendre mon fils qui était à terre”, dit la mère, petite femme menue vêtue de noir et voilée. ”J’ai voulu les éloigner de mon fils mais j’ai pas tapé de policier… Si j’ai fait quelque chose, j’étais pas conscient”, s’embrouille le père. Avant de promettre au tribunal, au sujet de celui par qui tout est arrivé : “Mon fils est difficile, mais je ferai le nécessaire pour éduquer mes enfants comme il faut.” Ce qui ne l’a pas empêché d’écoper d’une peine d’exemplarité.
Publié par des larbins de la maison Poulaga (Yanick Philipponnat, MidiLibre.fr, 1er septembre 2012) via Le Chat Noir Émeutier