Partie 33
Adolescent plongé dans la violence pure et dure, avec une scolarité inexistante issu d’une cité là où les hyènes étaient rois, j’ai grandi dans les geôles de l’administration pénitentiaire j’ai fêté mes 18 ans devant une assiette de pâtes au thon, dans une cellule insalubre avec deux compagnons de misère j’en rigole avec le temps alors que le commun des mortels en pleurerait, qui aurait cru que dix ans plus tard serai toujours entre neuf mètres carrés à retracer, raconter ma vie de fou, on voulait prouver au monde qu’on était là que l’on existait par tous les moyens, on était des vrais soldats, personne ne pouvait nous arrêter, si on m’avait donné le tuyau j’aurais formé une équipe pour sauter les coffres de la Banque de France avec les dents, j’avais faim de réussir, faim de vivre, je voulais la place que j’aurais toujours dû avoir, on méritait mieux que nos taudis de Mantes-la-Jolie, j’étais fier de venir de banlieue, je l’ai toujours revendiqué, mais je voyais bien que les politiques nous avaient tourné le dos, ils nous prenaient pour des incultes on dit la France d’en bas, mais moi j’opterais plus pour la France des sous-sols tellement on vivait dans des endroits inadmissibles, pour nous réussir, c’était ouvrir un sandwich grec ou un taxiphone même nos rêves étaient à l’étroit, ouvrir une pizzeria était le best-of de nos rêves, des barres wallah ils nous ont eus jusqu’à dans notre subconscient, nos moindres sous étaient investis dans haram ou au mieux dans un grec acheté à huit LOLLL rares étaient ceux qui osaient investir au-delà de nos tours HLM pourtant c’était pas les jeunes ambitieux qui manquaient dans nos rues, comme j’ai déjà dit si on mettait 10 % de l’énergie que l’on met dans le haram on serait tous blindés.
J’ai passé la première partie de ma vie entre la prison et le braquage quand tu me cherchais j’étais soit en taule soit en train de préparer un casse, je sais pas d’où me vient cette rage de vaincre mais elle m’a servi à me surpasser à survivre à des événements qui sans elle m’auraient foudroyé, j’ai hâte de retrouver la liberté, l’air pur me manque infiniment tellement j’ai des projets je ne sais même pas par quoi commencer, j’arriverai jamais assez à remercier mes proches qui m’ont soutenu durant les nombreux transferts mes sœurs, toujours fidèles au poste, ma mère ma moitié, sans eux je n’existerais pas, on choisit pas sa famille, si j’avais eu le choix je n’aurais rien changé, je veillerai sur eux toute ma vie comme ils ont veillé sur moi.
Que j’écrive une chronique personne ne s’y attendait à part ceux qui me connaissent vraiment ils ne seront pas étonnés d’entendre que du fin fond de ma cellule j’utilise ma plume pour faire partager mon expérience c’est pas parce que j’étais à l’ombre que j’étais mort ou enterré, j’ai des choses à dire, fallait que je fasse trembler les murs de ma grotte j’ai trop d’énergie, trop pour rester à ne rien faire c’était pour moi un devoir quitte à prendre des énormes risques et les conséquences je les assumerai mais c’est que le début d’une longue aventure, j’ai toujours aimé le risque ça a toujours fait partie de moi.
« JE PRÉFÉRERAIS MOURIR QUE DE FERMER MA GUEULE » ÊTRE ENFERMÉ NE JUSTIFIE EN AUCUN CAS LA SOUMISSION, la fierté, notre mental, c’est tout ce qu’il nous reste, la justice nous avait mis à poil, moi je n’étais pas une imitation youv ou racaille, je faisais pas semblant d’être un enragé, la rébellion je l’avais dans le sang, même au mitard avec quarante-cinq jours, je criais mon désaccord avec ce système, même si mes cris étaient impuissants, ils avaient le mérite d’exister, seuls les traîtres les imposteurs, les imitations, finissaient par retourner leur veste.
SUR LE CHEMIN DE LA TRAHISON IL N’Y A QUE LE FLEUVE DE LA HONTE À TRAVERSER.