Partie 23
J’ai toujours été du côté des marginaux du faible du prolétaire (travailleur pauvre) les mecs que jeune je kiffais c’était Al Capone, Lucky Luciano, la bande à Baader, Action Directe, tous ces gens me fascinaient ils osaient se dresser contre l’État désobéissaient respectaient personne je me reconnaissais dans leur délire quand les mecs de tess bandaient sur ce toxico de Scarface moi c’était le Che, Martin Luther King le FLN algérien tous les combattants tous ceux qui étaient prêts à donner leur vie pour leur cause inconsciemment j’avais une conscience politique plus tard en promenade je rencontre le leader de Action Directe (groupe anarchiste français qui ont fait trembler l’État dans les années 80) malgré vingt-cinq [ans] de taule toujours fier et solide j’ai appris beaucoup avec lui… Un jour un ancien d’mon quartier a vu que j’étais pas un jeune comme les autres j’avais pas d’attache pas d’poteau pur et dur j’m’associais [à] aucune bande trop sauvage pour être dompté le grand m’a dit une phrase « OUMAR T’ES UN VAILLANT MAIS TON COMPORTEMENT VA TE CRÉER PLEIN D’ENNEMIS DONC SI TU VEUX PERCER DANS LA RUE FAUT PAS QUE LES GENS ONT PEUR DE TOI FAUT QU’ILS TE CRAIGNENT RESPECTENT MÉFIE-TOI DE TOUT L’MONDE MAIS SI ÇA TESTAIT SOIS PRÊT À TOUT PERDRE FAUT QUE TA RIPOSTE SOIT SANS LIMITE… » J’ai gardé tous ces conseils dans un coin d’ma tête qui me serviront plus tard… Au début j’canalisais ma haine dans la boxe taekwondo j’devais être toujours prêt en cas d’embrouille trop conscient que l’on était pris pour des moutons on vivait mais on comptait pour du beurre nos parents étaient humiliés tous les jours dans les administrations il en faut pas plus pour conditionner et révolter un jeune déraciné Y A DES COLÈRES QUI SONT SAINES… À chaque fois qu’un truc n’allait pas automatiquement on était montrés du doigt… Un jour au collège on devait faire un stage je ne voulais pas l’faire mais le principal convoque mon daron donc obligé d’m’y plier ils me trouvent un stage au fin fond de Limay (78) pendant quinze jours tout se passe bien pour que mes rempas kiffent j’me tiens à carreau mais pendant la pause à chaque fois j’prenais la pause avec une daronne gitane je la kiffais on tapait des barres elle faisait l’ménage dans les vestiaires quand mon stage c’est fini j’retourne au collège fier mais deux jours après je suis convoqué chez le principal qui m’accuse d’avoir volé un portefeuille dans les vestiaires SUR ALLAH J’Y ÉTAIS POUR RIEN…
Je me suis fait virer comme un malpropre j’avais une petite idée sur la personne qui avait emprunté le portefeuille LOL mais je garde ça pour moi 🙂 là j’ai compris qu’ils avaient pas besoin d’preuve pour nous condamner j’avais pas besoin [de] ça pour me révolter en plus mon daron m’a tué wallah gratuit mais miskina ma daronne me croyait quand j’disais que c’était pas moi toute façon la mama [a] toujours protégé son fiston même dix ans plus tard signé toujours présent dans les parloirs des quatre coins d’la France ON CHOISIT PAS SA FAMILLE MAIS J’REMERCIE ALLAH D’M’AVOIR DONNÉ UNE TELLE MÈRE PROTECTRICE… MA MÈRE JE L’AIME ET JE L’AIMERAI TOUJOURS SANS LIMITE… Déjà qu’on est des fous alors imaginez-nous sans daronne sans repère c’est pas des banques que j’aurais braqué LOL personne ne pouvait nous raisonner en cas d’embrouille c’est ou tu es avec nous ou contre nous ça existait pas d’être neutre fallait vite choisir son camp… Ça fait trois mois que je suis à Bois-d’Ar toujours avec mon poteau Kamel pompes gamelle tel toujours rythment nos journées… Y avait un renoi du 93 qui descendait jamais en promenade mais qui insultait tout l’monde par la fenêtre son surnon c’était Kirikou il connaissait le prénom [de] tout l’monde dès qu’il voyait un mec il l’appelait puis il l’insultait un jour wallah il m’a insulté pendant une heure j’ai cassé tous ses carreaux mais j’avais le seum de pas pouvoir l’attraper… Un jour le maton nous casse la tête et nous envoie à la douche à 7 heures du mat on y va dégoûtés à 7 heures c’était le créneau des pointeurs bon on n’avait pas l’choix on y va et devinez qui je vois de dos qui prenait sa douche ? « KIRIKOUUU » c’était d’la boucherie je lui ai mis la serviette sur la tête et on l’a lynché à poil MDR c’était pour tous les mecs qu’il avait insultés et bizarrement depuis on l’a plus entendu c’était d’venu un gentil garçon LOOL ce jour-là des barres le maton avait tout vu mais a fermé les yeux sur le carnage parce que Kirikou insultait même les matons donc on a rendu service à tout l’monde en piétinant cet insolent… La prison était remplie de détraqués que leur place n’était pas en taule mais en hôpital psychiatrique j’[en] ai même vu un jour manger ses excréments baaahh laisse tomber des trucs de ouf faut pas s’plaindre si des mecs comme ça récidivent violent et tuent faut les soigner à l’hôpital au lieu d’ça ils tournent toute leur peine en promenade.
J’ai jamais su si la prison était fait pour te changer ou te casser si son but premier était pas de détruire un homme humilié… Un jour alors que j’étais au mitard ça faisait trente jours et un maton a ouvert la porte et m’a dit FOUILLE j’ai tapé scandale parce que ça faisait trente jours que j’étais au mitard donc trente jours que j’étais pas sorti ni croisé personne je dis au maton « SÉRIEUX À PART M’HUMILIER ME METTRE À POIL À QUOI TE SERT DE ME FOUILLER ? » le maton s’attendait pas à ça du coup m’a pas fouillé mais par contre il fouille la cellule il trouve des longues tiges enroulées de sacs poubelle il me demande ce que c’est et je tente un coup d’bluff je lui dis « C’EST DES GRIGRIS DU SÉNÉGAL » MDR c’était du salami d’la mortadelle conditionnés en tiges façon merguez plastifiés avec des sacs poubelle pour qu’ils passent dans les p’tits trous d’aération du mitard que mes potes m’avaient envoyés LOL wallah fallait voir la tête du maton quand j’ai dit grigri il a lâché direct MDR… MALGRÉ QUE L’ON EST ENFERMÉ LA VIE CONTINUE UN CLOWN RESTE UN CLOWN DEHORS OU DEDANS :-).