[Chronique de Youv derrière les barreaux] Partie 8 – « J’ai jamais su comment la société voulait faire ressortir un mec meilleur alors qu’il a purgé sa peine dans un tel lieu dégradant »

Partie 8

Ça faisait plus de deux ans que j’étais incarcéré à la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy, j’étais au grand quartier (quartier majeurs) fini le bâtiment jeunes.

J’avais 22 ans mais je connaissais tout le monde j’étais apprécié.

Ceux qui ne m’aimaient pas étaient ceux que j’avais pliés en cour de promenade il y avait trop de fanfarons de mecs qui jouaient les thugs… mais après enquête il s’avère que c’étaient des violeurs.

Quand cela se savait c’était une vraie boucherie au moins trente sur un seul mec wallah ça lui a coupé l’envie de recommencer cela était radical on les avait castrés.

On pouvait trouver de tout en promenade c’était la cour des miracles y avait des fous qui ramassaient et mangeaient des mégots de clope, des mecs qui parlaient tout seuls et j’ai même entendu lorsque j’étais au mitard (cellule de punition sans télé radio ou meuble seulement quatre murs sales, ça puait la pisse, c’est vraiment un endroit inhumain wallah même les rats ils se sauvent de là MDRRR) un mec qui s’est perdu dans la folie en direct…

C’était la misère humaine dans tous les sens du terme j’ai jamais su comment la société voulait faire ressortir un mec meilleur alors qu’il a purgé sa peine dans un tel lieu dégradant, qu’il a été humilié des MILLIERS de fois avec les fouilles corporelles à poil sans plus aucune dignité fallait être fort pour surmonter tous ces sévices brimades y a pas le choix soit tu en ressortais cassé ou renforcé peu de gens en ressortaient renforcés de la prison…

J’étais tombé cette fois pour des grosses affaires de vol à main armée, prise d’otage association de malfaiteurs en bande organisée.

Je savais que je partais pour des années, que cette fois-ci j’allais manger une peine de dinosaure une peine à deux chiffres notre affaire avait fait du bruit dans le 78 mais bon fallait assumer les conséquences de notre détermination la BRB (brigade répression banditisme) avait mis le paquet pour nous attraper.

Mais vous le saurez plus tard.

J’étais en cellule avec un mec de Mantes je lui mettais des raclées à PES 2003 (jeu foot Playstation) MDR.

Pompes Play gamelle et bigo était notre quotidien dans 9 mètres carrés des privilégiés comparé à d’autres la cellule était remplie à ras bord de cantine (nourriture) j’étais un pilier des mecs de Mantes.

Les jeunes me respectaient parce que moi je faisais pas de différence grand ou petit tant qu’il était brave je lui donnais la bravoure n’avait pas d’âge je faisais pas partie des grands qui prenaient les petits pour des clowns, je savais que les petits d’aujourd’hui seraient les grands de demain.

Mon codétenu s’appelait « Nina » je savais pas d’où lui venait ce surnom LOL la cellule c’était un cimetière télé fixée sur une barre en fer fixée au mur torticolis tu attrapes si tu regardes trop ils avaient mis en hauteur, fenêtre quadrillée barreaux et grillage.

Le ciel tu le regardais derrière des barbelés mais avec le temps on s’y habitue on n’y fait plus attention, nos journées étaient réglées comme une boîte à musique.

Le programme télé annonçait le moral de la semaine si c’était semaine Ligue des champions méchante semaine LOL.

À cette époque on recevait plein de parachutes (objets jetés par-dessus le mur de mecs de l’extérieur) téléphones shit viande même des médicaments.

Les matons fermaient les yeux sur certains trafics c’était la foire en cour de promenade il pleuvait des parachutes sur chaque parachute y avait le prénom du destinataire.

Tout le monde même le plus gros K-sos avait son téléphone ils ont même attrapé un jour chez une nourrice (victime qui garde les téléphones dans sa cellule) neuf téléphones wallah c’était trop.

On avait ce qu’on voulait c’était Chicago au temps d’Al Capone MDR.

Jusqu’au jour où un mec qui s’est fait tabasser en promenade décide de se venger et tente de se faire jeter en parachute un calibre…

Et comme par hasard le calibre n’atteint pas la cour de promenade mais tombe au pied du maton OULALAAAA…

Fini la belle vie ils nous ont mis un filet pour prolonger la hauteur du mur on avait tous la haine plus de parachute.

Le mec avait grillé la prison tout le monde voulait sa peau, il a été transféré c’était mieux pour ses fesses…

Donc fallait que je trouve un autre moyen pour rentrer des téléphones j’ai eu une idée c’était de creuser un double fond dans des chaussures et d’y mettre le tel.

J’en parle à mon pote dehors qui me fait la paire de chaussures et pour la rentrer je demande à un mec de me rentrer des chaussures au parloir.

Mais bien évidemment sans lui avertir de la présence des tel.

Il accepte mon poteau dépose les pompes chez le mec le jour où j’ai eu le parloir c’était le suspense dans la cellule Nina et moi étions tout excités parce que si ça passait c’était le bon plan…

16 heures retour du parloir BIIIINGOOO c’est passé crème on était heureux ça avait marché jusqu’à aujourd’hui le mec ne sait toujours pas qu’il avait deux tel dans ses pieds MDR.

Un frère muz qui m’aimait bien m’avait parlé d’une cachette en or c’était sous les carreaux de carrelage on creusait un trou sous le carrelage à la cuillère on a mis quinze jours à faire un trou de la taille d’une boîte d’allumettes, et on recollait le trou avec du dentifrice pour que l’illusion soit parfaite on amenait du sable de la promenade pour boucher les trous.

On a été fouillés au moins quarante fois de fond en comble mais rien les matons voyaient que du feu tellement on avait pris la confiance de un on est passés à trois tel dans la planque on était sûrs à 100 pour 100 qu’ils trouveraient rien donc ils pouvaient fouiller tant qu’ils voulaient mais ils avaient un indicateur fiable qui leur disait que sûr j’avais un tel.

Donc les matons lâchaient pas l’affaire ces enfoirés c’était leur taf donc ils nous fouillaient sans relâche ça les occupait…

Une nuit vers 23 heures huit matons essayaient d’ouvrir la porte de la cellule mais ils avaient du mal parce qu’on avait bloqué la porte avec des briquets, j’ai juste eu le temps de mettre le tel enroulé à une serviette avec un nœud que j’ai jetée sous ma fenêtre pile poil la porte s’ouvrit :

Le maton : FOUILLE BOUGEZ PAS.

Moi : Qu’est-ce qui se passe vous avez craqué ou quoi ?

Le maton : Où est le téléphone ?

Moi : Vous êtes des grands malades y a pas de tel et y en a jamais eu vous pouvez fouiller.

Ils fracassent la cellule Tchernobyl la nourriture en miettes la sape par terre des vrais chiens mais j’étais content ils avaient rien trouvé dès qu’ils sont partis j’ai attaché à l’extrémité d’un yoyo (drap coupé en lamelles qui sert à s’envoyer de la nourriture par la fenêtre) une fourchette dont j’avais replié les dents en crochet pour qu’il me serve d’hameçon j’ai repêché la serviette avec le tel qui était sous ma fenêtre cette nuit-là était mouvementée mais elle finit bien.

Un samedi alors que je rentre du parloir je vois ma porte grande ouverte le directeur et tous les chefs devant ma cellule.

J’avais compris qu’ils avaient trouvé ce qu’ils cherchaient depuis un an trois téléphones dissimulés sous le carrelage j’ai jamais compris comment ils les avaient trouvés mais bon on les a bien fait danser pendant un an j’ai pris les trois téléphones sur mes côtes je blanchis totalement mon codétenu il y était pour rien.

J’AI ÉCOPÉ DE QUARANTE-CINQ JOURS DE MITARD MAIS PAS LE CHOIX FAUT LE FAIRE JE LES AI FAITS…

C’EST UN AVANT-GOÛT DE CE QUI VOUS ATTEND DANS MES PROCHAINES CHRONIQUES SI VOUS ÊTES FIDÈLE…

(COMMENTEZ PARLEZ ENTRE VOUS LE MUR DE LA CHRONIQUE VOUS APPARTIENT JE VEUX VOS AVIS SUR TOUT CE QUE J’AI FAIT) 🙂

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