Nord : licenciés, ils menacent de mettre le feu à des produits chimiques
Pour protester contre la mise en liquidation de leur usine, ils menacent de mettre le feu à des bidons de produits dangereux. Les 53 salariés d’un site de stockage de produits chimiques d’Orchies, dans le Nord, demandent la renégociation de leurs indemnités de départ, ou leur reclassement. Ils occupent le site de MGF Logistique, qui appartient au groupe G7, depuis le début de la semaine.
7000 palettes de produits dangereux sur le site
Des négociations avec la direction, qui a quitté les lieux, ont débuté jeudi après-midi par l’intermédiaire de la direction départementale du travail. Elles ont duré jusque tard dans la nuit. Elles concernent l’octroi de primes extra-légales et la reprise de certains salariés par un prestataire, selon Sébastien Béhague, délégué CGT. La direction et les salariés ne se sont pas entendus notamment sur le montant d’une enveloppe globale pour les salariés non repris, a expliqué de son côté Corrine Douay, salariée et membre du CE. « On a négocié le calme pour demain (vendredi) », a-t-elle ajouté, précisant que le blocage continuerait toutefois jusqu’à la reprise des négociations prévue lundi.
Le site, classé « Seveso bas », stocke des produits d’entretien et des peintures pour automobiles. Dans l’après-midi, certains salariés ont disposé, face aux quais de déchargement, des palettes, dont l’une comporte quatre fûts de 200 litres de produit inflammable. Et pour montrer leur détermination, ils en ont fait brûler plusieurs. Depuis le toit de l’entreprise, des salariés ont crié : « Rousselet (PDG du groupe G7), viens négocier où on fait tout brûler ! ». Selon les salariés, il y aurait 7000 palettes de produits dangereux sur le site. Selon Sébastien Béhague, la direction a quitté les lieux et le liquidateur judiciaire a demandé aux salariés de faire de même.
Des salariés désabusés, prêts à « tout faire péter »
« C’est en train de dégénérer. S’il faut en arriver là et tout faire péter, ils vont le faire », avertit un ouvrier, qui explique cette situation par le « ras-le-bol » des employés. « On demande à partir la tête haute », explique Sébastien Béhague. « Des salariés sont pratiquement au bord du suicide. Certains ont des crédits à la consommation, certains ont acheté une maison avec un crédit sur 30 ans, qu’est-ce qu’ils vont faire ? » s’interroge l’un des salariés Kadda Boukhari.
L’avocate du comité d’entreprise, Me Anne Duriez, affirme « comprendre la colère et le désespoir des salariés car on s’est moqué d’eux » et demande au groupe de « dédommager les salariés pour ce qu’il leur a fait ». Elle invoque une « filialisation frauduleuse qui a permis à MGF Logistique de se désintéresser des salariés (…) après avoir promis qu’il n’y aurait pas d’incidence sur l’emploi. Cet abandon des salariés est doublement choquant car le groupe le fait payer par la collectivité. »
Le patron met en cause les troubles sociaux
Le directeur général adjoint de MGF Logistique Allan Underwood a rappelé que le CE d’Orchies avait été débouté par la justice de toutes ses démarches contre la filialisation, intervenue tardivement sur ce site du fait de troubles sociaux. Selon lui, le groupe a investi à Orchies 15 millions d’euros ces cinq dernières années mais le site perdait 100.000 euros par mois du fait du retrait de certains clients. Selon lui, les troubles sociaux découragent les repreneurs potentiels.
MGF Evolutions comprend sept sites en France. Celui d’Orchies a été filialisé le 1er avril, pour être placé en redressement judiciaire le 4 juillet, sans attendre la date du 13 août fixée pour le dépôt d’offres de reprise, car les salaires ne pouvaient plus être versés, explique Sébastien Béhague. Un autre site nordiste de la société, à Anzin, serait également en redressement judiciaire.
Presse abusive (LeParisien.fr avec l’Agence Faut Payer, 26 juillet 2012)