[Fête antiflic à Digne-les-Bains] « Maintenant que vous vous êtes amusés, il est temps de payer l’addition ! »

Une addition salée pour trois des émeutiers majeurs de Digne

Ils ont été condamnés hier à des peines allant de trois mois à deux ans ferme avec mandat de dépôt à l’audience.

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Mes Anne Chiarella, Laurent Villegas et André Pelissier, assuraient hier la défense des trois prévenus interpellés la veille et jugés hier en comparution immédiate.

« Maintenant que vous vous êtes amusés, il est temps de payer l’addition ! » Lance en prélude à ses réquisitions le procureur Gaury à l’encontre des trois jeunes Dignois jugés hier pour leur participation active aux scènes d’émeute qui avaient éclaté à l’issue de la fête de la musique à Digne-les-Bains.

« J’ai simplement suivi le mouvement de groupe »

Interpellés la veille au petit matin, avec plusieurs autres individus dont des mineurs, les trois jeunes gens font profil bas dans le box des prévenus. Seul Steven H…, sans emploi et en récidive légale, connaît les affres de la geôle, les deux autres, n’ont jamais été condamnés. Tony V… étudie la comptabilité, Anthony B… est employé dans un hypermarché, deux profils de jeunes gens sans histoires jusqu’à cette nuit de la fête de la musique où tout a basculé.

Sans raison « Par bêtise, j’ai simplement suivi le mouvement de groupe », déclare B… tandis que V… dit s’être « laissé entraîner par la foule ». Tous deux regrettent leur attitude.

Une bouteille de vodka et quelques joints

Ils assurent par ailleurs n’avoir bu aucune boisson alcoolisée contrairement à H… qui affirme avoir descendu ce soir-là une bouteille de vodka pratiquement d’un trait après avoir fumé quelques joints. De quoi oublier une partie de ses faits et gestes, notamment parmi les plus graves comme les jets de pierres en direction des policiers.

« Je ne me souviens pas ! », précise-t-il à la présidente Wacongne alors qu’une vidéo sur un réseau social le montre en pleine action. « J’ai bu, je suis sorti et j’ai jeté des chaises, c’est tout ce dont je me rappelle ! » Outre les violences et les destructions de biens, H… est également prévenu de détention de stupéfiants. Lors de son interpellation les policiers avaient en effet retrouvé à son domicile des barrettes de cannabis et des espèces.

« Des implications lourdes et certaines »

« Ces trois individus ne sont pas des boucs émissaires, on ne les a pas ramassés par hasard pour faire un exemple », note le procureur Gaury avant de saluer l’enquête de police qui a débouché sur « des implications lourdes et certaines » pour ces prévenus et des mineurs qui seront jugés ultérieurement. Pour M. Gaury, « ces faits ne peuvent être banalisés et ramenés au simple produit d’un entraînement de la foule » et selon lui « il y a une décision volontaire de chacun de participer à ces événements ».

« Un rattrapage éducatif »

Et le procureur de requérir en raison de ses antécédents et de son état de récidive légale 3 ans de prison à l’encontre d’H… et une peine de 15 mois dont 6 avec sursis pour V… et B… « Il ne venait pas en découdre, pour casser du flic, ce n’est pas un sauvageon ! » lance Me Villegas pour la défense de V… « âgé de 18 ans les bras levés ».

Et l’avocat, après avoir insisté sur « le mouvement collectif » lors de cette nuit d’émeute, de demander pour son client « un rattrapage éducatif » non pas en prison mais sous la forme d’un sursis et mise à l’épreuve avec un travail d’intérêt général. « N’en faites pas une victime ! » « les responsables majeurs de cette émeute ne sont pas là » avant de souligner que B… « n’a rien prémédité » et que « si le tribunal veut marquer le coup, il ne doit pas empêcher ce jeune homme de se réhabiliter. Il n’a rien à faire dans une maison d’arrêt ! »

30’000 € de dégâts

Pour la défense d’H…, Me Pelisier a pointé « une identification peu précise » et s’est d’ailleurs « insurgé » car « on a identifié les moins malins, les petits lascars sachant courir et se dissimuler ». L’avocat relève aussi que « les trois prévenus n’ont fait que prendre le train en marche » et qu’il convient donc de savoir « qui l’a démarré ? » Quant au fait que son client soit considéré comme un trafiquant de drogue « il y a des gens qui ont plus d’envergure que lui », a assuré Me Pelissier.

Au terme d’un court délibéré, le tribunal a reconnu la culpabilité des trois prévenus, condamné à 2 ans de prison ferme H… et à 3 mois V… et B… avec mandat de dépôt pour les trois jeunes gens. L’audience sur les intérêts civils — 30’000 € de dégâts constatés —, a été fixée au 21 novembre.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Philippe Dubernard, LaProvence.com, 5 juillet 2012)

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