[Château-Renault] Pôle emploi travaille

Il menaçait les agents de Pôle emploi

Maçon au chômage, Dominique R…, 54 ans, n’appréciait pas les méthodes de Pôle emploi. L’homme, mécontent de la baisse de ses indemnités de chômage, a créé de nombreux incidents dans les locaux de Pôle emploi à Château-Renault (Indre-et-Loire).

Le 8 juin, encore, il a jeté des courriers à la tête de la conseillère avant de menacer de prendre un fusil et de liquider tout le monde. Les agents, terrorisés, avaient consigné tous ces incidents où, à chaque fois, l’homme jurait de s’en prendre à eux et parfois aux membres de leurs familles.

« C’est vrai que je suis très nerveux », reconnaissait l’homme, jeudi, lors de sa comparution au tribunal. « Les conseillers d’Amboise ne veulent plus aller à Château-Renault », expliquait le responsable de l’antenne Pôle emploi. Dans ses réquisitions, la procureure de la République, Delphine Amacher, soulignait, elle aussi, les craintes des agents de Pôle emploi face au comportement menaçant du chômeur.

« Il a pris conscience de la peur qu’il a provoquée chez les victimes, indiquait Me Cajado, l’avocate de la défense. Ses paroles étaient menaçantes mais son comportement n’a jamais été agressif. Il n’a jamais eu l’intention de mettre ses menaces à exécution. »

Le tribunal a néanmoins condamné Dominique R… à huit mois de prison dont quatre avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans. Les magistrats ont ordonné son incarcération.

Leur presse (lanouvellerepublique.fr, 19 juin 2012)

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Une réponse à [Château-Renault] Pôle emploi travaille

  1. Les trois syndicalistes qui passent en procès suite à une action à Pôle emploi doivent être relaxés ! dit :

    Un chômeur vient d’être condamné à huit mois de prison dont quatre mois fermes puis incarcéré car « il menaçait les agents de Pôle emploi » de Château-Renault (La nouvelle République, 19.06.2012).
    Toute mise en cause du fonctionnement de Pôle emploi doit-elle finir devant les tribunaux ? En prison ?

    Trois syndicalistes de la CNT passent en jugement ce 22 juin à 9h à la 29eme chambre correctionnelle du Palais de Justice de Paris, suite à une action dans un Pôle emploi du XIe arrondissement de Paris, le 20 mars dernier.

    Les trois syndicalistes qui passent en procès suite à une action à Pôle emploi doivent être relaxés !

    LA SOLIDARITE EST UNE ARME. Face au chômage et la précarité, unissons-nous et battons nous.

    Le 20 mars dernier le syndicat CNT Culture-spectacle a organisé dans un cadre interprofessionnel une action syndicale au Pole Emploi du 11e arrondissement de Paris. La CNT entendait dénoncer le mépris et la stigmatisation des chômeurs qui est à l’œuvre dans le débat public. Une permanence syndicale sauvage s’est organisée à l’intérieur des locaux permettant d’échanger autour d’un café avec les chômeurs présents, de les informer sur leurs droits et sur les recours possibles face aux radiations, aux trop-perçus ou aux difficultés d’inscription [1]. Notre intervention a permis de résoudre un cas de décision arbitraire de Pôle emploi dans un dossier de trop perçu [2]. Sous la pression, la direction a reçu une usagère, accompagné par deux militants [3]. Nous avons permis à cette jeune femme de constituer un dossier de recours devant la commission paritaire qui a décidé le lendemain de l’action d’annuler sa dette et de pouvoir ainsi mener à nouveau une vie normale débarrassé de la menace des huissiers.

    Nous diviser pour mieux nous contrôler

    La solidarité mis en œuvre ce jour là, est la hantise du Pole Emploi. En effet, la direction du Pôle emploi donne pour consignes en cas d’action ou d’occupation d’appliquer des directives strictes invitant les responsables locaux à appeler la police, fermer l’agence et invoquer le « droit de retrait » des agents [4]. Derrière ces procédures, l’objectif de fermer des espaces de discussion collective entre usagers mais également avec le personnel [5] se double d’une volonté de division.
    En brandissant la menace du blocage, le Pôle Emploi entend monter les usagers les uns contre les autres et tuer dans l’œuf tout début de contestation collective. Lors de cette action, la direction locale a appliqué à la lettre cette méthode. Trois camarades qui revendiquaient davantage de justice sociale ont été interpellés et inculpés [6] après avoir subi l’agression physique d’un usager qui a frappé une adhérente qui participait pacifiquement à l’action.

    Police emploi est l’arme du capital

    Nous tenons à rappeler que les chômeurs sont les premières victimes de la crise provoquée par les politiques libérales [7] et les rétablir dans ce statut consiste à dénoncer les discours politiciens dégueulasses qui chercheraient à les faire passer pour des profiteurs, des fainéants, des parasites sociaux [8]… Les parasites, les profiteurs ce sont eux : boursicoteurs, grands patrons aux salaires démentiels, banques, politiciens véreux… qui utilisent le chômage et la précarité comme une arme pour nous diviser, diminuer les salaires et dégrader nos conditions de travail.
    Pour en finir avec ces logiques infernales de culpabilisation [9], de flicage et de division nous appelons les chômeurs, les précaires et les salariés à s’unir contre la répression et à imposer une véritable répartition des richesses.

    Nous exigeons la relaxe des trois syndicalistes qui passeront en jugement le 22 juin 2012 à 9h et appelons à venir les soutenir lors de l’audience à la 29eme chambre correctionnelle de Paris.

    Union locale CNT Chelles
    Permanence syndicale tous les mercredis de 18h à 20h, au 1 bis impasse Emilie, 77500 Chelles
    Contact : ul.chelles.mlv [at] cnt-f.org

    Premiers signataires : CNT-RP, Collectif de chômeur-se-s et précaires de Lille (CCPL 59), CIP-idf, La Coordination Révoltée des Invisibles Solidaires Enragé-e-s (C.R.I.S.E) à Nancy, CNT-Syndicat de Travailleurs et Précaires 77, Union Locale CNT Chelles & Marne la Vallée, CNT Santé Social RP, CNT-Syndicat Unifié du Bâtiment, Union Syndicale Solidaires 93, SUD Santé-Sociaux 93, SUD-Solidaires Pôle Emploi Ile de France, Droit Au Logement, Réseau Stop Précarité, Alternative libertaire, Fédération Anarchiste, Nouveau Parti Anticapitaliste Paris, Recours radiations, SNU Pôle emploi IDF, Chômeurs rebelles CGT du Morbihan, Mouvement des chômeurs et précaires en lutte de Rennes (MCPL),…

    Notes : les articles cités ci-dessous se trouvent (sauf exception mentionnée), sur http://www.cip-idf.org/

    [1] Voir Pôle emploi : déjouer les convocs pour « entretien téléphonique », les radiations, le suivi… ainsi que Jurisprudence : Pôle Emploi enfin condamné pour insuffisance d’information et, par exemple, Pôle emploi : Radiation et indû annulés par l’action collective Porte d’Auteuil.

    [2] La plupart des indus sont non seulement arbitraires et illégitimes mais aussi illégaux, voir« Répétition de l’indû », Unedic zone de non-droit. Comme il s’agit de centaines de milliers de décisions, il est vraisemblable que la nécessité finisse par entraîner des procédures contre Pôle, voir une saisissante synthèse sur le rapport au droit, à la légalité et aux institutions chargées de la mettre en œuvre de ceux qui refusent de se laisser gouverner. La logique ici décrite peut s’appliquer partout où « ayant-droits » et collectifs bataillent sur des litiges en matière de droit social : Se défendre, de Michel Foucault.

    [3] La loi garantit aux usagers des institutions sociales la possibilité de se faire accompagner lors de leurs démarches, voir les Articles 24 et 25 de la Loi n° 2000-321 du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations.

    [4] Voir cette circulaire Pôle Emploi de septembre 2010, suite à la grève des chômeur-ses de 2010 (voir Ni emploi forcé, ni culpabilisation, ni management, grève des chômeurs ! ), intitulée »Conduite à tenir en cas de manifestation sur un site »(http://ccpl59.over-blog.com/article-la-circulaire-pour-les-pole-emploi-a-diffuser-99377794.html).

    [5] La direction craint par dessus tout que la frontière érigée entre ceux qui sont placés de part et d’autre du guichet soit franchie, voir, par exemple Lettre ouverte de quelques précaires aux conseillers de Pôle Emploi, Mcpl, Rennes.

    [6] Pôle emploi menace, par voie d’affiche dans chaque agence, tous ceux qui n’acceptent pas la manière dont ils sont traités et le font savoir et s’essaie à judiciariser les conflits dont son fonctionnement est l’enjeu voir Outrage à Pôle emploi : Moi, personne quelconque de nationalité de hasard, déclare avoir été témoin des faits suivants ainsi que Outragé, Pôle emploi mord la poussière.

    [7] L’évidence d’un libéralisme du capitalisme n’en est en fait pas une, voir La mort du libéralisme, de Laurent Jeanpierre.

    [8] Voir ce florilège de propos de droite et de la gauche de droite en faveur de l’idéologie du travail : Abjecte sarkophagie travailliste : « Le travail, c’est la liberté, le plein emploi est possible ».

    [9] Sur les ressorts actuels de cette culpabilisation et sur la fonction de cette dernière : « L’implication de la subjectivité dans l’économie néolibérale, la fabrication du « capital humain » s’expliquent précisément par l’économie de la dette. Le capitalisme contemporain, d’une part, encourage les gouvernés à s’endetter (aux États- Unis, où l’épargne est négative, on contracte tous genres de crédits à la consommation, pour acheter une maison, pour poursuivre ses études, etc.) en ôtant à l’endettement en général toute charge culpabilisante ; d’autre part, il culpabilise individuellement les citoyens en les rendant responsables des déficits publics (de la Sécurité sociale, de l’Assurance-maladie, de l’Assurance-chômage, etc.), qu’ils sont invités à combler en sacrifiant leurs droits sociaux. Cette incitation à contracter des crédits et cette obligation de faire des sacrifices pour réduire le déficit des dépenses sociales ne sont pas contradictoires, puisqu’il s’agit d’installer les gouvernés dans un système de dette infinie : on n’en a jamais fini avec la dette dans le capitalisme financier, tout simplement parce qu’elle n’est pas remboursable. » Extrait de Dette objective et dette subjective, des droits sociaux à la dette.

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