[Combs-la-Ville] « Nike le CEF »

Combs-la-Ville. Les délinquants saccagent leur centre éducatif fermé

Nouvel incident au centre éducatif fermé (CEF) de Combs-la-Ville. Tagué, vandalisé par ses jeunes occupants, l’établissement est à nouveau contraint de fermer ses portes.

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Combs-la-Ville, hier. Sept mineurs délinquants multirécidivistes du centre éducatif fermé (CEF) ont été arrêtés pour avoir saccagé leur établissement dans la nuit de mardi à mercredi. Selon le procureur de Melun, Bruno Dalles, le montant des dégâts serait de 25'000 €.

C’était l’effet Cocotte-minute tant redouté par le syndicat du personnel. Vers 0h30 dans la nuit de mardi à mercredi, les sept mineurs délinquants multirécidivistes placés au centre éducatif fermé (CEF) de Combs-la-Ville ont saccagé leur établissement.

« Ils l’ont tagué, ils ont cassé les vitres des chambres et des cuisines, dont certaines étaient en double, voire triple vitrage… décrit Jean-Michel Tavan, directeur de l’Association de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence (Adsea 77), qui gère le site. C’est monté en puissance, avec une dynamique de groupe. La situation devenant trop risquée, le nouveau directeur a décidé d’appeler la police. Heureusement, les jeunes ne s’en sont pris qu’au matériel, pas au personnel. »

Montant des dégâts : « 25’000 € », précise Bruno Dalles, le procureur de Melun. Quant aux sept mineurs du CEF, ils ont été arrêtés par les policiers de Sénart. « Leurs gardes à vue ont été prolongées », ajoute le procureur. « Le centre n’est plus fonctionnel. Il ne peut plus accueillir de jeunes pour l’instant », regrette Jean-Michel Tavan. La chancellerie a indiqué que « la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) a ordonné une inspection ».

Tout a commencé à cause d’un jeune que les éducateurs ont trouvé en possession d’un téléphone portable. Or le règlement intérieur interdit les portables, l’alcool, la drogue…

« Le personnel lui a pris son appareil. Le jeune ne l’a pas supporté » et les incidents ont démarré, portés par un effet de bande avec les six autres résidants, raconte Jean-Michel Tavan. « Ce qui est arrivé ne nous étonne pas, confie le syndicat majoritaire du personnel, SNPES-PJJ-FSU 77. Les jeunes sentent qu’ils sont envoyés dans ce type d’établissement comme un placement-sanction, pas comme une mesure de protection et d’éducation. Résultat, ils n’adhèrent pas. Et les CEF concentrent les pires situations, les profils les plus difficiles. La Seine-et-Marne a besoin d’un foyer, avec des mesures éducatives, pas d’un CEF. » De son côté, le ministère de la Justice annonce que « la PJJ et l’Adsea 77 envisagent toutes les solutions pour accompagner les personnels et leur proposer des compléments de formation si besoin ».

« Ces incidents sont regrettables et condamnables, mais c’est normal qu’il y ait de gros moments de tension et de difficulté dans un lieu de privation de liberté où sont placés des jeunes au parcours très compliqué, estime Guy Geoffroy, député et maire (UMP) de Combs-la-Ville, fervent défenseur des centres éducatifs fermés. Les problèmes survenus sont peut-être aussi liés au durcissement — bienvenu — des conditions d’encadrement, au changement de direction consécutif à l’affaire précédente. Quoi qu’il en soit, les CEF restent une alternative à la prison, un atout supplémentaire pour les jeunes. Sans ces centres, ils seraient incarcérés. »

Des incidents en série depuis l’ouverture

13 septembre 2011. Le premier centre éducatif fermé (CEF) de Seine-et-Marne est inauguré à Combs-la-Ville par le président Nicolas Sarkozy. Installé dans la zone d’activités de la Borne-Blanche, au milieu d’une zone logistique, il accueille jusqu’à 12 mineurs délinquants multirécidivistes de 14 à 17 ans. Ils y sont placés par la justice pour six mois à un an, encadrés par 28 éducateurs, infirmier, psychologue…

Automne 2011. Un adolescent du centre est accusé d’avoir grièvement blessé une prostituée dans le bois de Boulogne avec une arme blanche lors d’une sortie provisoire accordée par la direction du CEF, sans consultation du juge.

Novembre 2011. Les admissions de jeunes sont suspendues durant trois semaines. Une source proche des éducateurs évoque « un personnel au bout du rouleau, complètement débordé ». La direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) parle d’un manque temporaire de personnel dû à « une conjonction d’arrêts de travail et de mutations ».

Février à mars 2012. Le CEF ferme ses portes durant deux mois. Des résidants ont dégradé les lieux, des proches se sont introduits en franchissant l’enceinte pour les approvisionner en stupéfiants et la direction peine à recruter les effectifs nécessaires. Les jeunes sont envoyés dans d’autres centres.

30 mai 2012. Les sept résidants du centre se rebellent après la confiscation du téléphone portable de l’un d’eux. Ils cassent plusieurs vitres et taguent le bâtiment. La police est appelée à la rescousse et interpelle les sept jeunes.

Presse délinquante multirécidiviste (Marine Legrand, LeParisien.fr, 31 mai 2012)

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Une réponse à [Combs-la-Ville] « Nike le CEF »

  1. tolar dit :

    La nuit prochaine, entre 300 et 350 détenus de la maison d’arrêt du centre pénitentiaire du centre-ville de Nantes, ouvert il y a 145 ans, seront transférés vers une nouvelle prison flambant neuve, située à Carquefou. Celle-ci offrira une capacité de 570 places, dont un quartier des femmes réservé à un maximum de 40 détenues. La surface d’une cellule simple y sera de 10,5 m², celle d’une cellule double, de 13 m². L’ancienne prison sera, elle, nettoyée et désinstallée avant d’être remise à un service, chargé de trouver preneur pour cet édifice situé dans un quartier en pleine mutation.

    Tags : Nantes prison maison d’arrêt transfert détenus

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