[Police partout] Grand bouleversement au sommet de l’État : le portrait officiel de Big Brother a changé de moustache

Le renseignement français doit pouvoir être contrôlé

(…) Bernard Squarcini (…) a finalement été limogé, mercredi 30 mai (…)

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1338393953.jpgEn créant la DCRI, Nicolas Sarkozy avait lancé un « machin » emballé et vendu comme un contrepoids : la délégation parlementaire au renseignement, confiée à quelques élus estimés pour leur discrétion. Une délégation comme une coquille vide, et vidée de tout moyen, dont la mission laisse pantois le chaland-citoyen : « suivre l’activité générale et les moyens des services spécialisés » en s’assurant qu’aucune information qui lui soit transmise puisse « porter ni sur les activités opérationnelles de ces services, [ni] les instructions données par les pouvoirs publics, [ni] le financement de ces activités ». Dans la foulée de l’affaire Merah, l’un des responsables de ladite délégation l’avait d’ailleurs reconnu devant les caméras, avec ce sourire qu’arborent les vendeurs qui n’ont plus rien en stock : « On n’est pas là pour fliquer les services. »

Or c’est bien le problème. En matière de renseignement, la République n’a pas oublié secrets d’État, droit divin et autres lettres de cachet (avec les fiascos que l’on connaît en matière de lutte antiterroriste, de Tarnac à Montauban-Toulouse) : il n’y a rien pour contrôler les services. Rien pour surveiller les surveillants. Rien pour savoir, avec précision, où va le 1,2 milliard d’euros annuels alloués à la DCRI, la Direction générale de la sécurité extérieure, la Direction de la protection et de la sécurité de la défense, la Direction du renseignement militaire, et autres succursales. Rien pour débattre de la notion même de « secret défense » brandie comme un « circulez, il n’y a rien à voir ». Rien pour discuter infiltrations, fonds secrets, écoutes téléphoniques, fadettes, dont l’usage exponentiel démontre la (dé) mesure. Prenons Merah : un fou de Dieu, un infiltré, une taupe ?

Il est hélas probable que rien ne change. D’abord parce que la gauche au pouvoir n’a jamais été en reste, question braderies sur les principes (Irlandais de Vincennes, Renseignements généraux longtemps renforcés, etc.) et qu’elle a remisé, depuis belle lurette, ce qui faisait son cœur de cible : la défense des libertés individuelles et collectives. De plus près, ce n’est guère mieux : récemment, un des think tanks du Parti socialiste a préconisé qu’on ne touche surtout pas à la vitrine DCRI ; le magasin doit rester ouvert, et avec les mêmes pratiques, tout juste pourrait-on jouer sur les horaires et corriger les marges.

Quant au candidat Hollande, son programme était beau comme une fin de déballage marchand, quand ne restent que les miettes. Il se limitait à « engager une vaste réflexion » sur le renseignement en France. Il suffit de relire le dépliant pour comprendre. Réflexion. Engager. Vaste. Ça sent la fin de série.

Et dire qu’en octobre 2011 une instance avait pourtant ouvert la voie. Elle disait que « le contrôle judiciaire et parlementaire revêt une importance cruciale pour l’État de droit et la démocratie. Cela s’applique aussi, et surtout, aux services dits spéciaux dont les activités sont généralement tenues secrètes. Les services de renseignements et de sécurité de l’État (…) ne doivent pas être dispensés de rendre compte de leurs actes, sous peine de voir émerger une culture d’impunité néfaste qui minerait le fondement même des institutions démocratiques ». C’était dans une petite échoppe de rien du tout : l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, résolution 1838. Il serait bon d’y aller faire un tour.

Presse aux ordres des Services (« David Dufresne, journaliste », LeMonde.fr, 30 mai 2012)

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Une réponse à [Police partout] Grand bouleversement au sommet de l’État : le portrait officiel de Big Brother a changé de moustache

  1. Jérémy dit :

    Bonjour,

    Je me permets de vous contacter car nous venons de lancer un débat qui pourrait sûrement vous intéresser, et je vous convie donc à y prendre part afin d’exprimer votre point de vue et faire progresser le débat :

    Comme le remarque dans une récente tribune publiée par Le Monde, le journaliste et candidat aux législatives pour le Parti pirate David Dufresne, le renseignement est devenu résolument «présidentialiste». C’est à dire placé sous la tutelle de l’Élysée, recevant ses ordres directement du cabinet présidentiel. Tout particulièrement depuis la création de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) par Nicolas Sarkozy.

    Faut-il qu’une autorité publique contrôle les services secrets ? (http://www.newsring.fr/societe/935-faut-il-quune-autorite-publique-controle-les-services-secrets)

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    Si vous avez des questions, n’hésitez pas à me recontacter.

    Bien à vous,

    Jérémy
    Community Manager Stagiaire à Newsring.fr

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