[« Vive la bourgeoisie »] « Des jeunes qui ne veulent pas travailler et viennent afin d’échapper à toute obligation »

Rennes-les-Bains (Aude). Entre « marginaux » et locaux, la tension monte dans le village

Une quinzaine de pneus crevés dans la nuit de samedi à dimanche, et un peu partout en ville des tags — vite effacés — scandant un ironique « Vive la bourgeoisie », ou un plus convaincu « Vive l’anarchie ». Depuis quelques jours, tandis que la gendarmerie a ouvert une enquête, la tension est montée d’un cran à Rennes-les-Bains où la cohabitation entre les autochtones, les néos et des nomades vivant dans des camions connaît de sérieuses anicroches.

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Pour Évelyne Codina, « le conseil municipal est décidé à rétablir l'état de droit pour développer le tourisme ».

En mars dernier, des habitants du village, parmi lesquels des membres du conseil municipal, ont en effet décidé de lancer une pétition pour le moins offensive intitulée « Stop à la marginalisation de Rennes-les-Bains » et signée par 85 personnes sur 200 habitants.

« Des gens sales »

Dans cette lettre, les auteurs expriment leur ras-le-bol de voir leur village « envahi par des jeunes qui ne veulent pas travailler et viennent afin d’échapper à toute obligation. Ils touchent les allocs et le RSA, vont au Resto du cœur, vivent en parasite au crochet d’un système qu’ils disent haïr, mais dont ils profitent. » Plus loin, le texte évoque les logements sociaux qui leur sont attribués, « des gens sales, mal habillés, mal polis et souvent agressifs ».

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1337638892.jpgConseillère municipale en charge de la communication Évelyne Codina, explique : « Depuis 2009, nous sommes devenus le point de chute de ces populations marginales. Ils ne veulent pas respecter les lois, ne tiennent pas leurs chiens en laisse, des camions plus ou moins propres ont colonisé les parkings, et la population se sent envahie. » Pour l’élue, les problèmes viennent néanmoins d’une minorité : « Il y en a qui discutent qui portent des projets alternatifs intéressants, mais il y a quelques activistes qui essayent de créer une division communautaire », poursuit-elle.

Regards de travers

Au café de la place du village, quelques-uns de ces néos sont attablés à l’heure du café. « On sent une certaine animosité, des regards de travers, mais si l’école fonctionne, c’est grâce aux néos », avance Laurent, installé au village. « La plupart d’entre nous veulent vivre dans le respect des autres. La diversité est enrichissante », reprennent de concert Virginie et Matteo, qui vivent en camion. Plus loin, un jeune homme à l’accent audois souffle : « C’est fou, il y a des gens qui ont signé cette pétition qui sont Allemands. Il y a même des Espagnols qui ont fui Franco ». À quelques mètres de là, une femme tempère : « Il y a un contentieux, mais les jeunes sont allés voir les anciens pour créer le dialogue et proposer leur service ». Un premier pas vers la réconciliation ?

Presse bourgeoise (Axel Puig, LIndependant.fr, 18 mai 2012)

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