[Nique la justice] Un innocent retourne en prison pour vingt à trente ans

Braquage de la poste de Joinville : Ferrara acquitté en appel

Le « Roi de la belle », Antonio Ferrara, a été acquitté mercredi en appel par la cour d’assises d’appel de Paris au « bénéfice du doute » pour le braquage d’un bureau de poste de Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) le 28 juillet 1999. Ce procès, qui avait débuté le 9 mai, était capital pour Ferrara, à présent âgé de 38 ans et connu pour son évasion spectaculaire de la prison de Fresnes (Val-de-Marne), le 12 mars 2003. Si une confusion de peines est prononcée, il pourrait sortir de prison vers 2025 au lieu de 2035.

En première instance, le 12 mars 2003, reconnu coupable de participation à ce vol à main armée, ainsi qu’à la course-poursuite qui s’en était suivie, il avait écopé de quinze ans de réclusion. En revanche, son coaccusé Issa Traoré, condamné en première instance à dix ans de prison, a été de nouveau jugé coupable. Sa peine a toutefois été abaissée à huit ans d’emprisonnement.

« C’est d’abord une victoire de la justice », a réagi l’avocat de celui qu’on surnomme également Nino, Me Eric Dupond-Moretti, rappelant que la loi prévoit que « le doute doit profiter à l’accusé ». « Il estime que c’est son plus bel acquittement », a renchéri son confrère Me Lionel Moroni. « Il en faisait une lutte de principe », car « il a toujours nié » sa participation, a-t-il ajouté. Après une semaine d’audience, la défense de Ferrara est finalement parvenue à convaincre la cour d’assises que, s’il y avait des éléments à charge contre l’accusé, ils étaient trop ténus pour démontrer sa culpabilité.

Aucune preuve irréfutable

Le président, Olivier Leurent, a notamment déploré, au nom de la cour, qu’il n’y ait eu « aucune identification photographique dans les jours qui ont suivi » les événements. Concernant la ligne téléphonique, il a été prouvé qu’elle était « utilisée par plusieurs personnes » et ne pouvait donc constituer une preuve irréfutable. Par ailleurs, l’enquête a omis de géolocaliser les appels, ce qui est fâcheux.

Enfin, « deux empreintes génétiques », dont celle de Ferrara, ont été découvertes dans le casque abandonné par le malfaiteur dans l’une des voitures ayant participé à la course-poursuite. Cette pluralité démontre qu’il a pu être utilisé par plusieurs personnes. Enfin, la cour a noté « l’absence de ses empreintes papillaires sur la moto » et les voitures qu’il a braquées pour sa fuite. Tout cela, a conclu le président, «  un doute sur l’identité du second malfaiteur ». Résultat : le Roi de la belle est acquitté.

Un seul braquage à son actif

C’est le troisième acquittement d’affilée obtenu par Ferrara pour des braquages. Ainsi, en avril 2009, il a été acquitté en appel à Évry pour le braquage d’un fourgon de la Brink’s fin 2000 à Gentilly (Val-de-Marne). Huit mois plus tard, il était acquitté par la cour d’assises de Paris pour l’attaque d’un fourgon blindé à Toulouse en 2001.

Celui que l’on qualifie parfois de « braqueur en série » n’est finalement condamné à ce jour que pour le braquage d’une banque de Soisy-sur-Seine, dans l’Essonne, en avril 1997. Il avait été acquitté en 2003 pour celui du Crédit mutuel de Yerres, commis le même jour dans l’Essonne.

Presse multirécidiviste (LeParisien.fr avec l’Agence Faut Payer, 16 mai 2012)

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