Faubourg-Bonnefoy. La fête pour conjurer la menace d’expulsion
Le 4 mars, les habitants du quartier Bonnefoy étaient invités au n° 2 de la rue du même nom pour fêter l’ouverture de l’atelier d’ateliers ironiquement baptisé « Sloli », en référence franglaise à l’ancien garage Speedy, ex-occupant des lieux. Hier après-midi, c’était de nouveau la fête au n° 2. Mais cette fois pour conjurer ensemble le mauvais goût laissé par le très officiel avis d’expulsion à la date du 7 mai, apporté par un huissier entre les deux tours de la présidentielle.
Entre ces deux dates, le collectif Bonnefoy a réussi à transformer l’ex-garage, rapide symbole du salariat pressé fermé depuis quatre ans, en atelier vélo ouvert à tous, et a proposé au Faubourg de partager ses compétences autour d’une dizaine d’activités artisanales. La soixantaine de personnes arrivées hier soir dès 17 heures dans le grand hangar chaleureux, le dit mieux que n’importe quel slogan bombé sur un mur : le dernier squat collectif ouvert à Toulouse a réussi le pari qu’il s’était fixé de donner vie à des rapports utiles et non marchands entre les gens.
Mais du côté des institutions, l’aventure se résume à un rendez-vous manqué. Contacté à plusieurs reprises par les animateurs du squat d’activité, la société HLM des Chalets propriétaire des murs a fini par répondre par voix d’huissier. Et, début avril, une rencontre sans lendemain avec Claude Touchefeu, adjointe en charge des solidarités et de la politique de la ville, a suffi pour clore le dialogue que la dizaine de membres du collectif rêvait d’instaurer avec le Capitole.
Hier jusqu’à 22 heures, c’est au son du bouzouki et de la musique folklorique uruguayenne distillée par le groupe Grifollklore que le squat a fêté ses dix premières semaines d’existence en espérant que l’huissier et la police ne débarquent pas au petit matin comme une mauvaise gueule de bois.
Le vélo comme passeport
C’est avec son atelier vélo, ouvert tous les jours et à tous, que l’atelier d’ateliers du Faubourg-Bonnefoy s’est fait connaître dans le quartier. Mais les activités qui y sont proposées vont bien au-delà de la clé de dix et de la colle à rustine. Au fil des semaines, se sont ouvertes des activités cuisine, photo, couture, sérigraphie, ainsi que des projections débat, du yoga et du soutien scolaire. Bref, un vrai centre d’activités, à deux pas de l’officiel, mais sans carte d’adhérent.
Leur presse (LaDepeche.fr, 9 mai 2012)