« Justice pour tous – contre les violences policières » en procès à Fribourg

Fusillade de l’A1. Manifestants poursuivis pour émeute

Onze personnes ayant participé au rassemblement du 12 juin 2010 tenu à Fribourg en signe de soutien aux deux jeunes Français incarcérés suite à la fusillade sur l’A1 ont comparu mardi devant la justice fribourgeoise.

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« Je crains qu’on ne veuille statuer un exemple », a dit dans sa plaidoirie l’avocat de six des prévenus Tarkan Göksu. Selon lui, aucun des prévenus n’a commis d’actes violents. Il est vrai que la disposition condamnant l’émeute prévoit explicitement que le seul fait de participer à un attroupement violent suffit pour remplir les conditions de punissabilité, a admis l’avocat.

Encore faut-il que la violence ait été commise collectivement, avec conscience et volonté, et que les personnes mises en cause aient fait partie du groupe au moment où les violences ont été commises. Et non avant ou après. Or rien ne permet de dire que les prévenus se soient retrouvés dans le noyau dur au moment où la violence est partie d’un coup, selon les termes de la police.

Au mauvais moment

Plusieurs prévenus ont expliqué avoir tout mis en œuvre pour fuir les lieux le plus rapidement possible. Trois personnes étaient membres du service de sécurité de la manifestation. Le policier dénonciateur s’est clairement rappelé de l’une d’elles.

Quitter la manifestation était en outre difficile car la police elle-même l’a indiqué : les manifestants ne pouvaient pas rebrousser chemin car cette issue avait été bloquée. Ils ont tous été refoulés vers le même passage. Enfin, un témoin a vu de sa fenêtre un petit groupe se préparer à l’écart de la manifestation, lancer des engins pyrotechniques contre les policiers et se changer en vitesse.

Cerise sur le gâteau, un étudiant genevois a affirmé, preuve à l’appui, qu’il faisait ce jour-là de la grimpe au Salève avec son frère. Son avocat a d’ailleurs quitté l’audience en précisant qu’il renonçait à plaider et demandait son acquittement. Aussi bien les trois avocats ayant plaidé que les prévenus se défendant seuls ont conclu à l’acquittement. Il leur faudra attendre jusqu’à vendredi pour connaître le verdict.

Haute surveillance

L’audience s’est ouverte mardi matin sous haute surveillance policière et à huis clos. Les mesures de sécurité étaient celles des grands jours : fouille des affaires personnelles, dépôt des téléphones portables et passage au détecteur de métaux.

L’audition des prévenus s’est déroulée dans le plus grand calme et de la manière la plus courtoise, agrémentée par les traits d’humour un peu caustiques du juge de police de la Sarine Alain Gautschi. Un des prévenus a carrément piqué un petit somme.

Plusieurs des accusés sont domiciliés hors du canton de Fribourg, à Genève, Berne, Bienne ou Lausanne. Le plus âgé a 42 ans, le plus jeune 23 ans.

Manifestation autorisée

Pour mémoire, un rassemblement du comité « Justice pour tous – contre les violences policières » avait dégénéré. Commencée pacifiquement, la manifestation avait réuni une centaine de personnes. Elle avait dégénéré devant la prison centrale, en basse-ville de Fribourg.

Une centaine d’engins avaient été tirés par les manifestants, dont des fumigènes classiques et des fusées de détresse utilisées dans la navigation. Les forces de l’ordre avaient riposté avec des balles en caoutchouc. Les manifestants avaient ensuite été canalisés vers le centre ville. Plus d’une quarantaine de manifestants avaient été interpellés. Près d’une centaine de policiers avaient été mobilisés, selon les dires d’un des avocats.

Leur presse (ats, 8 mai 2012)

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