Affaire Merah : une plainte déposée contre Sarkozy
Albert Chennouf, dont le fils a été tué à Montauban, considère qu’ils avaient les moyens d’empêcher Mohamed Merah de tuer son fils. Interview.
Comprendre pourquoi il a été tué : Albert Chennouf, père d’Abel, 25 ans, un des militaires abattus à Montauban le 15 mars dernier, l’avait promis à son fils « dans le creux de l’oreille avant qu’on ne ferme son cercueil », avait-il confié début avril au Nouvel Observateur.
Considérant qu’ils pouvaient empêcher Mohamed Merah de tuer son fils, Albert Chennouf vient de déposer une plainte contre Nicolas Sarkozy et Bernard Squarcini, directeur central du renseignement intérieur, pour non-assistance à personne en danger.
Le Nouvel Observateur s’est entretenu avec Albert Chennouf peu de temps avant son dépôt de plainte.
Sept semaines après la mort de votre fils Abel, où en êtes-vous ?
Au même plan que le premier jour : abasourdis par ce qui nous arrive et totalement livrés à nous-mêmes. Nous nous sentons oubliés de tous. Personne, ni à l’Élysée, ni au ministère de la Défense, ni à celui de l’Intérieur, n’a pris le temps de nous écrire ou de nous passer un coup de fil. On nous a juste fait signer un dossier d’aide juridique et versé une somme dérisoire en regard de la catastrophe qui nous touche. Je suis convoqué bientôt chez la juge d’instruction à Paris et personne n’est même capable de me dire qui prend en charge les frais de déplacement ! Nous sommes un couple modeste et nous nous sentons abandonnés.
Que savez-vous de l’enquête ?
Nous n’avons eu aucun retour par la justice. Tout ce que nous savons, c’est dans la presse que nous l’apprenons. Et nous nous posons fatalement des questions. Je n’ai pas fait l’ENA ni Sciences-Po mais je ne suis pas bête. Je pense que lorsqu’on va au Pakistan en faisant un crochet par Israël, ce ne peut être qu’avec la bénédiction des services français. L’hypothèse qu’on a éliminé Merah pour qu’il ne parle pas me paraît de plus en plus plausible. Je ne dis pas que les policiers du Raid ont mal fait leur travail. Mais la volonté politique était qu’il meure. Je souhaite d’ailleurs porter plainte contre Nicolas Sarkozy et Bernard Squarcini pour non-assistance à personne en danger. Je les tiens pour responsables de la mort de mon fils.
Qu’espérez-vous ?
Je lance un appel solennel au président de la République : j’aimerais qu’il nous reçoive, mon épouse et moi-même, pour entendre notre désarroi. Nous voulons être certains qu’on n’étouffera pas cette affaire.
Leur presse (tempsreel.nouvelobs.com, 7 mai 2012)