L’entarteur de Raffarin comparaît à Lyon
Romain, « terroriste pâtissier » de 25 ans, comparaît vendredi devant le tribunal de grande instance de Lyon pour avoir entarté en février l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin lors de son passage dans le Rhône.
Le jeune homme, membre du collectif anarchiste lyonnais « Al Qaïtarte », comparaît selon la procédure du « plaider coupable » pour violences avec arme, « en l’espèce en jetant au visage une assiette en carton remplie de chantilly », selon sa convocation devant le tribunal.
Son avocat, Me Sylvain Cormier, espère faire requalifier les faits en simples « violences », au besoin avec un renvoi de l’affaire devant le tribunal correctionnel. Romain, étudiant en master d’anthropologie et photographe à ses heures, racontait ce 24 février à Lyon : « Nous étions deux accompagnés d’un cameraman, portant bérets et foulards. À 16H45, cinq minutes avant l’arrivée de Jean-Pierre Raffarin à la librairie où il devait dédicacer son livre, Je marcherai toujours à l’affectif, nous nous sommes positionnés. »
« Dès qu’on l’a aperçu, on a mis la chantilly sur les cartons, et on a foncé », narre-t-il, l’œil encore pétillant, bien qu’il ait été le seul à être rattrapé. Son camarade vise une joue et prend la tangente, en clamant « Dada ! », en référence à ce mouvement d’artistes qui faisaient fi des conventions il y a un siècle. Le cameraman n’a que le temps de prendre une image floue avant de décamper.
Une seconde après, Romain attaque l’autre côté du visage et clame « vaincra ! » Dans sa fuite, il esquive trois agents assurant la sécurité de l’ancien homme d’État, mais se fait plaquer au sol… par le chauffeur de Nora Berra, secrétaire d’État à la Santé et élue locale, qui accompagnait M. Raffarin. La garde à vue qui suit, une première pour le jeune homme, dure près de six heures, avec « leçon de morale des flics », photos et relevé d’empreintes.
Romain assume. « Raffarin est utilisé pour faire passer la droite comme sympathique, à travers lui nous attaquons Sarkozy que l’on ne pourrait pas approcher », explique ce garçon brun portant fier une crête iroquoise, tout de noir vêtu. « Al Qaïtarte », qui rassemble une quinzaine d' »activistes subversifs pâtissiers », a été fondé en 2008 autour d’étudiants en Histoire de l’art à l’université Lyon II et n’en est pas à sa première action — toujours dans la non-violence. Lors de la campagne pour les élections municipales il y a quatre ans, voulant exprimer leur « ras-le-bol de la démocratie représentative », ils s’en étaient pris à Dominique Perben (UMP), semant chantilly et boules puantes dans ses meetings. Rapidement ils s’étaient tournés vers les partis de gauche, jugés « lâches » face au capitalisme, sur les questions de sans-papiers ou des centres de rétention : l’écologiste Daniel Cohn-Bendit, le président PS de Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne (par deux fois), ou encore le maire socialiste de Lyon, Gérard Collomb, ont subi un « attentarte ».
L’artiste Ben, devenu « un produit marketing », a aussi fait les frais du courroux de ces militants, admirateurs du « serial entarteur » belge Noël Godin. Comme lui, ils entendent s’attaquer au « capital image » de ces personnages publics et faire leur « contre-communication ». Romain a un regret : lors de l’entartage de Jean-Pierre Raffarin, il n’a pu lancer des tracts de revendication qui proclamaient « la revanche de la France d’en bas ». Il accepterait volontiers une condamnation à des travaux d’intérêt général… « dans une pâtisserie », précise-t-il.
Leur presse (Agence Faut Payer, 25 avril 2012)
L’“entarteur” de Raffarin conteste que la crème chantilly soit une arme
Le jeune “entarteur” de l’ancien Premier ministre UMP Jean-Pierre Raffarin a contesté vendredi devant la justice que la crème chantilly de sa tarte puisse être considérée comme une arme, affirmant avoir seulement voulu ainsi atteindre symboliquement le président-candidat Nicolas Sarkozy.
“C’est la crème chantilly qui serait considérée comme une arme !”, s’est offusqué Me Sylvain Cormier, à sa sortie du bureau du procureur, où son client a été convoqué vendredi matin selon la procédure du “plaider-coupable”, procédure permettant à celui qui reconnaît les faits qui lui sont reprochés d’accepter la sanction proposée par le parquet et d’éviter ainsi un procès.
Sa contestation de toute “violence avec arme”, en l’espèce en jetant au visage “une assiette en carton remplie de chantilly” selon sa convocation, entraîne donc une audience au tribunal correctionnel de Lyon, le 30 mai.
Devant les caméras venues le rencontrer dans les couloirs du Tribunal de grande instance de Lyon, Romain, étudiant en master d’anthropologie se définissant comme “un penseur libre”, explique son geste qui remonte au 24 février dernier comme “un acte politique”, de “désacralisation”. “C’est une façon d’attaquer Sarkozy à travers Raffarin” et de dire le “ras-le-bol de la jeunesse”, ajoute-t-il à l’AFP, tout en insistant sur la dimension d’“acte humoristique” de son geste.
“Demain, je vais aller entarter personne. Là, je suis un peu sur la sellette”, ajoute dans un sourire ce membre du collectif “Al Qaïtarte“, qui rassemble une quinzaine d’”activistes subversifs pâtissiers”.
Fondé en 2008 autour d’étudiants en Histoire de l’art à l’université Lyon II, il n’en est pas à sa première action, Romain ayant pour sa part déjà entarté l’artiste Ben.
Lors de la campagne des municipales il y a quatre ans, voulant exprimer leur “ras-le-bol de la démocratie représentative”, le collectif s’en était pris à Dominique Perben, semant chantilly et boules puantes dans ses meetings. À gauche le président PS de Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne, et le maire socialiste de Lyon, Gérard Collomb, ont également subi des entartages.
Romain rêve néanmoins d’une “internationalisation” du collectif “Al Qaïtarte“, en symbiose avec les entarteurs belges Maurice Gloup et Noël Godin.
Leur presse (LeParisien.fr avec l’AFP, 27 avril 2012)