Société civile de l’Azawad : Non à une intervention militaire étrangère, oui à une aide humanitaire
En ce jour 22 Avril 2012, Nous, populations civiles de l’Azawad, toutes catégories socio-professionnelles (élus locaux, régionaux, nationaux, notables, chefs traditionnels, leaders communautaires, fonctionnaires du privé et du public, professions libérales, ONG, Associations, Élèves, Étudiants, Éleveurs, Agriculteurs…) déclarons notre opposition totale à toute intervention militaire étrangère en Azawad. Cette intervention serait une source de désastre et de souffrance pour les populations de cette zone longtemps marginalisées et laissées pour compte par les autorités du Mali.
Souffrant depuis plusieurs dizaines d’années d’une répression aveugle de la part de l’État malien, ce territoire a besoin aujourd’hui de paix. Cette paix est le souhait des populations de ce territoire, tant celles restées en Azawad que celles réfugiées dans les pays voisins (Burkina Faso, Niger, Mauritanie et Algérie).
Les populations de l’Azawad préviennent la communauté internationale que l’intervention militaire de la CEDEAO ou toute autre force étrangère causera davantage de problèmes qu’elle n’en résoudra, qu’elle aura des répercussions négatives sur toute la bande sahélo saharienne, notamment dans l’espace où vivent les populations touarègues, et qu’elle favorisera inévitablement l’émergence de groupes terroristes.
L’Assemblée des ressortissants, exilés et réfugiés en provenance du Mali et de l’Azawad, tenue à Niamey le 9 Avril 2012 a prôné le dialogue et la négociation pour trouver une issue définitive à la crise que connaît cette zone géographique depuis 52 ans. Les intervenants ont exprimé leurs inquiétudes par rapport aux conséquences funestes de toute intervention militaire.
Cette position est consolidée par celle des populations restées sur le territoire de l’Azawad ainsi que celles déplacées vers d’autres pays (Burkina Faso, Niger, Mauritanie et Algérie).
Les populations de l’Azawad partagent l’avis des analystes, des spécialistes de cet espace géographique, qui est aussi celui des gouvernements algérien et mauritanien et de certaines puissances (France, États-Unis), qui pensent unanimement qu’une intervention militaire n’est pas la solution, ni pour le court terme ni pour le long terme.
Les populations de l’Azawad, menacées par la famine et la pénurie de médicaments, lancent un appel à la communauté internationale et aux organisations humanitaires et attirent leur attention sur les urgences causées par le conflit actuel entre le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) et l’État Malien.
Les populations de l’Azawad appellent à un dialogue sérieux entre le Mali et l’Azawad pour asseoir une paix durable, condition sine qua non d’une bonne gouvernance et de l’émergence d’un modèle de développement adapté.
Les populations de l’Azawad demandent au Mali d’arrêter les arrestations arbitraires, massacres des personnes civiles, militaires et toute autre forme de répression contre les Azawadiens en raison de leur origine ou de la couleur de leur peau.
Les populations de l’Azawad appellent toutes les parties Mali et Azawad à respecter les droits humains, le droit humanitaire international et les droits des peuples autochtones.
Enfin, les populations de l’Azawad expriment leur solidarité avec les familles des otages étrangers récemment enlevés en Azawad ainsi que ceux qui sont séquestrés depuis longtemps. Elles demandent leurs libérations immédiates.
Gao, le 22 Avril 2012
Pour les populations de l’Azawad de l’intérieur et dans les pays limitrophes,
Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun
Coordinateur de la société civile de l’Azawad