[Russie] « Considérer le sacrilège, le blasphème, l’outrage des lieux saints comme expression légitime de la liberté humaine »

Un office religieux près de la cathédrale du Christ-Sauveur

Un office religieux près de la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou a rassemblé de 50’000 à 65’000 croyants. Selon le patriarche Cyrille, l’anticléricalisme dans la société peut avoir pour effet les persécutions des croyants comparables à celles de la période bolchévique. L’initiative des hiérarques de l’Église d’organiser un Te Deum est liée aux faits de vandalisme et de profanation des églises devenus plus fréquents ces derniers temps depuis l’acte punk scandaleux de cet hiver dans la cathédrale du Christ-Sauveur. L’acte sacrilège du groupe punk Pussy Riot a été suivi par d’autres. Le 18 mars, la cathédrale de Serge de Radonège de la ville de Mozyr a été profanée par des inscriptions blasphématoires et l’avilissement de l’image de la Croix. Dans la nuit du 12 avril des malfaiteurs ont mis de l’essence et ont incendié la porte d’entrée de la cathédrale de Démétrios de Thessalonique à Krasnodar. Rossiïskaïa gazeta

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À la fin de la liturgie le patriarche Cyrille a prononcé un sermon. « Il y a parmi nous des traîtres en soutane qui disent : à quoi bon nous réunir ici pour cet office ? », a déclaré le chef de l’Église orthodoxe russe. « Aujourd’hui nous faisons face à une attaque des persécuteurs que je ne comparerais pas à celles du passé, mais qui est dangeureuse par le fait qu’il est proposé de considérer le sacrilège, le blasphème, l’outrage des lieux saints comme expression légitime de la liberté humaine, comme un phénomène qui doit être défendu par la société moderne », a dit le patriarche. Nesavissimaïa gazeta

Leur presse (Voix de la Russie, 23 avril 2012)


Une foule prie à Moscou contre le sacrilège d’une prière punk anti-Poutine

Des dizaines de milliers de fidèles ont répondu à l’appel du patriarche de l’Église orthodoxe russe Kirill et ont prié en plein air à Moscou pour « corriger » le sacrilège que représente à leurs yeux une « prière punk » anti-Poutine chantée dans une cathédrale en février.

Après la messe dominicale, Kirill est sorti de la cathédrale du Christ-Sauveur et s’est adressé à la foule (65.000 personnes selon la police) venue prier « pour la correction de ceux qui souillent les lieux sacrés et la réputation de l’Église », selon l’appel du patriarcat.

« Nous sommes venus prier pour notre patrie, pour notre peuple et pour notre jeunesse, pour que Dieu nous mette à l’abri des tentations du diable », a déclaré Kirill devant les fidèles, dont un grand nombre venus de province à bord d’autocars affrétés pour l’occasion.

Des écrans géants diffusaient aussi des messages de soutien de personnalités russes comme le réalisateur Nikita Mikhalkov. Des prières similaires ont eu lieu dans d’autres villes du pays.

Cette démonstration de force visait à répondre aux critiques qui ont suivi l’inculpation de trois jeunes femmes du groupe Pussy Riot pour avoir chanté fin février « une prière punk » contre l’homme fort du pays, Vladimir Poutine, devant l’autel de la cathédrale.

« Mère de Dieu, chasse Poutine ! », avaient-elles chanté, dénonçant le soutien de l’Église au Premier ministre, réélu président le 4 mars et dont l’investiture est prévue le 7 mai.

Trois des cinq jeunes femmes, identifiées selon la police, sont en détention provisoire et risquent sept ans de prison, déclenchant un débat sur l’opportunité de les condamner à une peine aussi lourde.

Amnesty International a appelé à leur libération et des responsables russes et des religieux ont demandé que la justice se montre magnanime.

Le patriarche, réputé proche du pouvoir, a lui dénoncé dimanche le « blasphème » et exprimé sa frustration vis-à-vis de ceux qui considèrent l’incident comme « l’expression légale de libertés ».

Il était accompagné de religieux portant des icônes « souillées » par la présence de Pussy Riot, et d’autres, profanées notamment à coups de couteau, ailleurs en Russie.

La foule, brandissant des drapeaux avec l’inscription « Sainte Russie » ou des pancartes proclamant « Lève toi pour ta foi et la terre russe », soulignait la nécessité de défendre l’Église.

« Elles (Pussy Riot) m’ont offensée en tant que chrétienne. Je veux être ici avec mes frères et sœurs, avec des popes, pour montrer que nous sommes un ensemble, unis », a expliqué Tatiana Kourakina, qui travaille dans les ressources humaines.

« Nous sommes venus car l’Église a besoin de notre protection », a jugé Dmitri, une journaliste de 30 ans.

Depuis l’action de Pussy Riot, plusieurs scandales touchant Kirill ont été relayés dans la blogosphère, et les médias d’État y ont vu une attaque contre la foi mais aussi contre le régime russe, après la vague de contestation politique de l’hiver.

Fin mars, un conflit de voisinage a ainsi été très suivi lorsqu’il a été établi qu’une femme occupait un appartement à une adresse très prestigieuse à Moscou et appartenant à Kirill.

Puis, l’Église a dû reconnaître début avril qu’un photomontage grossier avait été publié sur son site qui a fait disparaître du poignet du patriarche une montre de luxe.

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Avant d’accéder à la tête de l’Église en 2009, Kirill avait déjà été accusé par les médias de s’être enrichi dans les années 1990 grâce à la vente de tabac et d’alcool.

Le patriarche avait estimé en avril que la « profanation » d’églises, dont l’action de Pussy Riot, et les critiques le visant étaient « les maillons de la même chaîne ».

« Le fait que les questions privées revêtent une ampleur nationale s’inscrit dans le contexte de la lutte contre l’Église », avait-il déclaré.

L’Église orthodoxe russe connaît une période de renaissance depuis la disparition en 1991 du régime athée soviétique.

Leur presse (Agence Faut Payer, 22 avril 2012)

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