[Nouvelles de l’Apocalypse] Des océans de plastique

Le plastique couvre l’océan mondial

La croissance de la production globale des plastiques qui, en fin de compte, se retrouvent dans l’océan fait peser une lourde menace à tous les organismes vivants. Une déclaration en ce sens a été faite par les chercheurs de l’Institut d’études maritimes et polaires Alfred Wegener (Allemagne).

Les particules microscopiques du plastique diluées dans l’eau qui s’amassent dans les organismes vivants sont particulièrement dangeureuses. L’organisme les absorbe efficacement par le canal alimentaire.

En outre ces particules peuvent pénétrer dans les roches, s’accumuler au fond des marécages, entrer dans la composition des sels, etc. Les chercheurs sont préoccupés par la pollution croissante de l’océan par le plastique surtout à la lumière du fait que personne ne sait encore rien des conséquences d’une telle pollution.

Leur presse (Voix de la Russie, 23 avril 2012)


Pollution : Le 7e continent continue de s’étendre

Le 7e continent est un gigantesque amas de déchets qui flotte entre la Californie et Hawaï, dans le nord-est de l’océan Pacifique. Issus des activités humaines et véhiculés par les courants maritimes, ces déchets, essentiellement plastiques, couvrent une surface de près de 3,5 million de km².

Les observations réalisées depuis plus de dix ans par l’Algalita Marine Research Foundation révèlent que l’ensemble des déchets humains provenant des littoraux et des navires se rejoignent et s’accumulent dans deux zones baptisées « Plaque de déchets du Pacifique est » (Eastern Pacific Garbage Patches) et « Plaque de déchets du Pacifique ouest » (Western Pacific Garbage Patches).

Ces régions, réunies en une zone géographique appellée le 7e continent, totalisent un poids de 3,5 millions de tonnes et contiennent jusqu’à 750.000 débris par km², le tout sur une surface de 3,43 millions de km², rapporte notre-planete.info. Selon Chris Parry, chef de programme d’éducation du public, de la California Coastal Commission de San Francisco, depuis plus de 50 ans, les déchets tourbillonneraient sous l’effet du grand vortex nord-pacifique (North Pacific Gyre) et s’accumuleraient dans cette zone peu connue.

En effet, peu de routes commerciales et peu de bateaux de pêches traversent cette région. Le vortex attire vers lui tous les résidus issus de notre société de surconsommation. Toutefois, contrairement au siphon, les déchets ne sont pas « aspirés » mais accumulés et parfaitement visibles. Pour Greenpeace, sur les 100 millions de tonnes de plastique produits chaque année, près de 10 % finissent dans les océans. Sur ces mêmes 10 %, 70 % coulent et le reste est emporté au gré des courants.

46.000 morceaux de plastique par 2,5 km² d’océan

Autrefois (avant 1990), les débris étaient détruits par les micro-organismes. Si ce n’est plus le cas aujourd’hui, c’est parce que les plastiques représentent 90 % des déchets flottant sur les océans. Selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement on trouverait d’ailleurs 46.000 morceaux de plastique par 2,5 km² d’océan sur une profondeur d’environ 30 mètres ! Selon l’Algalita Foundation, la quantité de plastique dans l’eau de mer est jusqu’à dix fois supérieure à celle du plancton dans certains endroits.

Or, ces plastiques, qui mettent jusqu’à 1.000 ans à se dégrader, représentent un danger mortel pour les animaux. On a souvent entendu parler des tortues qui s’étouffent en confondant un sac plastique avec une méduse mais on sait moins que d’autres animaux sont touchés par cette pollution. Au total, plus de 267 espèces marines seraient affectées par cet amas colossal de déchets selon le rapport de Greenpeace.

Comme l’explique Rebecca Asch, chercheuse à l’Institut Océanographique Scripps, « dans cette zone la plupart des morceaux de plastique sont très petits. Les déchets ont été dégradés par la lumière du soleil et les courants océaniques. Donc ça n’a rien à voir avec une bouteille ou un sac en plastique. Ce sont des tout petits morceaux de plastique de la taille d’un confettis. En fait ils ont la même taille que le plancton dont se nourrissent les poissons. C’est pour ça qu’ils mangent le plastique, c’est parce qu’ils le confondent avec du plancton. »

100.000 mammifères marins morts par an, par ingestion de plastique

Sur les îles Midway, dans le Pacifique, des dizaines de milliers d’albatros meurent dès leur naissance. Ceux-ci ont été nourris par leurs parents par des déchets plastiques provenant de la Grande plaque de déchets du Pacifique. Ils meurent l’estomac rempli de plastique. Greenpeace estime ainsi à environ un million le nombre d’oiseaux et à 100.000 le nombre de mammifères marins mourant chaque année de l’ingestion de plastiques.

Selon des scientifiques américains de l’Institut Scripps, un poisson sur dix ingère du plastique dans le Pacifique Nord, soit 24.000 tonnes de plastiques avalées par les poissons chaque année dans cette zone. De plus, les débris de plastique ont la fâcheuse tendance à fixer les polluants organiques persistants (POP). Connus pour leur nocivité et leur capacité à voyager autour du globe les DDT (dichlorodiphenyltrichloroethane) et PCB (polychlorobiphényles) se retrouvent dans des morceaux de plastique à des concentrations jusqu’à 1 million de fois supérieures aux normales.

Il est pourtant actuellement impossible de nettoyer cette zone à la taille colossale. Selon Marcus Eriksen, directeur de recherche et d’éducation à la Algalita Marine Research Foundation, « il n’y a rien que nous puissions faire maintenant, à l’exception de ne pas faire plus de mal. »

Leur presse (MaxiSciences.com, 23 avril 2012)


Une mission guyanaise part explorer le « continent de plastique » du Pacifique

Guidée par des satellites high-tech, une goélette des années 1930 va prochainement partir à la découverte du « 7e continent », gigantesque plaque de déchets plastiques flottant sur l’océan Pacifique, grande comme six fois la France mais largement méconnue.

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Patrick Deixonne, le 13 avril 2012 à Cayenne, avant le lancement de la mission d'exploration du "continent de plastique"

« Choqué par les déchets rencontrés dans l’océan » lors de sa participation à la course en solitaire transatlantique à l’aviron Rames-Guyane, en 2009, l’explorateur guyanais Patrick Deixonne a décidé de monter cette expédition scientifique pour alerter sur la « catastrophe écologique » en cours dans le nord-est du Pacifique.

Cette plaque de déchets est « située dans des eaux peu concernées par la navigation marchande et le tourisme, le problème n’intéresse que les écologistes et les scientifiques. La communauté internationale ne s’en soucie guère pour l’instant », estime-t-il.

Membre de la Société des explorateurs français (SEF) qui parraine l’aventure et fondateur d’Ocean Scientific Logistic (OSL), basée à Cayenne, M. Deixonne explique vouloir « être les yeux des Français et des Européens sur ce phénomène ».

Ex-sapeur pompier au Centre spatial de Kourou et fin connaisseur de la forêt guyanaise, Patrick Deixonne, 47 ans, se définit comme un « explorateur d’une nouvelle génération qui doit documenter les grandes problématiques environnementales, car l’information est la clef du changement ».

La mission « 7e continent » appareillera le 2 mai de San Diego (États-Unis) à bord de L’Élan, une goélette à deux-mâts de 1938, pour un mois de navigation et un périple de 2.500 milles entre la Californie et Hawaï, où l’explorateur Charles Moore a découvert par hasard en 1997 cette incroyable nappe de débris plastiques.

Jusqu’à présent, hormis un passage de la mission Tara-Océans dans la zone pour y prélever du plancton, seules deux expéditions américaines l’ont étudiée, en 2006 et 2009.

Les déchets s’amalgament au point de rencontre de courants marins qui s’enroulent sous l’effet de la rotation de la Terre, selon le principe de la force de Coriolis, et forment un immense vortex appelé « gyre ».

La force centripète aspire lentement les détritus vers le centre, une spirale qui serait l’une des plus importantes connues sur la planète : 22.200 km de circonférence et environ 3,4 millions de km², selon le Centre national des études spatiales (Cnes) qui parraine le projet.

« On estime à plusieurs dizaines de millions de tonnes les quantités de déchets dans chacun des cinq gyres du globe », explique Georges Grépin, biologiste conseiller scientifique d’OSL.

Ce sont « essentiellement des microdéchets de plastique décomposé en suspension sur 30 mètres de profondeur. Ce n’est pas un continent sur lequel on peut marcher au sens propre », précise-t-il.

La goélette sera guidée par deux satellites de la NASA, Aqua et Terra, pour se rendre là où la concentration de déchets est la plus forte afin d’en mesurer la densité, avec des prélèvements d’eau, de planctons et de matériaux.

Un capteur réalisé par des élèves ingénieurs de l’ICAM (Toulouse) avec le Cnes sera testé dans une bouée dérivante. Il doit permettre à terme de distinguer dans l’eau les plastiques des planctons et autres particules vivantes, puis de cartographier les zones polluées grâce à l’imagerie satellite, ce qui serait une première mondiale.

Douze bouées dérivantes d’études scientifiques de l’agence américaine National oceanic and atmospheric administration (NOAA), du programme d’étude des océans de l’Unesco et du projet jeunesse Argonautica (Cnes) seront également lâchées durant le parcours pour permettre à des milliers d’étudiants dans le monde de mener une étude des courants marins.

Pour en savoir plus sur l’expédition et la suivre en direct

Leur presse (Jérôme Vallette, Agence Faut Payer, 14 avril 2012)

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