Le rassemblement de soutien à la proclamation de l’indépendance de l’Azawad s’est symboliquement tenu ce samedi après-midi 7 avril 2012 à 15 heures devant le siège de l’Assemblée nationale française à l’appel de l’association Tamazgha et a réuni une centaine de personnes.
Rappelons que la France par la voix du Quai d’Orsay a fait savoir qu’elle tenait pour « nulle et non avenue » la proclamation de la République laïque de L’Azawad. La foule a hué lorsque l’orateur a rappelé la position du gouvernement algérien qui s’est aligné sur la position française.
C’est sous les vivas et les youyous que les deux intervenants du MNLA ont pris la parole.
Dans son intervention, le porte-parole Moussa Ag Attahar a rappelé que cette proclamation était « conforme au droit international et notamment la Charte des Nations unies qui reconnaît le Droit à l’autodétermination des peuples. Conforme à la réalité culturelle et historique du pays, Conforme enfin et surtout à la volonté du peuple de l’Azawad qui a dicté cette proclamation. »
Le porte-parole a clairement fait savoir que cette république était une république laïque d’un peuple à la culture millénaire qui n’a besoin d’aucune révélation pour s’affirmer et se réaliser avant d’ajouter « Il n’est pas né celui qui voilera la femme touarègue ».
Il a également rappelé que le MNLA faisait place à toutes les ethnies de l’Azawad et pas seulement touarègues, peuhls, soninké, arabes…
Le porte-parole a fait un rappel historique de la situation et a rappelé les massacres de l’armée malienne au lendemain de la création de l’état malien par la France. Il a rappelé que les notables touaregs ont exprimé dans une lettre adressée au gouvernement français en 1958 leur refus de rattachement au Mali.
Les deux intervenant ont remercié leurs frères imazighènes pour le soutien qu’il leur ont manifesté et ont dit combien ils appréciaient ce soutien exprimé dans ce moment crucial pour l’existence de l’Azawad.
Il a mis en garde tous ceux qui seraient tenté par une intervention armée pour rejeter la création de la République de l’Azawad.
Kabyles.net, 7 avril 2012
Juppé : « Les Touaregs, peuples mirages »
Entretien imaginaire avec Alain Juppé
Insi s’est rendu au Quai d’Orsay où il a rencontré Monsieur Alain Juppé, ministre français des affaires étrangères. Voici ce que ce dernier a livré à notre ami Insi à propos de La République d’Azawad, nouvellement proclamée par le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad).
Insi : Bonjour monsieur le Ministre.
Monsieur Juppé : Bonjour.
Insi : Alors, vous restez toujours « droit dans mes bottes » quant au combat du peuple touareg ?
Monsieur Juppé : Le Touareg est une belle voiture, de création française en plus.
Insi : Je parle du peuple de l’Azawad.
Monsieur Juppé : Un beau pays l’Azawad, surtout le soir, au coucher du soleil, on dirait une carte postale.
Insi : Je parle du combat des Touaregs de l’Azawad.
Monsieur Juppé : J’aime bien les voir passer le soir, habillés en bleu, sur le dos de leurs chameaux, le visage caché dans du chèche noir… On ne voit que leur fier regard. Impressionnant ! Ils sont généreux en plus. Une fois, ils m’ont offert du thé Hmmmmmm !!!! Excellent ! Du thé confectionné trois fois de suite : le premier amer comme la mort, le second doux comme la vie et le troisième sucré comme l’amour.
Insi : Moi je vous parle de politique, monsieur le Ministre.
Monsieur Juppé : Moi aussi.
Insi : Je vous parle de la République de l’Azawad. Vous avez déclaré dernièrement que la France fera tout pour sauvegarder l’intégrité du territoire malien.
Monsieur Juppé : Oui.
Insi : De quel territoire s’agit-il ? De l’Ancien Mali ou de celui que vous avez créé ?
Monsieur Juppé : On verra cela plus tard.
Insi : Oui, mais les Touaregs ne revendiquent que l’Azawad, leur territoire.
Monsieur Juppé : Oui, ils l’ont eu. Maintenant il ne faut pas qu’ils s’attaquent à notre, pardon, au Mali.
Insi : Un lapsus, Monsieur le Ministre.
Monsieur Juppé : Non, je veux parler de notre territoire d’AREVA.
Insi : Areva ?
Monsieur Juppé : Oui Areva. Areva est une association qui regroupe en son sein trois pays : le Mali, le Niger et l’Algérie qui bénéficie d’une étroite autonomie.
Insi : C’est vrai ?
Monsieur Juppé : Si je te le dis…
Insi : Pourquoi traitez-vous les Touaregs de terroristes ?
Monsieur Juppé : Ce n’est pas ce que j’ai dit.
Insi : Pensez-vous que le MNLA est un mouvement terroriste ?
Monsieur Juppé : Non, mais ses combattants sont d’apparence terroriste.
Insi : Vous ne pensez pas que l’Aqmi et Ansar Dine sont plutôt des alliés du Mali et de l’Algérie ?
Monsieur Juppé : Si.
Insi : Est-ce légal de laisser des États utiliser des milices parallèles ?
Monsieur Juppé : Non, mais la diplomatie nous conseille toujours de taper sur les autochtones, et les Touaregs sont plus faciles à mater que les islamistes des Algériens et des Maliens. Les Touaregs sont sur leur territoire. Ils sont plus faciles à dénicher.
Insi : Vous dites que vous êtes contre les islamistes dans l’Azawad, pourquoi alors vous avez porté ces mêmes islamistes au pouvoir en Libye, en Tunisie et en Égypte après les fameuses « révolutions arabes » ?
Monsieur Juppé : Les islamistes de ces pays sont à la tête des pays arabes, comme on les aime. Le problème des Touaregs, c’est qu’ils veulent créer un État touareg, peut-être même berbère.
Insi : Qu’avez-vous contre les Berbères enfin ?
Monsieur Juppé : Les Berbères représentent la fin de notre Afrique du Nord, version Maghreb arabe.
Insi : C’est-à-dire ?
Monsieur Juppé : Avec les Arabes et les islamistes, comme ce n’est pas leur terre, on fait de bonnes affaires.
Insi : C’est pour cette raison que vous jouez la carte arabe ?
Monsieur Juppé : C’est notre carte maîtresse dans la région.
Insi : Avec l’aide du Qatar bien entendu.
Monsieur Juppé : Le Qatar est notre partenaire en banlieue et en Afrique du Nord.
Insi : Êtes-vous pour un État palestinien, monsieur le Ministre ?
Monsieur Juppé : Oui.
Insi : Le Hamas, est-il un mouvement terroriste ?
Monsieur Juppé : Avec qui on peut discuter.
Insi : Mais pas avec les laïcs du MNLA ?
Monsieur Juppé : Non.
Insi : Pourquoi ?
Monsieur Juppé : Parce que pour le moment nous dicutons avec le Mali et l’Algérie, autrement dit nos beni oui-oui.
Insi : Ils sont toujours là ceux-là ?
Monsieur Juppé : Plus que jamais.
Insi : Sincèrement, pourquoi êtes-vous contre un État touareg ?
Monsieur Juppé : Un État touareg signifie pour nous la fin du Niger, de l’Algérie, du Maroc, de la Libye et peut-être même d’Areva.
Insi : Que comptez-vous faire alors ?
Monsieur Juppé : Comme d’habitude, nous enverrons la chair à canon de l’OCEDE faire la sale besogne.
Insi : Qui fournira la logistique ?
Monsieur Juppé : Nous.
Insi : En ces temps de crise ?
Monsieur Juppé : Ne t’inquiète, c’est l’Algérie qui payera.
Insi : Croyez-vous ?
Monsieur Juppé : Pour casser du Berbère, l’Algérie est prête à tout.
Insi : Et pourquoi l’Algérie payera ?
Monsieur Juppé : Parce qu’elle a des Touaregs, sans oublier les Kabyles, les Chaouis et consorts.
Insi : Croyez-vous à la liberté, monsieur le Ministre ?
Monsieur Juppé : Pas quand elle menace les frontières qu’on a tracées en Afrique…
Insi : … À la règle.
Monsieur Juppé : Et c’est la règle !
Insi : Et les droits de l’Homme dans tout cela ?
Monsieur Juppé : Ne tergiverse pas, petit. Là, on parle des Touaregs. Maintenant si tu permets, j’ai un coup de fil à donner à l’ONU pour qu’on s’occupe un peu de ces Touaregs qui veulent être LIBRES chez eux, qui souhaitent même instaurer notre Laïcité et notre démocratie sur leur territoire sans notre permission. Mais où se croient-ils ces gens qui veulent vivre en paix et libres sur leur propre sable ? C’est scandaleux, ces Touaregs qui refusent d’être gouvernés, comme on le souhaite, par un État malien corrompu et mafieux. Si ça continue comme ça, même les Kabyles se soulèveront un jour pour vivre Libres chez eux en Kabylie. Où on va comme ça ? Ils se croient tout permis ces Berbères. Nous les avons prêtés aux Arabes et maintenant ils veulent se libérer de l’arabo-islamisme, la doctrine des ténèbres, celle qui nous a permis jusque-là de les maintenir dans la misère…
Insi : N’est-ce-pas légitime d’aspirer à la liberté ?
Monsieur Juppé : Ce n’est pas aux Berbères d’en juger. À propos, dis-leur que leur langue sera, à partir de maintenant, partout nationale et officielle en Afrique du Nord. Je m’engage !
Insi : Trop tard, monsieur le Ministre. C’était une revendication du siècle dernier.
Monsieur Juppé : C’est vrai qu’on est en 2012 et en plein campagne, zut !
Insi : Que pense mosieur Sarkozy de tout cela ?
Monsieur Juppé : Lui, en ce moment, il pense que les Touaregs de l’Azawad sont manipulés par la Hollande.
Insi : Non ?!
Monsieur Juppé : Si. Attends, j’ai un coup de fil de mon ami l’émir du Qatar. Tu veux que je te le présente ? En ce moment, il projette d’acheter l’équipe de Bordeaux.
Insi : Faites attention, monsieur le Ministre, il va bientôt vous interdire le Bordeaux.
Monsieur Juppé : Il boit en cachette. Ne le dis à personne.
Monsieur le Ministre décroche le téléphone : « Ahlane ya ḥabibi ! »
Sur ce, Insi salue monsieur le Ministre et quitte le Quai d’Orsay.
Mohend – Tamazgha.fr, 7 avril 2012