[Vive l’Azawad libre !] Les raisons « d’une rupture radicale avec l’ordre établi »

Une semaine dans l’Azawad – n° 09 – 04/04/2012 – MNLA

Semaine d’intoxication et de désinformation : Il ne saurait y avoir de confusion possible le combat du MNLA  et celui d’un groupe qui vise à instaurer un régime théocratique

L’espace médiatique malien et une certaine presse internationale, deviennent les réceptacles appropriés des écrits dénigrants contre les Azawadis et le MNLA, produits par des mercenaires de la plume. Des structures de l’information, inféodées aux puissances du moment sombrent dans la partialité et tombent dans le discrédit lorsqu’elles n’établissent pas une censure insidieuse ou un favoritisme. Toutes les crises survenues jusque-là dans l’Azawad et sur le continent africain sont révélatrices de la résurgence d’actions libératrices longtemps différées par les citoyens. Elles constituent l’expression du sanglot des peuples meurtris, tyrannisés, bafoués, spoliés et manipulés tout au long de leurs péripéties historiques.

1. Événements

L’Azawad attendait d’être élagué de ses branches superflues, de certains de ses dirigeants et envahisseurs, gouvernants par le paupérisme, l’intimidation et le vol. Les légitimités politiques, usurpées ça et là, conférées à des démocrates à vie, accentuaient la nécessité d’une rupture radicale avec les pratiques en cours.

Les crises politico-militaires jalonnant l’histoire récente de l’Azawad ne se justifiaient que par le comportement de certains dirigeants, qui avaient fait de cette terre, un lieu parsemé de champs de ruines. En une décennie, l’Afrique de l’Ouest, notamment l’Azawad, furent ravagés par bon nombre de crises institutionnelles, de crises identitaires, toutes aussi dévastatrices les unes que les autres. Le paradoxe des démocraties africaines réside dans le fait que, plutôt que de promouvoir l’épanouissement du droit, de la liberté et du progrès dans l’unité, elles sont génératrices de violences et de morts, au point qu’on y périt plus aisément de la citoyenneté que du sida, et de la faim. Ces cas de figure ont  instauré et formalisé des républiques idéalisées porteuses de germes du chaos et de la violence. Le débat contradictoire étant méconnu, le recours à la violence, à la terreur et au feu reste souvent le passage obligé pour départager les protagonistes. C’est ainsi que de fétides charniers de citoyens empestent de façon récurrente l’atmosphère politique.

Le Mouvement National de Libération de l’Azawad, depuis le début de ses opérations a clairement défini son objectif de récupérer sa terre pour le bien-être de ses populations. En trois jours de succès de libération en cette semaine passée, une certaine presse, n’a pas tardé, d’amplifier les amalgames et les accusations contre le peuple de l’Azawad et sa révolution, en associant le MNLA à Ançar Dine, AQMI, et cela depuis le début des opérations de libération le 17 janvier 2012 à Ménaka.

Les réseaux mafieux aussi, ont profité des dernières heures, pour s’ingérer et essayer de récupérer cette révolution, mais en vain. Actuellement, la réalité du terrain, et la conscience collective des Azawadis, ne résonnent pas en faveur des djihadistes et extrémistes d’idéaux fanatiques, qui ne sont pas les bienvenus dans les localités ci-contre. Le peuple de l’Azawad reste attaché à l’accès à cette liberté tant attendue, et prend ses distances face à Ançar Dine et toute autre organisation se réclamant d’instaurer une pensée religieuse, et se dressant sur le chemin de la libération de l’Azawad. Le combat du MNLA, reste pour la promotion de la liberté et de la promotion de la dignité humaine, dont l’absence a tant fait souffert les Azawadis, en ce dernier demi-siècle.

2. FAITS

En dépit des menaces qu’elles représentent, les hostilités militaires dans l’Azawad et les échéances électorales  maliennes en devenir, faites d’agitation, et de vives émotions ont permis de précipiter le déclin d’un État sans nation, et le retour à la réalité historique. Les pièges de la mal gouvernance, de la multisécularité et du tribalisme érigé en mode administratif avaient fini de persuader de la nécessité d’une chirurgie politique en profondeur et d’une rupture radicale avec l’ordre établi.

L’Assemblée Nationale du Mali, quasi monocolore, n’était/n’est que l’écho fidèle de l’exécutif, un creux passif des desiderata du roi du moment et de ses conseillers. Elle était/est une simple caisse de résonance où des individus ventripotents ne s’investissaient que dans l’applaudissement des projets exclusionnistes. Dans cette assemblée, il n’y avait pas de différences fondamentales entre  les projets de loi et les propositions. C’est la dictature de l’arithmétique de la complaisante camaraderie.

À l’image de la société malienne bipolarisée, l’armée malienne se fissure en Maliens authentiques et Azawadis [d’autre] part. Après l’administration malienne, l’armée républicaine se tribalisa et se régionalisa en zones d’attaque contre le MNLA  par les milices. Le malaise ambiant de l’armée malienne se manifestait par le développement d’une grande tendance à l’insubordination des subalternes sudistes à l’égard du régime militarisé en place, qu’ils renversent.

Le renversement du régime du président malien, [a] permis de donner un coup d’accélérateur face à une armée en « repli tactique » pour s’emparer, en un temps record des trois principales capitales régionales de l’Azawad, abritant le plus important dispositif militaire malien. Le putschiste président est à la commande, mais le pouvoir obtenu avait un goût amer. Il fut arraché de force, aux termes d’affrontements, donc n’a pas fait l’unanimité de ses pairs. La prise des camps de Kidal avec le ralliement d’une importante troupe dirigée par le Colonel-Major Elhadj Ag Gamou, la libération d’Ansongo, la libération de Gao ainsi que la libération de Tinbouctou augment[èrent] la puissance de feu, déjà assurée par la puissance militaire existante du MNLA. Le renversement de situation brusque et total, imposa le ralliement de certains Azawadis des régions conquises. Quand aux milices de Tinbouctou, elles jouèrent le jeu de leurs intérêts.

3. Hommes

• Point de vue du MNLA

Billal Ag Achérif – Secrétaire Général du MNLA : « Le Mouvement National de Libération de l’Azawad, suite à la libération complète du territoire de l’Azawad, décide unilatéralement de proclamer la fin des opérations militaires à compter du jeudi 05 avril à minuit T.U. » ;

Mahmoud Ag Aghaly – Président du Bureau Politique du MNLA : « Nous rassurons les États voisins, les populations de la sous-région et la communauté internationale que la libération de l’Azawad contribuera à renforcer la sécurité, le développement et la paix pour une meilleure intégration des peuples, des cultures et une meilleure stabilité dans la zone saharo-sahélienne. » ;

Mohamed Ag Najim – Chef d’État-Major du MNLA : « Nous attendons de pied ferme la venue de ces hommes. Nous sommes en train de concrétiser l’objectif tracé et rien ne nous fera reculer… Où était la CEDEAO lorsque les populations du pays étaient sommées à l’exode ?  Si aujourd’hui, elle décide de mettre en alerte une force de 2000 hommes armés et équipés, elle le fait sur une base purement raciste… Nous voulons l’indépendance de notre territoire et advienne que pourra. Nous avons fait plus de la moitié du chemin en abandonnant familles et foyers, en laissant sur la route les plus chers d’entre nous,  il n’est pas question de faire marche arrière. » ;

Colonel-Major Elhadj Ag Gamou – État-Major du MNLA : « Nous dénonçons la mauvaise gestion  et la politique de l’autruche de l’État malien dans l’Azawad, et nous déclarons à tous notre démission de toutes ses instances. J’en appelle à la communauté sous-régionale, régionale et internationale à aider le peuple de l’Azawad à travers le MNLA pour son accession à l’indépendance. » ;

Abdul Karim ag Matafa, le président du conseil révolutionnaire du MNLA : « Ansar Dine, ils ont leurs objectifs et nous nous avons les nôtres… ce qui n’empêche pas la division, les divergences sur certains points. » ;

Bakaye Ag Hamed Ahmed – Chargé de la Communication, de l’information et des relations avec les médias : « Le Mouvement National de Libération de l’Azawad considère les dépêches de l’AFP (Agence France Presse), reprises à travers le monde comme une campagne d’intoxication et de désinformation. Le Mouvement tient sa position face à tous les réseaux mafieux et se démarque de l’organisation Ançar Dine et autres qui se dressent sur le chemin de la libération de l’Azawad. Le Mouvement National de Libération de l’Azawad rappelle au peuple de l’Azawad où qu’il soit de ne point céder à la diffamation et à l’intoxication, l’objectif reste la liberté sur nos terres. » ;

Eyadou Ag Leche – Bassiste du groupe de musique Tinariwen : « … Cela fait 30 ans qu’on chante la même chose car rien n’a évolué. Depuis l’indépendance du pays, notre peuple n’a jamais eu de moyens pour construire des hôpitaux et des écoles. On était comme abandonnés dans le désert. Nous voulons être libres et indépendants et on a compris que pour y arriver il fallait uniquement compter sur nous-mêmes… » ;

Ibrahim Ag Mohamed Assaleh – Député de Bourem : « Le MNLA négociera avec des autorités légitimes. »

• Point de vue du Mali

Capitaine Amadou Sanogo, chef du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État : « Les conclusions de cette convention seront acceptées par tous afin de mettre un terme aux considérations de politique interne et faire vite face au défi majeur, c’est-à-dire le défi de la sécurité au Nord de l’intégrité territoriale. » ;

Oumar Mariko Secrétaire Général du parti SADI : « Si la démocratie est la préoccupation de la Cédéao, elle ne peut pas agir comme elle est en train de le faire… Je ne comprends pas cet ultimatum de la Cédéao… Je suis surpris que l’on ait donné un délai de 72 h ; je pense que tout le monde est disposé au dialogue… les militaires aussi bien que la classe politique et les forces vives qui soutiennent les militaires… même les partis politiques qui contestent le coup d’État ont été reçus par les militaires. Nous n’avons jamais été appelés à un dialogue que nous aurions refusé… » ;

Amadou Toumani Touré sur RFI : « Le plus important pour moi aujourd’hui ce n’est pas ma personne » ;

Moussa Mara à propos du putsch : « La prise du pouvoir par la force est déplorable et ne doit pas être acceptée par tout démocrate » ;

Ousmane Babalaye Daou, président du Conseil Malien des Chargeurs : « Les dispositions ont été prises pour éviter une pénurie. »

• Point de vue de l’extérieur

Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao : « Ce serait mieux qu’il y ait des négociations pour que ces mouvements armées se retirent du territoire. En tout cas, pour ceux qui ne sont pas maliens et laissent les Maliens discuter entre eux de la meilleure manière de renforcer la cohésion nationale » ;

Alain Juppé, Ministre Français des Affaires étrangères : « La France veut mobiliser contre le « péril islamiste » au Sahel et contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), à la fois au niveau régional et au Conseil de sécurité de l’ONU, a déclaré mardi dans un entretien à l’AFP… la situation se dégrade très rapidement » ;

Henri de Raincourt, Ministre Français de la Coopération : « Laissons les organes de la CEDEAO faire tout leur travail » ;

Pierre Boilley, directeur du Centre d’études des mondes africains, spécialiste du monde touareg : « Le groupe voit pour l’instant d’un bon œil cet allié qui peut lui permettre de rallier des Touareg tentés par l’idéologie d’Aqmi. Mais s’ils semblent coopérer sur le terrain, les deux groupes s’opposent sur de nombreux points, assure Pierre Boilley. Le MNLA insiste sur le côté laïc de sa lutte, tandis qu’Ansar Dine a pour objectif l’instauration de la charia, la loi islamique. »

• Point de vue des Organisations des Nations Unies

M. Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU : « appelle à ce que les doléances soient résolues pacifiquement et dans le respect des normes démocratiques au Mali » ;

Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) : « a déclaré pour sa part qu’il avait été forcé de suspendre la distribution de denrées alimentaires dans plusieurs régions dans l’est et le nord du pays après que ses bureaux et entrepôts ont été mis à sac et pillés » ;

Le Conseil de sécurité de l’Onu à travers une déclaration à la presse sur la crise au Mali : « Les membres du Conseil accueillent avec satisfaction l’action menée par le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et les partenaires internationaux, notamment l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et déclarent qu’ils entendent continuer de suivre de près l’évolution de la situation au Mali. Les membres du Conseil soulignent qu’il faut maintenir et respecter la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriales » ;

Irina Bokova, Directrice Générale de l’UNESCO inquiète pour les biens culturels à Tombouctou et Gao : « appelle l’ensemble des belligérants à assurer la protection de ces deux joyaux du patrimoine, auxquels la communauté internationale et l’UNESCO accordent une très grande importance, comme l’atteste leur inscription sur la Liste du patrimoine mondial, ajoute ce communiqué… J’appelle les autorités maliennes et les factions belligérantes à respecter le patrimoine et les engagements du pays en tant que signataire de la convention de 1972 sur le patrimoine mondial »;

Alexandre Adler, historien et journaliste français, spécialiste des relations internationales a déclaré hier 3 avril, à la radio Europe 1 que « l’Azawad ne fait pas partie de la même identité ethno-politique que le reste du Mali. Les Touaregs ont des aspirations d’ordre national » ;

Makhlouf Idrile, porte-parole de l’Exécutif provisoire kabyle : « tout retour en arrière entraînerait des violences et des crimes contre l’humanité, la négation du droit des peuples à leur autodétermination. »

Aussi il est utile de rappeler que la république du Mali, tout comme beaucoup d’États de la CEDEAO, est née en 1960 seulement de la volonté de la France. Ce n’est pas un État né d’un consensus intercommunautaire du moins interethnique (bambara, touareg, songhaï, arabes, maures etc.). Et comme toute fiction dont les dirigeants n’ont pas été en mesure de construire les fondements d’une intégration sociale fondée sur la justice et l’équité, ça ne peut être viable, au-delà de toute chose, car c’est une émanation de la volonté de la France qui est mise en cause. Avant 1960 rien ne lie certaines communautés au Mali. Donc avant de penser une chose, il faut penser son contraire dans ce monde ou plus aucun calcul n’appréhende les inconnues.

L’espoir fait revivre dit-on. Et le peuple de l’Azawad s’en nourrit. Mais pour combien de temps ?

Toutes les preuves existent pour dire que le peuple de l’Azawad, se revendique de vouloir vivre sur sa terre-Azawad, débarrassée de cet éternel conflit à multiples facettes. Mais existe-t-il une réelle volonté de mettre fin à ces blessures dont [ils] souffrent ?

Pour le MNLA
Khoumeidy Ag Acharatmane

Communiqué du MNLA, 4 avril 2012

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