[Ikea] « Comment voulez-vous que la police nous confie les antécédents d’un syndicaliste ? »

Chez Ikea, des bons d’achat contre des bons tuyaux ?

Selon Mediapart, un magasin de la banlieue parisienne aurait offert régulièrement des cadeaux à des policiers locaux, en échange d’informations sur certains employés.

Un magasin Ikea de la banlieue parisienne « arrosait » de « bons cadeaux » des policiers locaux, auprès desquels un de ses responsables, ancien gendarme, récupérait des informations sur des employés, a affirmé mercredi Mediapart.

Le site d’information en ligne n’établit pas de lien explicite  d’échange, mais ces révélations interviennent alors que la filiale française du géant suédois de l’ameublement est dans le collimateur de la justice pour des faits présumés d’espionnage de salariés et de clients.

Une enquête préliminaire est en cours depuis un mois au parquet de Versailles pour « utilisation frauduleuse de données personnelles », et ces soupçons de surveillance illégale ont amené Ikea France à mettre sur la touche début mars plusieurs responsables, dont son ancien patron Jean-Louis Baillot.

L’entreprise s’est refusée ce mercredi à tout commentaire sur les informations de Mediapart.

Le magasin Ikea de Gonesse (Val-d’Oise) s’est assuré « les bonnes grâces de policiers locaux à coups de « bons cadeaux » », affirme le site, évoquant notamment une dizaine de bons d’achat d’un montant de 100 euros chacun remis en octobre 2002.

Interrogé par Mediapart, l’ancien directeur du magasin, Paul Magnan, aujourd’hui à la tête du magasin de Strasbourg, n’a pas contesté ces pratiques. « On s’efforce d’avoir de bonnes relations avec les partenaires locaux, en remettant des bons d’achat à des clubs de foot, à des associations, etc. » a-t-il justifié à Mediapart.

Sous couvert d’anonymat, un autre ancien directeur a évoqué des pratiques remontant aux années 90, avec des dons « fréquents, mais pour de petits montants ». « Par la suite, ça s’est institutionnalisé », a-t-il confié à Mediapart. « Sinon, comment voulez-vous que la police passe quand on en a besoin, ou qu’elle nous confie les antécédents d’un syndicaliste ? » a-t-il ajouté pour les justifier.

« Ex de la maison d’en face »

Le site d’informations publie des fac-similés de courriels internes d’Ikea montrant que l’un des responsables du magasin « a eu un accès direct à des informations confidentielles couvertes par le secret de l’enquête ».

Un ancien gendarme, Laurent Leroy, recruté au début des années 2000 pour lutter contre des fraudes au sein de ce magasin, rapportait à sa hiérarchie l’évolution des enquêtes menées par la police sur ces employés, explique Mediapart.

Dans l’un de ses courriels, Laurent Leroy indique qu’il a pu avoir accès aux comptes bancaires d’une employée soupçonnée de vol grâce à un officier de police et avoir été mis au courant de son interpellation imminente.

Il souligne avoir pu le faire parce qu’il était « un (ex) de la maison d’en face [la gendarmerie, ndlr] parce que, dans le cadre d’une telle enquête, ce n’est pas vraiment autorisé ».

Mediapart rapporte également que Laurent Leroy a tenu informés des responsables d’Ikea, Jean-Louis Baillot et l’actuel directeur de la communication Pierre Deyries, d’informations sur un employé récupérées auprès de la société Sûreté International, déjà citée dans l’affaire des
surveillances.

Jean-Louis Baillot a été mis en disponibilité par la chaîne de magasins en raison des soupçons de surveillance illégale de salariés et de clients d’Ikea France aujourd’hui entre les mains de la justice.

Leur presse (Agence Faut Payer, 5 avril 2012)

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